MONTRÉAL – Après avoir opté pour une certaine stabilité lors du programme double du week-end, Joël Bouchard avait annoncé qu’il ferait tourner son effectif de façon significative pour le troisième match d’une série de quatre contre les Senators de Belleville.

La stratégie était compréhensible, logique même, mais elle a eu des effets néfastes sur la performance de son groupe. Le Rocket a encaissé trois buts successifs en troisième période et a subi sa première défaite de la saison en s’inclinant par la marque de 4-1, mardi au Centre Bell.

« Je ne peux pas trop tomber dans le mode victoire-défaite, mais pour moi ce n’était pas un bon match, a statué Bouchard après la rencontre. C’était un match 50-50 et après qu’ils ont marqué [leur deuxième but], on a fait quelques erreurs qui nous ont fait mal. Ce n’était pas un grand match de hockey. »

Limités à onze tirs au but après deux périodes, les Sens ont renversé la vapeur en générant trois buts en l’espace de 4:08 au dernier tiers.

L’ancien des Olympiques de Gatineau et des Tigres de Victoriaville Vitaly Abramov a d'abord profité de la circulation lourde devant Cayden Primeau pour donner aux visiteurs leur première avance depuis leur arrivée à Montréal à 8:30 de la troisième. Clark Bishop et Alex Formenton ont ensuite profité de revirements pour toucher la cible dans un intervalle de 40 secondes.

Exposé par les largesses de sa défensive, Primeau a finalement cédé quatre fois sur 19 tirs.

« On s’est laissé endormir, estimait Jordan Weal, l’unique buteur du Rocket dans la défaite. Je crois qu’on les dominés 15-3 au chapitre des tirs au but en première période, on se sentait en contrôle. Mais c’est ce qui arrive parfois dans le hockey professionnel, surtout quand vous alignez une équipe jeune avec quelques gars qui en sont à leur premier match. C’est une bonne leçon. On ne peut pas relaxer, surtout contre une équipe comme celle-là. On a fait quelques erreurs, ils en ont profité et c’était fini. »  

« Comme coach, je m’en attendais peut-être un peu, a révélé Bouchard. À un moment donné dans le match, je trouvais qu’on ne donnait pas grand-chose, on défendait bien, mais le vibe, la chimie était un peu moins là et on a tombé dans le piège. »

Laissé de côté en raison d’une blessure mineure samedi, Ryan Poehling a réinséré la formation. Son ailier gauche était Michael Frolik, que le Canadien avait cédé au club-école à des fins de conditionnement la veille. Bouchard a également fait une place aux jeunes Jan Mysak et Arsen Khisamutdinov. Laurent Dauphin, Lukas Vejdemo, Kevin Lynch et Brandon Baddock ont par conséquent été rayés de son alignement.

Aux yeux de l’entraîneur, le surplus de joueurs à sa disposition affecte déjà la dynamique au sein de son groupe.

« J’ai senti que des joueurs essayaient de trop en faire. J’ai parlé à certains gars, ils savent qu’il va y avoir une rotation dans les estrades et je sens que ça commence peut-être à devenir beaucoup plus concret. Quand tu vois que des gars sont dans les gradins, des gars qui avaient été très bons en fin de semaine, j’ai senti que des joueurs sortaient de leurs capacités pour en démontrer un peu plus. On a forcé le jeu beaucoup trop et on s’est fait mal. Individuellement, il y a beaucoup de joueurs qui se sont fait mal ce soir, qui ont eu de très mauvaises performances. »

Frolik, qui était passé directement de la LHJMQ à la Ligue nationale à l’âge de 19 ans, disputait le premier match de sa carrière dans la Ligue américaine. Le Tchèque a joué un match à l’image de son profil actuel, celui d’un vétéran qui venait retrouver ses jambes après presqu’une année complète d’inactivité, mais son trio, complété par l’énergique Rafaël Harvey-Pinard, a probablement été le meilleur du Rocket en troisième période.

« C’était un peu bizarre, ça c’est sûr, a commenté le vétéran. Ça faisait longtemps que je n’avais pas joué un vrai match, alors mon synchronisme était un peu décalé. Je me suis senti mieux à mesure que le match progressait. Ce n’était pas parfait, mais j’espère que c’est une base sur laquelle je pourrai bâtir et m’améliorer. »  

Mysak, le plus jeune joueur dans l’entourage du Rocket, a connu un baptême professionnel honnête au centre de Michael Pezzetta et Jake Lucchini. Il a raté une belle chance de marquer en profitant d’un revirement devant le filet des Sens en première période et s’est bien tiré d’affaire au cercle des mises en jeu.

Khisamutdinov, qui contrairement à Mysak disputait un premier match en Amérique du Nord, a eu besoin d’un peu plus de temps pour s’acclimater à son nouvel environnement. Le Russe de 22 ans, un choix de sixième ronde du Canadien 2n 2019, a passé les deux dernières saisons en KHL.