LAVAL – Daniel Carr ne veut pas être à Laval. En ce sens, il n’est pas différent de Michael McCarron, qui a ouvertement exprimé son désarroi après son plus récent renvoi dans les mineures, ou de son ancien compagnon de trio Byron Froese, qui vient de disputer deux matchs dans la Ligue nationale.

On soupçonne même Nikita Scherbak de préférer la liste des blessés du grand club à la vingtaine de minutes de temps de jeu qui pouvait lui être allouée, match après match, dans la Ligue américaine.

Mais contrairement à ses coéquipiers, Carr attend toujours l’appel du grand club. Même s’il compte 56 matchs d’expérience dans la Ligue nationale, même s’il est le deuxième attaquant le plus productif du Rocket avec 14 points en 13 matchs, le Canadien n’a pas jugé bon lui lancer un appel à l’aide lors d’un mois d’octobre trouble.

Carr ne cache pas que son but est de « retourner dans la LNH le plus tôt possible ». Mais s’il vit l’affront d’en être rejeté avec plus de sérénité qu’il ne l’a fait dans le passé, c’est qu’il a acquis au cours de la dernière année une nouvelle perspective sur les meurtrissures que sa situation professionnelle pouvait provoquer sur son ego.

Carr a récemment vécu le deuil de son père Jim, qui a succombé à la maladie avant le début de la saison. Désireux de protéger des cicatrices encore fraîches, il refuse poliment d’aborder le sujet lorsqu’invité dans cette direction. Mais cette épreuve, plutôt que d’alourdir son boulet, a clairement ressuscité sa motivation.

« Il ne faut pas oublier que le hockey est un jeu et que je suis privilégié de pouvoir m’y adonner chaque jour. C’est l’un des gros changements qui s’est opéré dans ma tête dernièrement », dit l’attaquant de 26 ans.

« Je ne suis pas surpris, parce que je connais l’individu, affirme son entraîneur, Sylvain Lefebvre. Je pense que maintenant, il sait que son père le regarde tous les soirs, qu’il ne manquera plus un match. Il joue pour lui. C’est une motivation de plus pour lui. »

Carr attribue une partie de ses succès actuels à une attention renouvelée aux détails. Ses efforts sont équitablement répartis sur l’ensemble de la patinoire, ce qui profite inévitablement à l’aspect offensif de son jeu.

« Je ne crois pas nécessairement que je m’étais éloigné de ces principes, relativise-t-il. Mais l’année dernière, je dirais que pendant toute la saison, je n’ai pas joué avec l’abandon nécessaire pour connaître du succès. Je serrais probablement mon bâton un peu trop. »

« Il a compris que lorsque tu te mets trop de pression, tu es moins objectif dans ta façon de voir les choses et tu deviens plus lourd en tant qu’individu, analyse Lefebvre. Tu patines moins vite, tu lances moins vite, tu réagis moins vite. C’est relié au plaisir qu’il faut trouver en jouant. Aujourd’hui, il voit probablement le verre à moitié plein plutôt que de le voir à moitié vide. »  

Nouvelles responsabilités

Dans le but de faciliter le retour de Carr dans la Ligue nationale, Lefebvre et ses adjoints ont pris l’initiative de l’initier à de nouvelles missions. Depuis le début de la saison, l’ailier à caractère offensif est utilisé régulièrement sur la première vague de l’unité de désavantage numérique.

Mardi, à la veille d’un affrontement contre les Comets d’Utica, Carr a quitté la surface secondaire de la Place Bell de Laval une heure et demie après le début de l’entraînement. Une trentaine de minutes supplémentaires avait été consacrée aux tâches défensives qu’on souhaite lui confier.

« Je jouais beaucoup en désavantage numérique à l’université, mais quand on arrive chez les pros, on comprend très rapidement que c’est une autre paire de manches. [L’entraîneur adjoint] Donald Dufresne fait un travail incroyable avec moi, il est probablement l’un des meilleurs enseignants que j’ai connus pour cet aspect du jeu. C’est une responsabilité que j’accepte avec fierté et qui m’apporte beaucoup de plaisir. »

« Il y a toujours une période d’adaptation, mais Dan possède un bon sens du jeu, il comprend bien la game, affirme Lefebvre. Il est plus habitué à jouer en avantage numérique, mais dans la Ligue nationale, il n’aura pas ce temps de jeu. On considère que s’il est capable de mettre ça dans son bagage, ça va l’aider à obtenir plus de minutes et plus de responsabilités. »