LAVAL – Plusieurs observateurs et partisans s’attendaient à ce que Jakub Jerabek entame la saison à Montréal. Alors que le Canadien franchira, jeudi soir, le quart de sa saison régulière, le défenseur tchèque demeure à Laval, mais il a retrouvé son sourire et ses repères avec le Rocket.

 

En constatant que le Tricolore a joué près de 25 % de ses parties et que Jerabek a disputé 14 matchs d’adaptation dans la Ligue américaine, on aurait pu s’attendre à rencontrer un athlète mécontent et songeur.

 

Bien au contraire, Jerabek est apparu très souriant à la suite de la victoire des siens contre les Comets d’Utica, mercredi.

 

« J’apprécie mes moments ici », a-t-il mentionné avec conviction.

 

« Au départ, c’était un peu frustrant, mais j’ai découvert un beau groupe de personnes et je m’entends bien avec les entraîneurs également. Tout le monde m’aide beaucoup et j’aime chaque journée. Je suis le seul Européen dans la formation, c’est bon pour moi d’apprendre et de devenir meilleur en anglais », a relaté le patineur de 26 ans.

 

Il serait donc plus qu’étonnant que Jerabek fasse un Vadim Shipachyov de lui-même en quittant la LNH pour retourner en Europe. Loin d’être insatisfait de son sort, Jerabek s’adapte de mieux en mieux à son nouvel environnement.   

 

« C’est parce qu’il aime ses coachs! », a blagué Sylvain Lefebvre quand on lui a fait remarquer qu’il semblait heureux avec le Rocket.

 

« Il me disait qu’il est allé voir (Tomas) Plekanec l’autre jour, c’est un ami. C’est important qu’il puisse avoir une vie sociale à l’extérieur de la patinoire et c’est la même chose pour son épouse. Quand tu arrives dans une nouvelle ville et encore plus dans un nouveau pays, tu finis par avoir besoin de personnes autour de toi pour te divertir et te changer les idées », a souligné l’entraîneur.

 

« C’est le fun de voir qu’il a du plaisir à jouer ici et qu’il a du succès », a-t-il ajouté.

 

À titre de preuve, Jerabek affiche un différentiel de plus-13, ce qui le classe à égalité au premier rang de tout le circuit. Cette statistique est impressionnante puisque le Rocket se situe au dernier échelon pour les buts concédés avec 60 en 16 parties. Son mérite est encore plus grand dans de telles circonstances.

 

Difficile de prédire quand les dirigeants du Tricolore lui permettront de tenter sa chance pour de bon dans la LNH, mais les hommes de hockey du Canadien se réjouissent de sa progression. Lefebvre a constaté des différences éloquentes dans son rendement.

 

« C’est son positionnement et sa confiance. Sa confiance lui permet de bouger la rondelle avec plus d’efficacité et puis il est moins à l’extérieur par rapport à son positionnement. Il protège donc mieux le centre de la patinoire. Il a des chances de marquer et il est plus impliqué dans nos chances de marquer.

 

« Il s’est aussi amélioré quand il retourne dans son territoire pour effectuer des sorties de zone. Il récupère bien les rondelles et ne s’en débarrasse pas. Il a compris certaines choses sur une patinoire plus petite. Il trouve que son jeu est plus facile depuis que son positionnement est meilleur », a décrit Lefebvre.

 

En plus de pouvoir se tourner vers Lefebvre et son adjoint Donald Dufresne, deux anciens défenseurs de la LNH, Jerabek peut miser sur les conseils de Francis Bouillon, qui œuvre au développement des joueurs.

 

« Il arrive d’Europe et c’est tellement différent. Je me souviens de mon expérience quand j’étais allé jouer là-bas, tu perds tes repères. Ça n’a pas été si facile pour lui au début, mais il s’est adapté, il a posé beaucoup de questions aux entraîneurs. On a vu dernièrement le défenseur que les dépisteurs ont repéré dans les dernières années », a mentionné Bouillon, qui a effectué deux séjours en sol européen.

 

Bouillon n’est pas toujours présent dans l’entourage du Rocket puisqu’il doit se promener pour encadrer plusieurs espoirs.

 

« Je ne suis pas ici chaque semaine, mais quand je suis là, j’embarque sur la patinoire avec les joueurs et je passe quelques jours de suite avec eux. Je ne fais pas que regarder les matchs, je parle aux joueurs, on travaille ensemble sur la patinoire », a-t-il expliqué.

 

Sa supervision des espoirs du Canadien lui permet de déceler un potentiel intéressant chez ce gaucher de 5 pi 9 po et 187 livres.

 

« C’est un défenseur qui bouge très bien la rondelle et il est mobile. Il est beaucoup plus patient dernièrement parce qu’il est plus en contrôle. Ça fait toute la différence! Pour monter dans la LNH, ça prend vraiment la constance. Il doit continuer sur cette lancée », a noté Bouillon.

 

En tant que grand travaillant et passionné du hockey, Bouillon est content de constater que Jerabek progresse dans le plaisir.  

 

« Ce n’est pas facile pour ces gars-là, ils ne savent pas à quoi s’attendre. Mais il est arrivé dans une équipe avec une bonne atmosphère. En plus de Sylvain, Donald Dufresne est un entraîneur hors pair pour les défenseurs, il aime travailler avec les jeunes », a conclu Bouillon qui garde la forme.