LAVAL – Chris Terry a deux bonnes raisons d’avoir hâte que la fin de semaine arrive.

Natif de Brampton en Ontario, Terry aura néanmoins l’impression de retourner à la maison lorsque le Rocket de Laval atterrira à Charlotte pour y disputer un programme double à partir de samedi. C’est là-bas, dans ce royaume du basketball universitaire et des courses de stock-car, que sa carrière professionnelle a pris son envol après qu’il eut été repêché en cinquième ronde par les Hurricanes de la Caroline.

Terry garde de bons souvenirs de son passage dans ce marché non traditionnel. Avant de finalement réussir à percer dans la Ligue nationale, il a disputé 299 matchs et amassé 254 points avec les Checkers. Les visages ont changé depuis qu’il a tourné la page sur cette étape de sa carrière en 2014, mais il en reconnaît encore quelques-uns. Patrick Brown, qui est aujourd’hui le capitaine de l’équipe, est un bon ami, tout comme le défenseur Trevor Carrick. L’entraîneur-chef Mike Vellucci l’a dirigé pendant ses quatre saisons avec les Whalers de Plymouth, dans la Ligue junior de l’Ontario. Il partage d’ailleurs cet alma mater avec les gardiens Alex Nedeljkovic et Jeremy Smith.

« Ces matchs-là sont inscrits à mon calendrier depuis longtemps, j’ai bien hâte d’y retourner, s’enthousiasmait-il mercredi après un entraînement à la Place Bell. Je n’y ai pas joué depuis environ trois ans. Ça devrait être mémorable. »    

Le changement de décor qui s’est opéré à Charlotte depuis son départ est toutefois le dernier des soucis de Terry qui, même au sein de sa propre équipe, doit peiner à replacer tout son monde depuis quelques semaines. Parce qu’elles vivent à la remorque du club qui les couve, les fréquents mouvements de personnel font partie de la réalité des équipes de la Ligue américaine. Mais au cours des deux premiers mois de son existence, le Rocket a été frappé avec une violence hors de l’ordinaire par les incertitudes qui le guettent.

Cinq des six attaquants qui formaient son top-6 au début de la saison n’étaient pas en uniforme lors du plus récent match de l’équipe samedi dernier. Deux étaient blessés, deux étaient dans la LNH et l’autre avait été échangé. Le joueur d’avant Nicolas Deslauriers et le défenseur Jakub Jerabek ont aussi été rappelés par le Canadien et semblent être à Montréal pour y rester tandis que Martin Reway a depuis belle lurette fait ses valises pour retourner en Europe.

Sont donc arrivés dans le portrait les Thomas Ebbing, David Broll, Jordan Boucher et autre Niki Petti, des jeunes hommes probablement fort sympathiques, mais autour de qui le meilleur marqueur du club-école du Canadien a dû se sentir bien seul par moments.

« Les choses peuvent toujours être pires, mais je ne dirais certainement pas que c’est une situation normale », concède Terry.

« Ça peut être frustrant quand on sent qu’on a bâti quelque chose de solide avec certains joueurs qui partent pour une raison ou une autre, mais c’est ça le hockey, tempère-t-il ensuite. C’est la norme d’accueillir des gars qui sont rappelés de la East Coast, c’est une profondeur dont toutes les équipes ont besoin. C’est ma neuvième année pro et je ne veux pas dire que j’ai tout vu, mais j’en ai vu beaucoup et j’ai joué avec beaucoup de gars différents. Il faut faire avec. »

Moins de pression

Mais les renforts sont en chemin, ce qui nous amène à la deuxième raison pour laquelle Terry doit piaffer d’impatience à l’approche de la fin de semaine. Après une saucette dans la Ligue nationale et quelques pépins de santé, Nikita Scherbak et Michael McCarron sont de retour. Au grand plaisir de son vétéran, l’entraîneur-chef Sylvain Lefebvre s’attend à ce que les deux soient en mesure de jouer à Charlotte.

« Ces deux-là vont nous aider énormément, anticipe Terry. Mike est un gros joueur et Nikita peut marquer des buts et fabriquer des jeux. Autant à 5 contre 5 qu’en avantage numérique, leur retour va nous donner un gros coup de pouce. »

Scherbak, Terry et McCarron ont commencé la saison sur le même trio. Leur unité fonctionnait à fond de train avant d’être brisée par le rappel des deux jeunots à la fin octobre. Scherbak avait neuf points en six matchs, Terry en avait huit.   

En l’absence de ses compagnons, Terry a inscrit 15 points en 18 matchs. Même si on ne parle pas nécessairement d’une sécheresse, cette légère baisse de régime l’agace puisqu’elle est le reflet d’un problème généralisé. Le Rocket a été limité à deux buts ou moins dans dix de ses onze derniers matchs. Au cours de cette séquence, son jeu de puissance n’a généré que quatre buts en 45 occasions.

« Ça, ça me dérange, affirme Terry sans retenue. Je me fais une grande fierté de mon rôle sur l’avantage numérique. C’est ma responsabilité de m’assurer que ça clique. »  

« Sans vraiment le dire, je pense que Chris ressentait beaucoup de pression, révèle Lefebvre. En tout cas, je suis certain qu’il s’en mettait beaucoup sur les épaules pour produire. Des fois, on sentait un peu de frustration quand ça ne fonctionnait pas. »

Terry peut donc se réjouir. L’infusion de talent créée par le retour de Scherbak et McCarron devrait recharger les piles des unités spéciales et permettre à Lefebvre de répartir un peu mieux les forces au sein de son effectif.

« Ceci étant dit, on accorde rarement plus de deux ou trois buts par match récemment, prend toutefois la peine de souligner le vétéran. Notre jeu défensif s’est grandement amélioré, c’en est impressionnant, et je crois que notre construction offensive à forces égales prend du mieux. On est encore en apprentissage. Plusieurs gars se voient confier des rôles auxquels ils ne sont pas habitués, mais ils s’y adaptent bien et je crois qu’on est sur le point de recommencer à marquer des buts. »