MONTRÉAL – En arrivant à la prestigieuse Université Princeton en 2015, Max Véronneau n’entretenait qu’un petit rêve d’accéder à la LNH. Trois saisons plus tard, il est courtisé par plusieurs équipes, mais il a choisi de les faire patienter.

 

Dernièrement, plusieurs joueurs de la NCAA ont accaparé les manchettes puisqu’ils avaient le luxe de choisir leur destination LNH même s’ils avaient été repêchés quatre ans plus tôt.

 

Mais Véronneau ne se classe pas dans la catégorie des Jimmy Vesey, Kevin Hayes et Will Butcher. Il avait plutôt été ignoré au repêchage et il a eu à confondre les sceptiques pour s’établir parmi les joueurs autonomes les plus convoités du côté universitaire américain.

 

L’ailier droit originaire d’Ottawa a entamé son aventure à Princeton avec une modeste saison de 17 points en 30 matchs. Dès l’année suivante, il a doublé cette production à 35 points en 33 rencontres.

 

L’intérêt des recruteurs venait de naître. Loin d’être intimidé par cette nouvelle réalité, il a enchaîné avec une troisième saison convaincante (15 buts et 35 aides en 31 parties) le menant à une nomination dans la première vague de candidats au trophée Hobey-Baker. 

 

« C’est vraiment un joueur qui est déterminé à progresser jour après jour. En trois ans à Princeton, il s’est attelé à devenir le meilleur joueur qu’il pouvait être. C’est aussi une très bonne personne et un jeune intelligent », a vanté son entraîneur Ron Fogarty.

 

« Il a impressionné cette saison avec l’ensemble de jeu. Il démontre une grande constance et on le voit jamais lever le pied », a-t-il ajouté.

 

À écouter ce discours, on aurait pu croire que Fogarty s’attendait à une telle saison de son protégé.

 

« Non ! Il a amassé 96 points, dont 44 cette année, c’est considérable. En tant qu’entraîneur, tu espères qu’il continuera de progresser saison après saison. Il a été en mesure de le faire malgré un gros saut à sa deuxième année même s’il joue chaque match contre les meilleurs joueurs défensifs des autres équipes », a réagi l’entraîneur.

 

Humble jusqu’au bout de sa palette, le droitier de six pieds et 180 livres explique sa progression bien sobrement.

 

« C’était surtout lié au fait de pouvoir jouer plus de matchs. J’étais plus à l’aise à ma deuxième saison et je le suis encore plus cette année. C’est parce que je suis plus familier avec mes coéquipiers comme Ryan Kuffner que je connais depuis longtemps. Mon travail n’est que de lui passer la rondelle », a-t-il lancé en lançant des fleurs à son ami qui a marqué 25 buts, le troisième plus haut total du circuit.

 

Quel type de potentiel pour la LNH?

 

Même si elle a été tardive, son évolution laisse entrevoir un potentiel intéressant. Cependant, son cas ne fait pas l’unanimité chez les observateurs consultés. La prévision la plus pessimiste ne le décrit pas comme un espoir de haut niveau pour la LNH et davantage comme un joueur dominant dans la Ligue américaine qui pourrait finir par s’établir dans la LNH.

 

Le deuxième avis a décelé plus d’éléments favorables dans son répertoire.

 

Max Véronneau« J’observe un potentiel limité en lui, je le vois devenir un joueur de deuxième ou troisième trio. S’il ne se développe autant qu’on peut le croire, il se démarquera dans la Ligue américaine », a témoigné Jeff Cox, un dépisteur et journaliste pour le New England Hockey Journal, le New York Hockey Journal et SB Nation College Hockey.

 

Un recruteur québécois dans la NCAA se rend un peu plus loin.

 

« Cette année, c’est un joueur d’impact, c’est certain. Il a un très bon potentiel professionnel », a-t-il présenté.

 

Véronneau ne peut point échapper à la réalité de la plupart des joueurs qui aspirent à une carrière professionnelle : il doit avant tout développer sa force physique. Sinon, son portrait se détaille ainsi.

 

« C’est un joueur de finesse qui se tient majoritairement en périphérie. Il a de bonnes habiletés et un physique satisfaisant. Il n’est pas du style à jouer du gros hockey physique et c’est le point qui lui fait le plus mal présentement », a présenté Cox.

 

À Montréal, les partisans du Canadien suivent de près le développement de Jake Evans (Notre Dame) et Ryan Poehling (St. Cloud State). Ce dernier provient d’ailleurs du même programme que le gardien Charlie Lindgren.   

 

« Je continue de croire que Jake Evans (38 points en 34 matchs) est un meilleur joueur que Véronneau. Jake affronte de meilleures équipes et il est un joueur plus complet. Max devra avant tout contribuer par sa production parce qu’il n’est pas un joueur aussi complet », a comparé Cox.

 

La patience risque d’être toutefois de mise puisque Véronneau prétend qu’il reviendra pour une dernière année universitaire afin de compléter son diplôme en Génie mécanique.  

 

« C’est très difficile de graduer de Princeton et je tiens à le faire surtout que j’ai une très bonne chance d’y parvenir », a commenté en français le principal intéressé.

 

L’avenue privilégiée par Véronneau ne déplaît pas dans le milieu.

 

« C’est rafraîchissant, c’est un jeune avec une bonne tête sur les épaules », a réagi un recruteur sur cette décision.

 

« Ça démontre aussi sa maturité, il veut mettre toutes les chances de son côté. Quand tu sors de l’université, il faut que tu sois prêt physiquement. Ça lui donnerait deux étés de plus pour se préparer. C’est une décision très mature même si ce n’est pas facile quand tu as voulu accéder à la LNH toute ta vie et que des équipes cognent maintenant à ta porte et t’offrent des contrats », a poursuivi cet intervenant.  

 

Toutefois, rien n’est coulé dans le béton aux dires de Cox. Max Véronneau

 

« Ce sera intéressant de voir s’il va signer prochainement ou s’il va revenir pour une autre année. J’ai entendu des informations contradictoires. Je ne serais pas surpris par l’une décision ou l’autre », a-t-il précisé.

 

L’été dernier, il a pu participer aux camps de développement des Golden Knights de Vegas et des Flames de Calgary. Il devrait répéter un stratagème similaire cette année. À travers ces expériences, Véronneau ne déroge pas de son plan même si c’est loin d’être évident.

 

« C’est difficile de leur dire non, mais j’espère que les mêmes équipes seront encore intéressées à moi quand j’aurai mon diplôme en poche », a admis l’Ontarien.  

 

Afin de l’épargner dans ses études et son développement sportif, son entourage à Princeton a établi des périodes précises durant lesquelles il peut être sollicité par les équipes.  

 

« Ça devient parfois difficile de demeurer bien concentré, mais j’y parviens grâce à mes coéquipiers et mes entraîneurs. Dans l’ensemble, c’est très excitant de vivre ça. Je souris tous les jours parce que je n’avais jamais rêvé de tant », a avoué Véronneau.

 

« Je n’ai jamais pensé que ça deviendrait une réalité de jouer à Princeton. J’avais toujours cru que je finirais par étudier à McGill, Waterloo ou ailleurs au Canada », a indiqué celui dont la sœur évolue avec l’équipe de l’Université Yale.

 

« C’est drôle, elle dit toujours que c’est parce que je suis allé à Princeton et qu’elle doit me battre! », a conclu Véronneau en riant.