Durant la majeure partie de sa vie, Pat Patterson a dû cacher à la face du monde ce qu’il était. Rares étaient ceux qui connaissaient son secret. Aujourd’hui âgé de 75 ans, celui que l’on appelait, jadis, Pierre Clermont, n’a plus à mener une double vie. En 2014, l’ancien lutteur professionnel a dévoilé au grand jour son homosexualité, partie importante de son autobiographie Accepted : How the first gay superstar changed WWE (traduction : Accepté : comment la première superstar homosexuelle a changé la WWE.) écrite en collaboration avec le Québécois Bertrand Hébert.

« Ce fut un long processus, dit-il. L’écriture a pris deux ans, mais je suis content de l’avoir fait. »

Forcé de quitter la maison familiale à l’âge de 17, après avoir annoncé à ses parents qu’il était amoureux, et homosexuel, Patterson nous fait revivre son exil vers les États-Unis, alors qu’il ne parlait que très peu anglais, avec en tête la détermination de faire carrière dans le monde ultra-macho de la lutte professionnelle.

« Quand tu es jeune, tu te caches. Tu ne veux pas que personne ne le sache. Mais (les cachettes) c’est terminé. J’ai 75 ans. Il est temps que je m’ouvre un peu et que je vive librement. »

Même si l’annonce auprès de ses collègues de travail ne s’est pas faite tout de suite, l’homosexualité du « Rêve du Québec » n’a pas échappé à tout le monde. Toutefois, contrairement à la croyance populaire, son entourage s’est montré compréhensif. « Quand j’ai fait l’annonce, plusieurs lutteurs le savaient déjà, d’autres s’en doutaient, mais je ne l’avais jamais dit. Je ne pouvais pas. Même s’ils le savaient, il fallait que ça vienne de moi. En leur disant, je me suis mis à pleurer et ils ont tous pleuré avec moi en voyant la peine que je cachais, mais la peineest maintenantpartie. »

Même si ses années de lutteurs sont maintenant derrière lui, le premier champion intercontinental de l’histoire de la WWF (aujourd’hui WWE) n’est pas à la retraite pour autant. Membre du Temple de la Renommée de la WWE, Patterson occupe le poste de vice-président de la World Wrestling Entertainment, aux côtés de son bon ami Vincent Kennedy McMahon. « J’ai essayé d’arrêter plusieurs fois, avoue-t-il, mais ils ne veulent pas que j’arrête, et moi non plus. Qu’est-ce que je ferais? J’adore ce que je fais. J’aide beaucoup les jeunes lutteurs. »

Une relève québécoise

De par son rôle auprès des jeunes lutteurs, Patterson côtoie régulièrement ses compatriotes québécois Kevin Owens et Sami Zayn. Arrivé au sein de la compagnie en novembre 2014, Owens (de son vrai nom Kevin Steen) n’a pas mis de temps à faire parler de lui, remportant deux fois le titre intercontinental (autrefois détenu par Patterson lui-même) à deux reprises à sa première année avec « l’équipe principale ».

Le tout premier porteur de la ceinture avait d’ailleurs de très bons mots à propos de son jeune protégé. « Il est merveilleux, le gars. Kevin Owens va devenir une grosse, grosse vedette. Il a le talent. Tu n’as pas besoin de lui expliquer cent fois ce qu’il doit faire, ou comment le faire. Il le sait. »

Pourrait-il même devenir le premier Québécois à remporter le championnat de la WWE?

« Oh oui! Ça n’a pas pris de temps avant qu’ils lui donnent un championnat. Il est bon. Tout le monde l’aime, même s’il joue un vilain, on l’aime quand même. »

Une nouvelle ère qui s’amorce

Depuis quelques semaines, on assiste à un vent de changement au sein de la WWE. Les deux émissions produites par la compagnie, RAW et Smackdown, offrent maintenant des produits quelque peu différents, avec des équipes de lutteurs différentes... un vent de fraîcheur qui fait du bien, selon le vice-président de la compagnie, et qui permet à tout le monde d’y trouver son compte. « C’est merveilleux! Ce n’est pas toujours les mêmes gars (que l’on peut voir en action). Tout le monde aime ça. »

Et dans la lignée des changements, la division féminine se refait, lentement mais sûrement, une beauté. Autrefois considérées comme des objets de divertissement purement visuel pour l’auditoire masculin, les lutteuses de la WWE sont maintenant là pour offrir le même spectacle que les hommes, parfois même mieux que leur penchant masculin.

« Elles m'impressionnent, s’exclame Patterson avec les yeux pétillants. Dans mon temps, les femmes lutteuses faisaient dur. Elles n’étaient pas aussi bonnes que ça. Maintenant, elles sont belles et elles sont bonnes.»

L’autobiographie de Pat Patterson Accepted : How the first gay superstar changed WWE est disponible en magasin et en ligne depuis le 9 août.

De son côté, la WWE sera de retour à Montréal le lundi 21 novembre prochain, dans le cadre de l’émission phare de la compagnie, Monday Night RAW. Les billets seront en vente sous peu.