L'Argentin Lionel Messi a remporté lundi son sixième Ballon d'Or, un record qu'il est désormais le seul à détenir, devant le Portugais Cristiano Ronaldo qui termine troisième de cette édition 2019.

Chez les dames, l'Américaine Megan Rapinoe est la récipiendaire.

L'attaquant du FC Barcelone, 32 ans, a devancé par ailleurs Virgil Van Dijk (2e) et Sadio Mané (4e), les deux joueurs de Liverpool vainqueurs de la Ligue des champions, pour succéder au Croate Luka Modric (Real Madrid).

L'Argentin, lauréat d'un seul titre cette année (le Championnat d'Espagne), est de nouveau sacré après 2009, 2010, 2011, 2012 et 2015.

Messi, déjà lauréat du prix Fifa The Best il y a quelques semaines, a fini meilleur buteur européen (36 buts) de la saison 2018-19. S'il s'est arrêté en demi-finale de la Ligue des champions, il a remporté le championnat d'Espagne avec le Barça. Et a franchi mercredi la barre des 700 matches disputés sous les couleurs blaugranas.

« Je tiens à remercier les journalistes, mes coéquipiers qui m'ont permis de remporter cette distinction. Merci infiniment. Je me souviens de mon premier Ballon d'Or, c'était impensable à cette époque. Et maintenant j'en ai un sixième. C'est un moment complètement différent, je tiens à remercier ma famille, mes enfants. Il ne faut jamais cesser de rêver, jamais cesser de travailler, de prendre du plaisir quand on joue au foot. Je suis béni, j'espère pouvoir continuer pendant longtemps, je pense que j'ai encore des belles années devant moi même si la retraite approche. »

Les joueurs de Liverpool, lauréats de la C1, payent l'éparpillement des voix : ils sont en effet quatre à figurer dans le top-10, avec Van Dijk, Mané, Mohamed Salah (5e) et le gardien Alisson Becker (7e). C'est la même situation qui avait privé l'un des champions du monde français du sacre un an plus tôt - Antoine Griezmann troisième, Kylian Mbappé quatrième, Raphaël Varane septième.

Par ailleurs dans le top 10, Kylian Mbappé échoue aux portes du top 5 (6e), Robert Lewandowski est 8e, Bernardo Silva 9e et Riyad Mahrez 10e. Grâce à la 10e place de l'Algérien, trois joueurs africains figurent dans les 10 premiers, une performance historique.

Les joueurs - actuels ou partis depuis dans un autre club - de l'Ajax Amsterdam, demi-finaliste surprise de la C1, ont également reçu les faveurs du jury, mais ne font pas partie du top 10 (Frenkie De Jong 11e, Matthijs de Ligt 15e, Dusan Tadic 20e, Donny van de Beek 28e).

Côté français, derrière Kylian Mbappé, qui recule de deux rangs après sa 4e place l'année dernière, Antoine Griezmann est lui 18e, après son podium en 2018 (3e). Hugo Lloris est 23e, Karim Benzema 26e.

Messi a été désigné à la suite d'un vote d'un jury composé de journalistes spécialisés de tous les pays, chaque représentant livrant son propre classement de cinq joueurs, parmi une liste de 30 nommés établie par le magazine France Football.

Rapinoe récompensée

Forte tête et pieds agiles, l'Américaine Megan Rapinoe, lauréate du Ballon d'Or féminin, cinq mois après avoir été désignée meilleure joueuse et buteuse du Mondial-2019 remporté avec les Etats-Unis, est une championne militante, d'un engagement total sur et en dehors du terrain.

Cet été, avec ses exploits sur les pelouses françaises et sa coupe de cheveux couleur lavande empruntée à l'actrice Tilda Swinton, qu'elle adore, Rapinoe est devenue à 34 ans LA star du foot féminin, suscitant un emballement médiatique sans précédent pour une joueuse.

Une notoriété décuplée, d'autant mieux assumée que ce statut a vite dépassé le cadre footballistique, s'agissant de cette figure féministe, en première ligne de la lutte pour les droits des LGBT et l'égalité homme-femme, devenue du même coup une icône de l'opposition à Donald Trump.

Une personnalité à qui le DJ Martin Solveig ne demanderait certainement pas si elle sait "twerker", comme il le fit très maladroitement l'an passé à la Norvégienne Ada Hegerberg, récipiendaire du premier Ballon d'Or féminin de l'histoire.

Pour Rapinoe, le Mondial fut un espace d'expression idéal. "Il serait irresponsable de ne pas utiliser cette plateforme internationale pour essayer de faire bouger les choses", justifiait-elle aux médias, sans manquer l'occasion de tacler le président de son pays.

Battante, talentueuse, décisive

Soutenue par ses coéquipières, la co-capitaine de la sélection avait ainsi prévenu qu'en cas de sacre, elles n'iraient pas à la « p... de Maison blanche ». « Personne dans notre équipe, qui s'est battue pour l'égalité et l'inclusion, n'a envie d'être cooptée par un gouvernement qui ne se bat pas pour les mêmes choses », argua-t-elle.

Ce à quoi Trump lui répondit sur Twitter: « Megan ne devrait jamais manquer de respect à notre pays, la Maison blanche ou notre drapeau. Elle devrait d'abord gagner avant de parler. Termine le travail! ».


Il a fallu donc d'abord assumer sur le terrain. Ce que Rapinoe a brillamment fait en étant prépondérante au 4e titre glané par les Etats-Unis, son deuxième après celui de 2015.

Sur ses six buts, soulier d'or au bout, cinq ont été inscrits en matches à élimination directe. Un doublé en 8e de finale contre l'Espagne (2-1), un autre en quart contre la France (2-1) et l'ouverture du score face aux Pays-Bas (2-0) en finale. Difficile après cela de ne pas désigner cette battante, talentueuse et décisive, Ballon d'or du Mondial.

Et par la suite, elle n'a même pas eu à tenir son engagement, Trump ayant finalement renoncé à inviter les championnes du monde.

Rapinoe, qui fut l'une des premières joueuses connues à faire son coming out en 2012, juste avant de remporter l'or olympique à Londres, doit sa vocation à son frère aîné, Brian.

Au nom du frère

Nées le 5 juillet 1985 à Redding, dans le nord rural de la Californie, Megan et sa jumelle Rachael sont les dernières d'une fratrie de six. Face à la maison, une église et un terrain de foot. C'est sur ce pré, à trois ans, que Megan apprend à y jouer avec ce frère qu'elle « idolâtrait », et dont elle fera siens le numéro 7 et le poste d'ailier.

« Je voulais tout faire comme lui, confie-t-elle. Jusqu'à ce que Brian se fasse arrêter à 15 ans pour revente de drogue au lycée. Megan, le coeur brisé », éprouve colère et chagrin. Le foot devient son échappatoire.

Les années suivantes voient son frère, devenu toxicomane, faire des allers-retours incessants en prison, pendant qu'elle se bâtit une carrière professionnelle, qui la conduit notamment à Lyon (2013-2014) puis son club actuel Seattle Reign FC.

« Pinoe », 158 sélections (50 buts), le dit ouvertement, les problèmes de Brian, dont elle demeure très proche malgré seize ans passés derrière les barreaux, ont éveillé sa conscience.

La lutte contre l'exclusion sociale, le racisme - elle fut la première sportive à rejoindre le mouvement de boycott de l'hymne américain lancé en 2016 par Colin Kaepernick, pour protester contre les violences policières visant les Noirs -, la discrimination liée au genre, l'inégalité salariale entre joueurs et joueuses, sont des combats qu'elle livre aussi intensément que ses matches.

Avec l'espoir de les transformer en d'autres victoires.

Le palmarès complet                   

Ballon d'Or masculin 


1. Lionel Messi (ARG/FC Barcelone)


 2. Virgil van Dijk (NED/Liverpool)


 3. Cristiano Ronaldo (POR/Juventus Turin)


 4. Sadio Mané (SEN/Liverpool)


 5. Mohamed Salah (EGY/Liverpool)


 6. Kylian Mbappé (FRA/PSG)


 7. Alisson Becker (BRE/Liverpool)


 8. Robert Lewandowski (POL/Bayern Munich)


 9. Bernardo Silva (POR/Manchester City)


10. Riyad Mahrez (ALG/Manchester City)

Ballon d'Or féminin

1. Megan Rapinoe (USA/Reign FC)


 2. Lucy Bronze (ENG/Lyon)


 3. Alex Morgan (USA/Orlando Pride)


 4. Ada Hegerberg (NOR/Lyon)


 5. Viviane Miedema (NED/Arsenal)


 6. Wendie Renard (FRA/Lyon)


 7. Sam Kerr (AUS/Chicago Red Stars)


 8. Rose Lavelle (USA/Washington Spirit)


 9. Ellen White (ENG/Manchester City)


10. Dzsenifer Marozsan (GER/Lyon)

Trophée Kopa(meilleur joueur de l'année civile âgé de moins de 21 ans au 31 décembre)


1. Matthijs de Ligt (NED/Ajax Amsterdam puis Juventus Turin) GAGNANT


2. Jadon Sancho (ENG/Borussia Dortmund)


3. Joao Felix (POR/Benfica puis Atlético de Madrid)

Trophée Yachine(meilleur gardien, nouvelle récompense)


1. Alisson Becker (BRE/Liverpool) GAGNANT


2. Marc-André ter Stegen (GER/FC Barcelone)


3. Ederson (BRE/Manchester City)