MONTRÉAL – Seulement quatre joueurs ont obtenu plus de minutes de jeu que Zachary Brault-Guillard la saison dernière avec le CF Montréal. Pourtant, même si le visage de l’équipe n’a que très peu changé durant l’hiver, le défenseur de 23 ans demeure en attente de son premier départ en MLS en 2022.

Laissé sur le banc pour le premier match du calendrier à Orlando, Brault-Guillard a depuis dû se contenter de 94 minutes réparties sur quatre parties en championnat. Tout ça dans un contexte où son équipe avait un besoin criant de profondeur pour survivre à un horaire éreintant alourdi par sa présence en Ligue des champions.

C’est d’ailleurs dans cette compétition, lors du match aller des quarts de finale contre Cruz Azul, que ZBG a effectué sa seule sortie de 90 minutes jusqu’à maintenant. Autrement, on lui a systématiquement préféré Mathieu Choinière et, depuis la blessure au pied subie par ce dernier, Alistair Johnston au poste de piston droit.

D’où la certaine surprise provoquée par la nouvelle qui est tombée mardi quand le club a annoncé lui avoir consenti une prolongation de contrat valide jusqu’à la fin de la saison 2023 assortie en prime de deux années d’option. Pour un joueur qui n’a jamais caché ses ambitions de retourner en Europe et de solidifier sa place en équipe nationale, quelle était l’urgence de s’engager avec un groupe au sein duquel il peine présentement à se faire justice?

Brault-Guillard a semblé amusé par les questions en ce sens, rabrouant notamment gentiment un interlocuteur qui a dit le sentir malheureux en raison de son temps de jeu limité.

« Oui, sinon je n’aurais pas signé! », a-t-il répondu avec un soupçon d’incrédulité lorsqu’un autre confrère lui a demandé s’il était « satisfait de la tournure des événements ».

« On a trouvé un terrain d’entente pour les deux parties. Après c’est moi qui doit faire le plus possible pour avoir de meilleurs résultats et ensuite signer un meilleur contrat. Ça vient des performances, ça vient des joueurs. Le club nous met dans les meilleures dispositions et c’est à nous de bien faire sur le terrain. »

Brault-Guillard ne s’est pas défilé et a affronté les questions avec l’aplomb d’un vétéran. Jamais il n’a glissé la moindre pointe subtile qui aurait pu être interprétée comme une critique envers son entraîneur ou une crise de jalousie envers un coéquipier. L’ancien du centre de formation de l’Olympique Lyonnais n’a fait que reconnaître qu’il doit en faire plus pour redevenir un visage familier dans le onze type du CF Montréal.

« J’ai plutôt bien joué l’année dernière, mais la saison dernière, ça appartient au passé. Au football, il faut toujours se remettre en question, travailler d’arrache-pied et continuer à bosser pour sa place. C’est un sport collectif, mais on est tous individuels dans nos travaux du quotidien. C’est à moi de bien faire et de regagner ma place. Il y a de la concurrence, c’est comme ça. À moi de prouver aux entraînements et aux matchs que je mérite ma place, tout simplement. »

Vers la fin de l’année dernière, l’entraîneur Wilfried Nancy avait été d’une transparence abrasive dans son appréciation de son explosif latéral. « Il aurait pu faire mieux », avait-il laissé tomber en guise de bilan. En gros, le coach avait souligné à gros traits les qualités athlétiques de son poulain, mais avait exprimé le souhait qu’il développe une vision davantage cérébrale de ce que les anglais appellent The Beautiful Game.

Même s’il y a visiblement encore du travail à faire, Brault-Guillard semble avoir bien saisi le message.

« Il me le répète souvent. Être athlétique, c’est dans mes qualités. Après, c’est dans la gestion des moments, reconnaître les bons mouvements, faire moins d’erreurs... Il est exigeant avec moi, il veut me faire progresser. Il estime que j’ai un gros potentiel et que je ne l’exploite peut-être pas assez bien par moment. C’est donc à moi de trouver la clé pour cela et pour aider l’équipe. »

« Il faut que je travaille, a finalement confessé celui qui a tout de même réussi à trouver le fond du filet dans un match à New York. [Wilfried] a beaucoup d’attentes envers moi, plus que certaines personnes. Il me connaît depuis plus longtemps, il est beaucoup plus exigeant. Il veut me faire passer des paliers. C’est à moi de monter encore plus mon niveau pour atteindre ces objectifs. »