MONTRÉAL – Kei Kamara a souvent fait ses valises durant sa longue carrière en MLS. Le CF Montréal est la neuvième équipe qu’il représente depuis qu’il a fait son entrée dans le circuit en 2008.

Le nouvel attaquant montréalais se souvient d’une occasion en particulier où, après avoir appris qu’il venait d’être échangé, un entraîneur lui a dit que trois équipes, dont Montréal, s’étaient manifestées pour l’obtention de ses services. « Au lieu de prendre la meilleure offre, pourquoi ne m’as-tu pas appelé pour me demander où je voulais aller? », lui a-t-il répondu.

Kamara n’a jamais caché son attirance pour la métropole québécoise et son club de soccer et il sait que cet intérêt a longtemps été réciproque. « J’ai vu tellement de photos truquées où on avait placé ma tête sur un joueur portant le maillot de l’équipe, j’ai le goût de dire que ça a commencé en 2016! », a-t-il offert en guise de preuve lors de sa première conférence vidéo dans ses nouvelles couleurs vendredi.

Le natif du Sierra Leone, en Afrique, a appris le français avant de déménager aux États-Unis avec sa famille à l’âge de 14 ans. Il a grandi en rêvant de jouer en Ligue 1, en France, et s’est aussitôt entiché de l’Impact de Montréal lorsque l’équipe a fait son entrée en MLS en 2012. Au fil des années, il s’est lié d’amitié avec Dominic Oduro, Patrice Bernier, Ambroise Oyongo et Didier Drogba.

Il impute à leur présence de l’autre côté du ballon – « chaque fois que tu affrontes des amis, tu veux les battre », dit-il – et à son désir d’impressionner les décideurs du club son efficacité assassine contre cette équipe. En 19 matchs, c’est 14 buts qu’il a marqués contre l’Impact de Montréal.

« Pendant longtemps, j’ai suivi cette équipe en espérant pouvoir y jouer un jour. Le destin m’a mené à tant d’autres endroits, mais à chaque saison morte, j’étais toujours excité quand je voyais une nouvelle rumeur. »

Jusqu’à tout récemment, tout semblait indiquer que le train transportant ce vieux fantasme de voir Kei Kamara à Montréal avait quitté la gare une fois pour toute. À 37 ans, le sympathique franc-tireur venait de passer une saison en Finlande, loin des radars nord-américains. Son profil ne cadrait certainement pas dans la philosophie du directeur sportif Olivier Renard ni dans l’effectif que celui-ci avait bâti.

Mais la vague de blessures qui a emporté les attaquants du CF Montréal durant le camp d’entraînement a changé la donne.

« Comme joueur autonome, je pouvais choisir ma destination et quand j’ai reçu l’appel, ça a été un "oui" instantané, relate Kamara, qui a décrit cet improbable dénouement comme un rêve devenu réalité. Je savais que la chance de pouvoir dire que j’avais finalement joué pour Montréal, comme j’avais toujours voulu le faire, ne se représenterait pas. »

En grande forme

Moins d’une semaine après avoir intégré le groupe de Wilfried Nancy, Kamara a joué 15 minutes en remplacement de Romell Quioto dans le match retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF remporté par le CF Montréal mercredi.

Est-ce le rôle qui l’attend pour sa 16e saison en MLS? Quioto, qui n’est rien de moins qu’une magnifique machine à marquer depuis son arrivée à Montréal, apparaît pour le moment indélogeable comme attaquant titulaire. Mais le Hondurien a été sujet aux blessures dans les dernières années. Il n’a été disponible que pour 19 matchs, dont 14 départs, la saison dernière. Sa capacité à rester en santé est d’ailleurs un point qui a été soulevé par son entraîneur après sa solide performance contre Santos Laguna.

Derrière, Mason Toye traîne un peu la même réputation. L’Américain connaissait un début de saison du tonnerre l’an passé avant de subir une sérieuse blessure à une épaule. Cette saison, un malaise à une cuisse retarde son intégration au projet. Quant à Bjorn Johnsen, qui sait ce qu’il sera en mesure d’offrir lorsqu’il sera rétabli des dégâts que lui a infligés le passage de la COVID-19?

Dans chacune des cinq années qui ont précédé la saison 2020 écourtée par la pandémie, Kamara n’a quant à lui jamais joué moins de 28 matchs. Celui qui a récemment représenté son pays à la Coupe d’Afrique des Nations affirme avoir toujours pris soin de son corps dans l’optique de connaître une longue carrière.

« Une des plus belles leçons que j’ai apprises vient de l’un de mes anciens entraîneurs, Sigi Schmid, qui m’avait dit à mes débuts qu’il n’y a pas de vieux joueurs ou de jeunes joueurs. Soit tu es bon, soit tu ne l’es pas assez. Quand tu es assez bon, tu joues. Quand tu ne l’es pas, tu ne joues pas. »

Kamara soutient être en grande forme et prêt à accepter le rôle qu’on souhaitera lui confier. Si ça doit être dans un rôle de spécialiste des fins de matchs, ainsi soit-il. « Si c’est ce que je dois faire pour aider, le coach sait que je le ferai. Mais tout le monde autour de moi devra rester sur ses gardes. Je veux créer un climat de saine compétition, je veux pousser tout le monde vers le haut. »

« Je vais donner tout ce qu’il m’est possible de donner, a-t-il promis. Je sais que plusieurs personnes disent que mon arrivée survient plusieurs années trop tard. Eh bien, mieux vaut tard que jamais. »