C’est qu’on les aime vraiment, nos clichés! Parce qu’après cette victoire allemande, on peut s’attendre à les voir refleurir. «Efficaces», «opiniâtres», «obstinés», «déterminés», vous avez le choix… Toutes les caractéristiques qu’on colle à l’Allemagne depuis des lustres lorsqu’il est question d’aller chercher un résultat.

Allemagne 2 - Suède 1

Sa force demeurera d’être restée fidèle à son approche du jeu d’un bout à l’autre du match. Sans paniquer (comme l’Argentine), sans se résigner, sans se frustrer ni s’énerver au point de ne plus penser clairement. Et c’est en reprenant une nouvelle fois son modèle d’attaque qu’elle parvient d’abord à revenir dans le match, puis à s’imposer. Son concept de jeu est d’aller large, d’écarter le bloc suédois le plus large possible pour pouvoir espérer des espaces. Dix fois, cent fois, elle va le répéter. Les joueurs changent, tournent, permutent, l’idée générale reste la même. La nuance est d’avoir, à la mi-temps de ce match mal embouché, cherché à apporter une présence supplémentaire devant le but suédois pour multiplier les menaces et les ouvertures. D’où le maintien de Werner, pas vraiment heureux en première mi-temps, mais bien plus efficace en supplément de Gomez.

En son et images : Allemagne - Suède

Les deux buts allemands viennent d’ailleurs de lui. Parti sur l’aile droite sur une attaque rapide, c’est son centre qui provoque l’égalisation de Reus, grâce au travail de Gomez dans la défense qui attire deux défenseurs et limite leur efficacité. Sur le but vainqueur, c’est un démarrage rapide à droite encore et sa façon de provoquer deux défenseurs qui gagne le coup-franc que va transformer Kroos.

Entre-temps, il y aura tout de même eu de nombreuses séquences au cours desquelles les Allemands vont se buter sur une défense bien organisée. Centres (bien plus efficaces en deuxième mi-temps, lorsqu’ils ont centré bas, limitant les reconquêtes aériennes des défenseurs), combinaisons, décalages, ils ont tenté, varié, sans réussite. Olsen sauve une tête de Gomez à bout portant, puis Brandt voit sa frappe pure se fracasser sur le poteau. À ce moment précis, on pourrait facilement comprendre découragement, résignation. Mais non…

Hormis cette tentative, la seule chose qui a moins bien fonctionné pour l’Allemagne est la frappe de loin. Gündogan, Draxler, Reus, Kroos s’y sont un peu essayé, mais essentiellement le système suédois a bien enrayé cette menace, les défenseurs sortant à tour de rôle pour venir contrer, gêner, empêcher. D’où l’importance de cette ultime tentative, au bout, tout au bout de ce match si intense. C’est l’ultime chance sur le but d’Olsen et sa défense se place en nombre pour contrer une frappe mise devant le but. Le grand bénéfice du coup franc est d’imposer une distance minimale aux défenseurs. Elle offre un temps supplémentaire au tireur pour ajuster et doser. Encore fallait-il en prendre la responsabilité.

Et Tony Kroos s’est levé.

Cruel pour les Suédois qui auront respecté au maximum leur approche du match (à l’exception de la faute qui mène à ce but destiné à entrer dans l’Histoire de la Mannschaft). Respecté et bonifié, même, avec ce but intelligent en contre de Toivonen (sur une perte de balle de Kroos), qui semble plonger l’Allemagne dans le puits des Champions déchus (France, Italie, Espagne, autant de récents tenants du titre à n’avoir pu passer le premier tour à l’édition suivante). La Suède (qui aurait pu aussi bénéficier d’un penalty tôt dans le match) jouera sa qualification face au Mexique. Avec, désormais, l’obligation de l’emporter.

Corée 1 - Mexique 2

Les Mexicains ont fait ce qu’on leur demandait face à la Corée. Jouer pour gagner, même si ce fut douloureux. Car le Mexique a tout de même peiné à forcer le bloc coréen, discipliné et même rugueux à l’occasion. Un pénalty de Vela en première mi-temps, un contre vite joué sur Hernandez un peu plus tard semblent avoir mis le Mexique sur les rails. Mais le but de Son en toute fin (et il aura tout fait dans ce match pour y parvenir), s’il ne remet pas en cause la victoire mexicaine, force Juan Carlos Osorio à jouer l’ultime match à fond, une défaite pouvant maintenant plonger «El Tri» dans l’horreur d’une élimination si près du but.

On aurait aimé prendre plus de temps pour revenir sur la performance de la Belgique face à la Tunisie (5-2), mais l’intensité dramatique du dernier match l’emporte maintenant sur ce qui doit être considéré comme l’une des meilleures prestations du tournoi. Lukaku s’offre un deuxième doublé en deux matchs, il a retrouvé sa dernière touche, mais c’est l’ampleur de l’éventail offensif belge qui séduit, surtout lorsqu’utilisé à plein comme aujourd’hui. En deux matchs, les trois meneurs belges ont accumulé buts et passes décisives (De Bruyne en meneur reculé par rapport à Mertens et Hazard, c’est une perle). Et même les joueurs lancés en cours de match (Batshuayi, Tielemans) ont offert leur contribution. Tout le monde participe et si un doute demeure, c’est peut-être sur la tenue défensive avant d’affronter l’Angleterre et éventuellement plus tard dans le tournoi. Mais pour le moment, c’est cette impression offensive qui demeure la plus forte.