Au début de la saison, on pouvait déjà croire que Marco en était à sa dernière campagne en carrière. L'an passé devait être sa dernière saison, mais il se sentait bien et il avait décidé de continuer à jouer. Personnellement, je savais depuis un bout de temps que la saison 2014 était sa dernière, mais ce n'était pas à moi à l'annoncer.

S'il a décidé de partir, c'est parce qu'il se sent prêt. Parfois, les joueurs attendent la fin de la saison avant de l'annoncer, mais dans son cas, ça faisait longtemps qu'il avait décidé de passer à autre chose.

Marco quitte pour des raisons familiales et je le comprends très bien. Quand j'ai commencé à jouer en Europe, ma femme n'y était pas, et quand s'ajoutent les enfants, il n'y a rien d'évident. Il a deux filles qui l'attendent à la maison et ça le pesait. Je sais que la technologie le permet de nos jours, mais voir ses enfants grandir par Skype par exemple, ce n'est pas l'idéal. Savoir que tes enfants ne sont pas là quand tu finis l'entraînement et ne pas les voir pendant des semaines et des mois, ça pèse dans la balance.

Quand tu es plus jeune, tu penses à ta carrière et tu es prêt à faire plus de sacrifices, mais quand tu arrives à 38 ans, tu prends des décisions différentes. Pour une année, ça peut aller parce que tu sais que ta famille va venir te visiter. Mais ta famille, c'est ton encrage et ça devient plus difficile à vivre lors des années suivantes. Marco a donné plus de 20 ans de sa vie au soccer et je pense que ça aurait été beaucoup lui demander que de vivre une autre saison loin de sa famille. Ses deux filles grandissent et quand tu es parent, tu sais que les enfants vieillissent très vite. Il s'était bien adapté à la ville et il avait des amis, mais c'est très difficile de ne pas avoir sa famille immédiate près de lui.

À sa place, j'aurais eu le même questionnement. Il a pris une décision pour lui. À un certain moment, il faut se demander si ça vaut la peine de continuer tout en sachant que tu seras encore une fois loin de la famille.

Durant ma carrière, j'ai eu la chance de jouer avec beaucoup de joueurs renommés dans leur pays, mais Marco a une stature plus internationale parce qu'il a joué en Italie et en Espagne notamment. Son nom résonnait très loin. Il y a vingt ans, je le regardais jouer à la télévision avec la Lazio Rome et jamais je n'aurais pu dire qu'un jour j'allais jouer avec lui. J'aurais pu imaginer jouer contre lui, surtout que comme Montréalais, on savait avant tout que c'était en Europe que ça se passait et non pas en Amérique. Me dire qu'un grand Européen comme Marco viendrait jouer dans ma cour à Montréal, je n'y aurais jamais cru.

Quand je suis revenu à Montréal, je savais que Thierry Henry et David Beckham étaient en MLS, mais je me demandais combien de vedettes feraient le saut en Amérique du Nord. Puis Marco s'est joint à l'Impact en 2012 comme joueur désigné et j'étais heureux parce qu'il me permettait de me prouver que je pouvais jouer avec un joueur d'un tel standing. Il est le type d'attaquant avec qui j'adore jouer parce qu'il est toujours à l'affût pour aller vers le filet.

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Par la suite, tu apprends à le connaître. On le voyait à la télévision ou on entendait parler de lui, mais il était dans mon vestiaire et j'ai découvert la personne derrière l'image. J'ai pu remarquer son professionnalisme au quotidien. Il a été un exemple au plan éthique de travail. Il était tellement exigeant envers lui-même, mais c'était normal parce qu'il a joué à un niveau tellement élevé. Marco a aussi cherché à donner à son sport. Il savait que la MLS était une jeune ligue et il savait que sa présence donnerait un certain prestige au circuit. Il n'a pas été avare de ses conseils et on le sentait passionné par le jeu comme un gamin, même à 38 ans.

Il a beaucoup apporté à l'Impact, mais aussi à la ville de Montréal. Son profil a donné de la crédibilité à l'équipe, qui n'a que trois ans en MLS. Les gars comme Henry et Beckham donnaient des lettres de noblesse au jeune circuit et je dirais que Marco est dans la même catégorie qu'eux. Il a permis à Montréal d'avoir plus d'impact. C'est un gars qui a joué en série A en Italie et mes amis d'Europe étaient étonnés de voir que Marco était avec nous. Sa présence a fait en sorte que le nom de l'Impact a traversé l'océan. Avant son arrivée, mes amis me parlaient de Montréal parce qu'ils me connaissaient, mais avec Marco, l'Impact résonnait d'une autre façon sur le Vieux Continent.

L'arrivée de Marco a vraiment été le début de la filière italienne avec nous même si Matteo Ferrari et Bernardo Corradi étaient déjà ici. Sa présence a ouvert des portes à d'autres grands joueurs. Il a aussi piqué la curiosité des gens. Beaucoup se demandaient pourquoi un joueur d'un tel niveau avait choisi Montréal. Les gens à travers le monde connaissaient la MLS, New York ou Los Angeles, mais pas Montréal. Les regards étaient soudainement tournés vers notre ville. Ayant vu l'Impact grandir, je n'aurais jamais imaginé qu'un gars comme lui débarquerait avec nous. Comme partisan, j'avais l'impression que c'était un autre monde. C'est comme si au hockey, un Suédois s'imaginait que tous les meilleurs joueurs retournaient jouer chez eux.

Sa présence a envoyé un message que l'équipe était capable d'attirer les vedettes. Il a ouvert une porte et comme l'a dit Joey Saputo, sa présence aide à attirer des joueurs d'Europe.

Son départ va bien sûr créer un trou. Ce sont des souliers qui ne se remplacent pas. On mise sur Jack McInerney, qui n'a pas eu autant de temps de jeu en raison de la présence de Marco. Je pense toutefois qu'il a beaucoup de talent et qu'il sait marquer des buts. Il est un bon atout pour nous aider et il faut lui donner du temps pour jouer avec Ignacio Piatti pour développer une certaine cohésion. Comme attaquant de pointe, on ne mise que sur McInerney et Anthony Jackson-Hamel, qui sont encore relativement jeunes. Je ne suis pas dans le secret, mais ça laisse présager qu'un autre attaquant s'ajoutera à l'équipe. Sur papier, il va nous rester deux attaquants, alors la logique voudrait qu'on en ajoute un.

Un pied qui guérit bien

Ça fait trois jours que je cours et que mon pied répond bien. J'essaie de ne pas trop forcer pour me fatiguer, mais je suis très heureux de ne pas avoir de douleurs. On m'a testé de différents angles. Je vais continuer à pousser davantage pour peut-être réintégrer le groupe.

Je n'ai pas de date de fixée pour mon retour au jeu, mais j'avoue que j'aimerais bien accompagner l'équipe pour la partie à Toronto le 18 octobre. Mais on verra, car je ne dois pas ressentir de nouvelles douleurs.

*propos recueillis par Robert Latendresse