MONTRÉAL – C’est inévitable, le froid viendra se pointer le bout du nez sous peu au Québec, mais le paysage de l’Impact est ensoleillé plus que jamais et cette tendance pourrait se poursuivre dimanche lors de la conclusion de la saison régulière dimanche contre nul autre que l’éternel rival, le Toronto FC.

Chaque fois qu’un opposant de la métropole torontoise débarque en ville, la tension est à son comble, mais c’est aussi avec le sourire que le onze montréalais aborde ce test.

Inutile de chercher bien loin pour comprendre ce qui a ramené le succès – et le plaisir – chez l’organisation montréalaise, la réponse ne comporte que deux mots : Didier Drogba. Bien sûr, c’est légèrement réducteur d’attribuer l’ensemble de ce revirement de situation à l’Ivoirien, mais il a été l’élément déclencheur et catalyseur de la renaissance de l’Impact durant la saison 2015.

À son arrivée, la légende vivante avait exprimé le souhait de marquer l’organisation grâce à sa contribution et il peut déjà se targuer d’avoir accompli son objectif. Non seulement l’équipe a gagné son billet éliminatoire, mais elle a aussi retrouvé ses ailes hors du terrain dans le cœur des amateurs et au niveau du rayonnement à l’extérieur de Montréal.

C’est dans ce climat enchanteur que Richard Legendre (vice-président exécutif opérations soccer et Stade Saputo) est venu rencontrer la presse pour un semblant de bilan. Au-delà des nombreux maillots ornés du numéro 11, le plus beau signe de la contribution de Drogba s’avère que l’Impact a battu son record de renouvellement pour les billets de saison avec un taux de 84 %.

Ça ne s’arrête pas là, l’Impact a établi une marque d’assistance avec 460 000 spectateurs en 2015.

« On est très content du revirement de situation. D’un point de vue des foules, on a réussi à se retrouver à guichets fermés pour cinq des six derniers matchs. De plus, pour la deuxième moitié de saison, on a affiché une moyenne supérieure à 20 000 spectateurs alors que ça tournait autour de 16 000 durant la première portion. C’est très encourageant de ce côté », a confié Legendre.

« Somme toute, 2015 constitue l’année du revirement et on commence à voir un effet durable. On sent beaucoup d’intérêt de la part des partisans, on dénote une nouvelle fierté bleu-blanc-noir renouvelée, c’est tellement important pour nous que ce soit durable », s’est-il réjoui citant des augmentations sur tous les indicateurs comme les maillots vendus, les cotes d’écoute et le rendement sur les réseaux sociaux.

Au chapitre des réseaux sociaux, l’Impact peut même se vanter de l’augmentation la plus significative dans la MLS par rapport à 2014.

Sur la pelouse, le club montréalais détient les atouts pour conclure le calendrier au troisième rang de sa section avec un gain contre Toronto. Cette réussite jetterait par terre ceux qui sont partis sur une île déserte et qui ont été déconnectés de l’actualité sportive depuis la fin août alors que l’Impact enchaînait les résultats négatifs.

Advenant un triomphe dimanche contre le TFC (le match sera présenté à RDS dès 17 h), l’Impact obtiendrait donc le privilège de disputer le match éliminatoire à domicile contre l’équipe qui terminera au sixième échelon dans l’Est.

« Ce serait important à plusieurs égards en commençant par l’aspect sportif parce qu’on ne veut pas s’arrêter là. On veut traverser cette première étape et on serait difficile à battre en jouant à domicile », a indiqué l’ancien ministre qui a souligné les bénéfices de la présence des trois équipes canadiennes en éliminatoires.

Si les hommes de Mauro Biello parvenaient à franchir cette étape, le match aller de la série suivante serait sans doute présenté le 1er novembre au Stade Saputo à moins d’un caprice de la météo. Ce n’est qu’ensuite que l’action pourrait être déplacée au Stade olympique, mais les deux alternatives sont étudiées.

Mais, peu importe le terrain qui sera retenu, l’Impact désire surtout repousser ses limites.

« Je pense qu’on a les éléments pour aller loin cette année et l’année prochaine », a fait valoir Legendre avec assurance.

La contribution d’un entraîneur québécois

Loin derrière le facteur Drogba, l’entrée en scène de Biello aux commandes de l’Impact représente le deuxième ingrédient qui est venu rehausser le jeu collectif. Depuis son saut en MLS en 2012, l’organisation montréalaise avait préféré confier ce poste d’envergure à des entraîneurs de l’extérieur.

Plus aguerri dans son travail, Biello en a étonné plusieurs avec ce nouveau chapeau. Ses plus grands mérites consistent à avoir relancé certains joueurs relégués à des rôles secondaires (comme Nigel Reo-Coker, Patrice Bernier, Wandrille Lefèvre, Hassoun Camara et Kyle Bekker principalement) en plus de dynamiser le jeu sur le terrain grâce à différentes tactiques comme des schémas variés.

Dans sa position de dirigeant, Legendre ne peut que se réjouir de voir un entraîneur québécois prouver ses compétences. À moyen et long terme, ce travail exemplaire détient le potentiel d’ouvrir les portes à une relève intéressante.

« C’est très important, il n’arrivait pas dans une situation simple et il a mené l’équipe à un dossier de 6-2-2 incluant des victoires à l’étranger ce qui était notre faiblesse. Ensuite, Orlando menaçait derrière et la qualification éliminatoire est tout à l’honneur de l’équipe et Mauro en premier lieu. On avait confiance en lui quand on l’a nommé et on avait raison », a exprimé l’ancien dirigeant du milieu du tennis.

Pour le moment, le mot intérim est toujours accolé au statut de Biello, mais le moment ne serait pas encore venu de le retirer.

« On maintient le cap, comme on l’avait dit, on prendra la décision après la saison et elle se terminera après les éliminatoires. C’est à ce moment qu’on décidera en petit groupe », a noté Legendre.

Seul bémol, l’Impact devrait tout de même conclure son année avec un déficit ce qui s’explique par quelques raisons. D’abord, la réponse des partisans n’était pas assez nombreuse en début de calendrier pour engendrer les revenus espérés et le prix moyen du billet a été diminué pour attirer le public.

D’ailleurs, malgré les progrès et le retour de Drogba, l’Impact a choisi de ne pas hausser le coût de ses billets pour la prochaine saison dans le but de consolider sa présence dans le marché québécois à bon prix.

« On aurait pu le faire, mais on ne veut pas choisir cette option. On veut demeurer accessible et remplir le stade de façon régulière et systématique. On veut ressentir la fierté peu importe les résultats du club et, pour que ça se produise, il faut leur envoyer le bon message en demeurant accessible. On veut attirer la clientèle 18-34 ans et celle familiale », a justifié Legendre qui souhaite également augmenter l’appui corporatif.