INDIAN WELLS, Calif. - Alors que ses rivaux habituels Novak Djokovic, Rafael Nadal et Andy Murray courent après la forme, Roger Federer est peut-être tombé dimanche à Indian Wells face à celui qui pourrait à terme le détrôner : Juan Martin del Potro.

À 29 ans, l'Argentin a tout gagné ou presque : un titre du Grand Chelem (Internationaux des États-Unis 2009), la Coupe Davis (2016), deux médailles olympiques (bronze en 2012, argent en 2016) et depuis dimanche après sa victoire en trois sets 6-4, 6-7 (8), 7-6 (2) face à Federer, no 1 mondial et tenant du titre, son premier titre en Masters, les tournois les plus importants après ceux du Grand Chelem.

Après ses victoires coup sur coup à Acapulco et en Californie, les 21e et 22e titres de sa carrière, le géant de Tandil (1,98 m) est désormais 6e au classement ATP (4155 pts) et peut viser rapidement la 3e place occupée actuellement par le Croate Maric Cilic (4905 pts).

Del Potro n'avait plus été à pareille fête depuis fin 2009-début 2010 : après son sacre aux Internationaux des États-Unis en battant en finale un certain Roger Federer, il avait culminé à la 4e place mondiale et on le présentait alors comme un no 1 mondial en puissance.

Quatre opérations

Sauf que quelque semaines plus tard, il s'était blessé pour la première fois au poignet gauche. Ont suivi quatre interventions chirurgicales aux deux poignets qui ont stoppé sa progression et ont bien failli lui faire jeter l'éponge en 2015.

« J'ai traversé une sale période il y a quelques années, mais je ne veux plus y penser, tout ce que je peux dire, c'est que j'adore ma vie et ces voyages à travers le monde », a assuré Del Potro après son sacre à Indian Wells.

Alors que les journalistes le pressaient de savoir quels étaient ses prochains objectifs en termes de classement ou de palmarès, il a balayé poliment le sujet tout en reconnaissant qu'il était « dans une meilleure forme physique qu'avant ».

« Je me surprends moi-même tous les jours, je n'aime pas me comparer avec le joueur que j'étais il y a quelques années. Tout ce que je peux dire, c'est que je prends à nouveau beaucoup de plaisir à jouer », a-t-il insisté.

Federer est bien placé pour juger des progrès et du potentiel de l'Argentin, réputé pour la puissance de son revers.

« Il est redevenu le joueur qu'il était en revers », a-t-il assuré.

« Rien à perdre »

« Au début (de son retour sur le circuit en 2016 après deux saisons blanches, NDLR), il sliçait beaucoup son revers et cela a duré longtemps, cela a pris du temps pour qu'il retrouve confiance, mais il y est maintenant parvenu », a noté le Suisse.

Et contrairement à beaucoup de joueurs du circuit, Del Potro ne fait aucun complexe face à Federer qui mène largement au bilan de leurs confrontations (18-7) mais qui a perdu quatre de leurs six finales (Internationaux des États-Unis 2009, Bâle 2012 et 2013, Indian Wells 2018).

« J'aime jouer des finales contre lui, parce que je n'ai rien à perdre », a avancé Del Potro.

Federer, 36 ans, avance que l'Argentin fait partie de ces joueurs plus faciles à affronter en début de tournoi qu'en finale.

« Nos finales sont toujours chaudement disputées, c'est souvent difficile face à lui », a-t-il rappelé.

Malgré ce premier revers en 2018 après 17 victoires de suite pour commencer l'année, nouveau record personnel, le Suisse, qui annoncera après Miami s'il renonce, comme en 2017, à la saison sur terre battue pour privilégier la période sur gazon et son rendez-vous fétiche de Wimbledon, reste serein.

« J'apprécie vraiment ce que je vis, je me sens bien sur le circuit, la retraite peut attendre », a-t-il souri, en guise d'avertissement à Del Potro et à tous ceux qui lorgnent son trône.