Veut, veut pas, c'est toujours un moment tout à fait unique lorsque les meilleurs joueurs de la planète tennis s'arrêtent à Montréal et Toronto. J'adore particulièrement les regarder à l'entrainement même si la plupart du temps, juste avant un tournoi d'importance, on s'affaire surtout à trouver le rythme, à bien sentir la balle, à se dégourdir les jambes et à jouer quelques points pour vivre un peu plus de pression avant le début de l'épreuve.

 

Comme un chef d'orchestre se nourrit des sons produits par ses ouailles, j'aime tant me promener dans les allées et savourer le son jouissif que me procure ces grands joueurs lorsque leur raquette gratte la balle. Ça doit être mon petit côté épicurien... Non mais, chacun ses passions!

 

Pour certains, la tournée nord-américaine est commencée. Pour d'autres il s'agit du début d'une poussée qui nous amènera jusqu'au dernier Grand Chelem de l'année à New York. À part Roger Federer qui, pour reprendre ses propres paroles, a voulu « éviter de faire les mêmes conneries », c'est-à-dire trop jouer en peu de temps avant le US Open comme l'an passé, cela est impressionnant de réaliser jusqu'à quel point les deux tableaux seront bondés des plus grandes vedettes.

 

Dommage cependant qu'Andy Murray se soit autant arraché à Washington car cela l'amène à laisser sa place dans le tableau. À le voir brailler comme un bébé qui souffre de colique cette nuit à 3 h du matin, prouve qu'il est allé au bout de lui-même. Son invitation est aussitôt donnée à un autre champion Grand Chelem Stan Wawrinka, qui affrontera Nick Kyrgios d'entrée. 

 

Pour ce qui est de nos cinq Canadiens en lice, au moins les deux meilleurs ne sont pas dans la même portion de tableau. Denis Shapovalov se mesurera à nouveau à Jeremy Chardy après avoir éliminé le Français en quatre sets au premier tour à Wimbledon, tandis que Milos Raonic affrontera le 10e favori David Goffin d'entrée. Le Belge vient tout juste de perdre en quarts de finale devant Stefanos Tsitsipas à Washington. Depuis qu'il s'est blessé à l'oeil en février, Goffin est moins précis et moins mordant dans l'échange. Comme d'habitude, il faudra que notre Canadien soit efficace avec sa meilleure arme.

 

Première expérience dans le grand tableau au Canada pour Félix Auger-Aliassime après avoir eu la chance de compétitionner en Masters 1000 à Indian Wells et Monaco cette année. Lucas Pouille se dressera devant lui. Le Français connaît une année en dents de scie. En mars, il était membre du top-10, mais ses résultats en Grands Chelem sont vraiment décevants : défaite devant Rubens Bemelmans au premier tour en Australie. Le Belge est 117e. À Roland-Garros, il s'incline au 3e tour en trois sets devant le Russe Karen Khachanov. Pas de honte à cela, mais c'est surtout dans les moments chauds qu'il craque. À Wimbledon, il quitte après une amère défaire devant Denis Novak,171e, au 2e tour, un pied et un genou en vrac. Pouille a une belle vitesse de balle des deux côtés mais n'affiche pas toujours la confiance que cela prend pour faire fructifier son grand talent.

 

Vasek Pospisil se voit offrir le Croate Borna Coric d'entrée de jeu. Sur surface dure, Vasek peut être brillant. Je lui souhaite tellement de connaitre une belle séquence devant un public qui ne demande qu'à le supporter et même le porter. À lui d'avoir une attitude de guerrier de la première jusqu'à la dernière balle en utilisant ses dons d'attaquant. Finalement, le valeureux guerrier Peter Polansky se mesurera à l'attaquant Matthew Ebden 50e au classement. L'Australien adore s'amener au filet tandis que Polansky contrôle très bien ses passings, alors qui sait?

 

À Montréal, Eugenie Bouchard, qui a connu quelques moments intéressants récemment à Wimbledon et à Gstaad, affronte la Belge Elise Mertens d'entrée. Franchement pas facile. Mertens connait une année exceptionnelle avec trois titres, 32 victoires et la 15e place mondiale. Elle s'est aussi rendue jusqu'en demie au premier Grand Chelem de l'année en Australie. C'est une fille qui frappe solidement, assez à plat dans les coins. Il faudra que Genie soit en jambes et prête à la bagarre, une grosse bagarre.

 

Carol Zhao n'aura pas la vie plus facile puisque c'est Kiki Bertens qui l'attend. La 18e mondiale m'a épatée à Wimbledon avec une présence en quarts de finale avec en prime deux victoires de suite face à de gros canons : Venus Williams et Karolina Pliskova.

 

En bout de ligne, c'est Françoise Abanda qui doit sûrement remercier le ciel présentement: non seulement elle prend la place dans le tableau principal de Bianca Andreescu qui souffre du dos mais en plus, la Québécoise affrontera une joueuse issue des qualifications! Quand on regarde la grande qualité de ce tableau et qu'on s'arrête à penser que même Serena Williams, Maria Sharapova et Victoria Azarenka, toutes les trois anciennes numéro 1 mondial et championnes en Grands Chelem, ne sont pas têtes de série, et bien Françoise Abanda, c'est à ton tour de renverser la guigne. You go girl, it's time.

 

Amusez-vous bien... Quel privilège d'accueillir tout ce beau monde!