Je ne sais pas comment vous avez vécu la Coupe de l'ATP en ce début d'année 2020 mais pour ma part, j'ai adoré! Dans un premier temps, j'apprécie la formule des deux simples et un double au meilleur des trois manches. De toute façon, la preuve est faite : compte tenu de la longueur et de la physicalité des matches d'aujourd'hui, il y a du temps pour se replacer si un des deux protagonistes commence mal la rencontre. Physiquement, la qualité, l'intensité et la densité des échanges est rendu à un niveau tellement élevé qu'on ne peut pas demander à nos meilleurs de constamment se battre dans un format qui les amène au bout de leur énergie, complètement vidé. Alors protégeons-les! 

 

Je trouve aussi que disputer un super bris d'égalité au lieu du troisième set en double est excitant au possible. La première équipe rendue à 10 points avec 2 points d'avance remporte le match et permet ainsi à sa formation d'enregistrer une victoire dans le tournoi à la ronde ou de passer au tour suivant alors que nous atteignons les quarts de finale. Je sais que c'est difficile pour les guerriers du double de vivre avec ce format à l'année mais durant cette Coupe de l'ATP nous avons eu droit à des super bris d'égalité de si grande qualité! Pensez juste à la victoire de Nick Kyrgios et Alex De Minaur 18-16 alors que les australiens sauvent 4 balles de match face aux Britanniques Jamie Murray et Joe Salisbury. Crève-coeur certes, mais pour les spectateurs ce format nous permet de vivre une ribambelle d'émotions!  

 

Aujourd'hui en finale, ce n'est pas un hasard que nous avons droit à un duel entre l'Espagne et la Serbie qui comptent dans leur rang les deux meilleurs joueurs au monde. Jouer dans la même équipe que Rafael Nadal ou Novak Djokovic vous porte dans une autre dimension d'excellence. Parlez-en au Serbe Dusan Lajovic, qui n'a perdu qu'une seule fois avant la ronde ultime soit contre Benoit Paire 6-4 au troisième set. Son triomphe devant le Russe Karen Khachanov en deux manches consécutives en demies prouve que lorsqu'on est entouré de grands et qu'on est supporté comme les grands, on se comporte comme un grand.

 

Face à l'Espagnol Roberto Bautista Agut qui fut le héros de l'Espagne en Coupe Davis en novembre dernier, la marche est haute, un peu trop haute. Agut est membre du top-10 maintenant avec une demie à Wimbledon et une saison de 42 victoires en 2019. L'expérience des grands moments il connait et les petits éléments d'attaque ajoutés à la solidité de son jeu en fond de terrain font de lui un guerrier et valeureux deuxième joueur en simple. Fort du premier set 7-5, Roberto déroule au set suivant 6-1 pour donner le premier point à l'Espagne. 

 

Puis c'est au tour de Djokovic de tout faire pour garder son pays en vie alors qu'il dispute la victoire à son grand rival Nadal, le même homme qui lui a chipé sa première place mondiale à la fin de l'année à Londres. Je me demande vraiment si Rafa sera en jambes parce que sa défaite devant David Goffin a laissé des marques tout comme cette victoire difficilement arrachée en demie face à Alex de Minaur en trois sets. Ce n'est qu'à la toute fin de la deuxième manche que Nadal renverse le match. Sinon le brillant jeune australien lui en fait voir de toutes les couleurs! Elle a été dure cette Coupe de l'ATP avec son décalage horaire de trois heures de Perth à Sydney pour les espagnols après les 3 rondes préliminaires et des rencontres de quarts et demies qui se terminent au milieu de la nuit!  

 

Je me dis que Novak a aussi beaucoup donné, sauvant la victoire de peu face à Denis Shapovalov au bris d'égalité de la troisième manche en quarts et en demies il s'arrache pour la victoire face à Daniil Medvedev dans un match de haute voltige. Presque six heures de jeu en deux jours, cela laisse des marques aussi! Peu importe, Nolé est prêt pour cette rencontre ultime face à Rafa. Il est offensif et juste dans ses schémas d'attaque. Nadal ne lui arrive pas à la cheville pour ce qui est de la qualité du jeu. Cela me fait même penser à la finale de l'an dernier aux Internationaux d'Australie alors que Rafa revient de blessures et n'est pas à la fine pointe de sa forme. Nadal perd le premier set 6-2 mais continue de butiner comme il le peut pour se faire une place dans le match. Ses efforts sont louables mais force est d'admettre que Djokovic est trop dominant et dans une classe à part.

 

Pour vous dire jusqu'à quel point Nadal est fatigué, il ne se présente même pas pour le double...Djokovic et Troicki filent logiquement vers le triomphe devant Carreno-Busta et Lopez. Nadal a sûrement voulu se protéger physiquement alors que dans sept jours le coup d'envoi du premier Grand Chelem de l'année sera donné. Dommage quand même après 10 jours de compétitions féroces que Nadal ne joue pas le dernier match...