PARIS (AFP) - Après des années de tension, la hache de guerre est enterrée entre les Belges Justine Henin-Hardenne et Kim Clijsters, qui se retrouvent jeudi en demi-finales du tournoi de tennis de Roland-Garros pour le vingtième affrontement de leur carrière.

La réconciliation entre Justine, la Wallonne francophone, et Kim, la Flamande néerlandophone, a eu pour cadre un match de Fed Cup disputé au mois d'avril à Liège. Après s'être boudées pendant trois saisons, les deux rivales ont accepté de joindre de nouveau leurs efforts sous la bannière belge, avec à la clé un beau succès sur la Russie, double tenante du titre.

"On ne va pas aller manger ensemble pendant Roland-Garros, mais on a mis les rancoeurs du passé dans un tiroir, on a agi en grandes pros", a dit Henin-Hardenne, victorieuse pour la deuxième fois à Paris l'année dernière.

Les rapports entre les deux championnes avaient tourné à l'aigre après la finale de l'US Open 2003. A la suite de la défaite de Kim, la presse flamande avait prêté à son père des interrogations sur l'origine d'une supposée transformation physique de l'adversaire.

Angles arrondis

Les proches de Justine Henin-Hardenne avaient mis ces propos sur le compte de la "frustration" du clan adverse, car Kim avait déjà été battue par la Liégeoise en finale de Roland-Garros trois mois plus tôt (et allait l'être de nouveau en finale de l'Open d'Australie quatre mois plus tard).

Leo Clijsters avait catégoriquement démenti avoir eu l'intention d'insinuer quoi que ce soit, mais dans une Belgique divisée entre Flamands et Wallons la polémique avait pris un tour communautaire par journaux interposés.

A partir de l'hiver 2004, le conflit s'est apaisé faute de combattantes. Les deux championnes ont été tour à tour contraintes de respecter de longues périodes de repos forcé à cause de divers problèmes physiques, en particulier un virus pour Henin-Hardenne et une blessure à un poignet pour Clijsters.

En conséquence, depuis deux ans et demi, leurs routes ne se sont croisées qu'une seule fois, en finale à Toronto l'été dernier. Dans ce tournoi sur dur, Clijsters avait pris l'avantage 10-9 dans le bilan de leurs duels.

Kim s'est définitivement débarrassée de son image de perdante incapable de faire face dans les grands rendez-vous en remportant l'US Open 2005. De tels accomplissements peuvent aider à arrondir les angles.

Petites piques

Leur relation redevenue "saine", selon Henin-Hardenne, les deux championnes ont pu se livrer au traditionnel petit jeu d'avant-match qui consiste à rejeter la pression sur l'autre.

"Justine est la meilleure joueuse sur terre battue que nous ayons", a dit Clijsters, qui ravirait la première place mondiale à Amélie Mauresmo si elle accédait à la finale.

"Je suis sûre qu'elle vous a dit que j'étais la favorite sur le papier, a répondu Henin-Hardenne en souriant. Elle dit que la terre battue n'est pas une surface qui lui convient, mais elle est allée deux fois en finale ici (2001, 2003) et elle a déjà gagné des tournois sur terre (comme Varsovie début mai). Alors non, je n'y crois pas".

Après tout, entre camarades, on peut bien s'envoyer quelques petites piques.

L'autre demi-finale opposera la Russe Svetlana Kuznetsova (N.8) à la jeune Tchèque de 17 ans Nicole Vaidisova (N.6), tombeuse de la N.1 mondiale Amélie Mauresmo en quarts de finale.

Kuznetsova, de retour à un niveau proche de celui de 2004, année de sa victoire à l'US Open, est favorite, mais tout est possible entre deux joueuses réputées pour leur fragilité mentale.