Le porte-chapeaux de Frank Dancevic a véritablement changé de tête au fil des dernières années. Alors qu’il se concentrait sur ses sorties sur le terrain en tant que joueur, le Canadien doit dorénavant porter les chapeaux de capitaine du Canada à la Coupe Davis, d’entraîneur de Vasek Pospisil et parfois même celui de la neutralité.

Comme Dancevic s’est plu à l’imager lors de l’affrontement opposant son nouveau protégé à Félix Auger-Aliassime lors de la Coupe Rogers, il était bien installé dans les gradins à applaudir les beaux coups des deux représentants de l’Unifolié.

« Je suis un peu neutre alors que j’aide les joueurs qui en ont de besoin. Tout le monde est dans le groupe, tout comme Vasek. J’étais comme la Suisse aujourd’hui, à applaudir pour tout le monde », a-t-il maintenu lors d’un généreux entretien avec le RDS.ca dans le cadre du tournoi montréalais.

Plus tôt cette semaine, Pospisil révélait sur son compte twitter que Dancevic allait occuper les fonctions d’entraîneur à ses côtés pour le reste de la saison. Le principal intéressé devra ainsi jongler entre Vasek et les autres joueurs de la délégation canadienne qui sont sous son aile en vue de la Coupe Davis.

« J’ai un nombre de semaines précises au cours desquelles j’occupe véritablement les fonctions de capitaine de la Coupe Davis. Peu importe qui a besoin de mon aide à ce moment, je suis disponible. Le reste du temps, je devrais être avec Vasek », a expliqué celui qui a succédé à Martin Laurendeau en novembre 2017.

Même s’il incarnait la neutralité sur le court central du Stade IGA, ça n’a pas empêché celui qui a déjà atteint les quarts de finale de ce tournoi en 2007 de prendre des notes sur son nouveau poulain.

Il est d’ailleurs fortement encouragé par la tenue de ce dernier dans un match chaudement disputé au cours duquel le dénouement s’est joué à peu de chose, alors qu’Auger-Aliassime a eu le meilleur au bris d’égalité de la troisième manche.

« Vasek revenait de loin, mais il a poussé son corps à la limite lors de cette troisième manche contre Félix. C’est ce que Félix fait en même temps, il vous envoie dans vos derniers retranchements. Il a bien répondu et on voit qu’il y a encore de la place pour qu’il s’améliore, donc c’est intéressant », a soutenu l'entraîneur de 34 ans.

Un tel résultat contre un joueur que Dancevic n’hésite pas à qualifier de « potentiel top-10 » a de quoi encourager et réconforter alors que Pospisil effectue son retour graduel au jeu après de nombreuses blessures.  

« Je pensais que c’était un match incroyable et je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Au premier set, on sentait qu’il hésitait quelque peu en raison de son dos et de son poignet. Je ne savais pas ce qui allait se passer », ajoutant que Pospisil a été moins hésitant lors de la 2e et 3e manche.

 « Je n’avais pas de doute sur son jeu et sur le fait qu’il pouvait jouer à un très haut niveau. C’est plaisant de voir que tout tombe en place très rapidement », a-t-il convenu.

Le désir y est et un tel match ne peut qu’être prometteur pour la suite de la saison, mais encore faut-il que le corps tienne. C’est l’ennui du demi-finaliste à Montréal en 2013, alors qu’il a été tenu à l’écart d’octobre à juillet en raison d’une blessure au dos.

À son retour à la compétition, Pospisil était exclu du top-200 mondial. Toutefois, Dancevic ne s’en fait pas trop avec le classement de celui qui a déjà occupé le 25e échelon, même s'il a éprouvé des ennuis avec son poignet qui l'ont forcé par moments à opter plus souvent pour un revers à une main.

« Nous travaillons ensemble depuis quelques semaines et la chimie est vraiment bonne. Le courant passe bien. Nous travaillons pour ajouter quelques éléments à son jeu. Il a montré contre Félix qu’il a encore le niveau pour percer le top-30 mondial », a soutenu Dancevic.

Même si la relation entraîneur-joueur est récente, les deux hommes se sont suivi au cours de leur carrière, alors que Dancevic n’est l’aîné de Pospisil que de cinq années. Son chapeau avec la Coupe Davis l’aide également à bien connaître son élève et il a déjà bien en tête les aspects qu’il souhaite travailler au cours des prochaines semaines.

« Il y a toujours des éléments sur lesquels travailler. Je veux que ses déplacements reviennent au niveau qu’il était avant sa blessure. Il doit retrouver cette rapidité afin d’être en bonne position pour frapper la balle. »

 « Il a un style de jeu agressif et c’est ce sur quoi nous travaillons présentement à l’entraînement. Il doit trouver un moyen d’imposer sa façon de jouer à son rival », a-t-il confirmé.

Le nouveau rôle de Dancevic lui offrira une place de choix pour évaluer quel rôle Pospisil pourrait être appelé à jouer lors des finales de la Coupe Davis en novembre.