Rafael Nadal a peut-être été diminué par une gastroentérite lors des derniers jours, mais il est prêt pour son entrée en lice à Madrid face à Félix Auger-Aliassime. Il faut quand même rajouter que le taureau de Manacor n'a pas gagné de titre depuis le début de l'année et qu'il s'est incliné en demie à Monte-Carlo devant Fabio Fognini et dans le carré d'as aussi à Barcelone s'inclinant devant Dominic Thiem en deux sets. Rien d'alarmant ou de honteux mais pas éclatant non plus. On chuchote également en coulisse que l'Espagnol a le bras gauche, poignet et coude pour être plus précis, en délicatesse et qu'il a perdu un peu de vitesse pour rejoindre les balles lorsqu'il est attaqué.

Bon, tout cela c'est bien beau, mais on sait fort bien que si Nadal se présente sur le central de la Caja Magica, ce n'est sûrement pas pour faire de la figuration mais pour gagner devant les siens. Auger-Aliassime est au courant de cela lui aussi alors que ce premier affrontement face au roi de la terre représente un formidable repère pour tester la qualité de ses coups et la teneur de ses attaques.

Le début du match ne déçoit pas. Jusqu'à 3-4 au premier set, Félix est celui qui mène le jeu sur une base régulière. On voit jusqu'à quel point sa première balle est de qualité et que Félix n'a pas peur de défier Rafael en coups droits avec des revers super appuyés en croisés. Le Québécois distribue bien le jeu malgré le vent. Nadal se défend, rien de plus. Mais à la huitième partie, alors que le Québécois mène 40-15 sur sa partie au service, il commet quelques bévues qui ouvrent toute grande la porte à Nadal. 

Opportuniste comme tout grand champion, Nadal brise et surtout, élève à partir de ce moment-là la qualité de son jeu de beaucoup. Rapidement, il sert pour la manche avec brio, brise d'entrée deuxième set et retrouve sa grinta habituelle et aussi son coup droit meurtrier le long de la ligne. 

Si Rafael redevient l'ogre de l'ocre que l'on apprécie depuis plus de 15 ans, du côté de Félix on sent que la fin de première manche pèse trop lourd dans la balance. Il se doit pour rester compétitif calmer son coeur anxieux, ressasser ses idées et retrouver le brave en lui. Oui il y a beaucoup de vent et c'est difficile pour l'ado de bien centrer la balle avec son coup droit d'attaque. Certes on ajoute à cela l'altitude à Madrid qui amène les services de l'adversaire à une hauteur inhumaine pour bien retourner. Sans oublier qu'il a maintenant un joueur devant qui est encore meilleur pour ajouter à son avance jusqu'à 6-3, 5-2, double bris.

Alors que l'on ne s'y attend plus, Nadal redevient nerveux et cela permet à Félix de se donner une première balle de bris et de convertir alors que Rafa sert pour le match! Oh surprise! Félix aura beau s'accrocher au meilleur de ses capacités pour sauver 5 balles de match à 5-3 mais il est à nouveau rattrapé par quelques bévues. Nadal l'emporte donc 6-3, 6-3.

Ce que ce match nous a permis de constater, c'est jusqu'à quel point ce n'est pas facile de jouer du tennis offensif alors que vent tourbillonne sans cesse. Rajouter à cela l'altitude et devant vous le plus grand joueur de terre de tous les temps. Félix a fait trop de fautes, 30 au total dont 16 en coups droits. Nadal avait plus de facilité à bomber ses frappes pour rester dans l'échange et attendre le moment propice pour déclencher. Félix avait les bons schémas d'attaque mais il a trop manqué de finition. 

Je le dis souvent, sans doute parce que cela est vrai. Il s'agit d'une autre belle expérience pour le Québécois qui joue à Madrid pour une première fois en carrière, y gagne un match et prouve que ses frappes sont de grande qualité, ses déplacements adéquats et sa première balle au service, lorsqu'elle passe, est un atout qu'il faudra de plus en plus utiliser pour titiller et battre les meilleurs. Entre-temps, il faut continuer de prendre de l'expérience, prendre soin de son corps et continuer de se développer.

En bout de ligne, on voit bien jusqu'à quel point à ce haut niveau c'est demandant et que les creux de vague, si petits soient-ils, ne pardonnent pas. La bonne nouvelle c'est que les champions en devenir comme Félix aiment que cela soit difficile car c'est l'essence même du haut niveau...