MELBOURNE, Australie (AP) - Serena Williams amène toujours des notes écrites à la main sur le court, une façon pour elle de se motiver ou de ne pas oublier l'essentiel.

Cette fois, elle n'a écrit qu'un mot: Yetunde.

Les souvenirs de sa demi-soeur assassinée ont inspiré Williams vers un triomphe de 6-1, 6-2 aux dépens de la favorite Maria Sharapova en finale des Internationaux d'Australie. L'Américaine a ainsi décroché son huitième titre lors d'un tournoi du Grand chelem, son premier depuis qu'elle s'était imposée en 2005 à Melbourne.

Mais c'était aussi sa victoire la plus surprenante.

"D'habitude j'écris, 'Regarde la balle, fonce, fait ceci, fait cela.' Aujourd'hui je n'avais qu'un mot, 'Yetunde.'

"A chaque changement de côté, je regardais ma note et je pensais à quel point elle aurait été heureuse, à quel point elle a été une personne incroyable pour moi. Je me simplement dit, 'Serena, ceci devrait amplement suffire à te motiver.' Et je pense que c'était le cas."

Dans la finale masculine, qui devait être disputée dans la nuit de samedi à dimanche, le favori Roger Federer visait un 10e titre du Grand chelem face à Fernando Gonzalez. Ce dernier participait pour la première fois à la finale d'un tournoi majeur.

Williams adorait discuter avec sa soeur après ses matchs, un plaisir qui a brusquement été interrompu quand Yetunde Price a été assassinée dans une fusillade en Californie en septembre 2003. Une série de blessures et la mort de sa soeur ont eu raison de Williams, ainsi que de la domination qu'elle et sa soeur Venus exerçaient sur le tennis féminin.

Son championnat récolté samedi était son premier en deux ans, et seulement son deuxième dans un tournoi du Grand chelem depuis qu'elle a complété son "Serena Slam" en Australie en 2003, lorsqu'elle a remporté un quatrième tournoi majeur d'affilée.

Après avoir effectué une petite danse et s'être rendue d'un côté du court pour célébrer avec sa mère, Oracene Price, Williams a expliqué à la foule de 15 000 personnes réunies au Rod Laver Arena de quelle façon elle s'était motivée.

"Avant toute chose, j'aimerais dédier ma victoire à ma soeur, qui n'est pas ici. Son nom est Yetunde. Je l'aime tellement, a-t-elle dit, la voix chevrotante. Je vais essayer de ne pas pleurer, mais j'avais dit que si je gagnais, ce serait pour elle. Alors merci, Tunde."

En 2005, elle avait encore trop de difficultés à parler en public de Yetunde.

"C'était encore trop à vif à ce moment-là. Je n'aurais jamais été capable de prononcer un mot", a expliqué Williams.

Ce n'est que depuis peu qu'elle est capable de le faire. Samedi, elle a indiqué que pendant les longs mois où elle se demandait si elle pourrait un jour remporter un autre tournoi majeur, elle se consolait en pensant à sa soeur.

"C'est sûr qu'il y a des moments où tu te demandes si, un jour, tu vas avoir la chance de toucher à un autre trophée. Surtout que je n'avais pas remporté un tournoi - et encore moins un tournoi du Grand chelem - depuis longtemps, a-t-elle reconnu. Tu te demandes, 'wow, va-t-il y a avoir une prochaine fois?"'

La réponse, dans le cas de Serena Williams du moins, est oui.