MONTRÉAL - C'est un grand chapitre de l'histoire du tennis au Canada qui prendra fin avec le départ de Louis Borfiga cet automne.

Le vice-président à l'élite de la fédération nationale, souhaite consacrer plus de temps à sa famille en France, pas de prendre la tête du tennis français, malgré les rumeurs, a-t-il précisé.

« Ça fait bientôt un an que ma femme et moi n'avons pas vu notre famille, ni mes parents, ni notre garçon, a déclaré Borfiga au cours d'une visioconférence, lundi. C'est sûr que c'est très difficile, c'est pour ça que nous avons pris la décision il y a deux ou trois mois de rentrer en France, vers la fin août ou la fin septembre. »

« Quant aux rumeurs de la Fédération française, en aucun cas je ne deviendrai son nouveau directeur technique national; en aucun cas je ne prendrai la direction du tennis français, comme l'a précisé son nouveau président, fraîchement élu il y a deux jours. Il n'a rien pu faire avant son élection. »

Borfiga et Gilles Moretton, nouveau président de la FFT, ont toutefois discuté d'un éventuel partenariat, dans lequel l'homme de 66 ans agirait comme conseiller auprès de la fédération. Comme il le fera avec Tennis Canada après son départ.

De grandes années

Borfiga est arrivé à Montréal en 2006 pour se joindre à l'équipe de Tennis Canada en tant que vice-président de l'élite. En septembre 2007, il a mis en place un programme de tennis pour les athlètes de haute performance basés à Montréal, qui est devenu le Centre national de tennis.

Grâce à ce programme, certains des meilleurs talents que le pays n'ait jamais connus ont pu se développer, Milos Raonic, Eugenie Bouchard et Rebecca Marino dans un premier temps, puis Félix Auger-Aliassime et Bianca Andreescu par la suite.

« Très rapidement après l'arrivée de Louis, il y a des résultats qui se sont mis à débouler. on s'est dit: " Coudonc! On peut gagner! ", a noté Eugène Lapierre, vice-président de Tennis Canada. On a vu qu'avec Louis, c'était possible. Son passage a réellement changé le visage du tennis au Canada. Ça va demeurer une date marquante pour le développement de notre sport pour plusieurs années. »

Sous sa gouverne, le tennis au Canada a atteint de nouveaux sommets. Au nombre des réalisations qui ont eu lieu pendant son mandat, l'équipe de la Coupe Davis a été finaliste des Finales de 2019. La même année, le Canada a obtenu son premier titre de simple d'un Grand Chelem lorsque Bianca Andreescu a été couronnée championne des Internationaux des États-Unis.

« Il y a eu beaucoup de grands moments, mais le plus grand moment du tennis canadien est la victoire de Bianca en Grand Chelem, a souligné Borfiga. Tous les pays rêvent de gagner en Grand Chelem. Le Canada avait gagné des (tournois) majeurs en double, mais jamais en simple. Tout entraîneur rêve de gagner un Grand Chelem; j'ai eu la chance de le faire en tant que responsable de la haute performance. (...) C'était un peu l'accomplissement d'un rêve. »

Succession

La personne qui le remplacera aura donc de grandes pointures à chausser. A-t-il un dauphin en place?

« Dans mon équipe, il y a des gens de grande valeur qui sont capables de prendre la suite, a-t-il indiqué. Ce sera le travail du conseil d'administration. J'espère que mon successeur sera nommé rapidement afin qu'on puisse travailler ensemble quelques mois et assurer une transition en douceur. »

Louis Borfiga a grandement fait progresser le tennis canadien

« On a annoncé ça (lundi) en raison de ce qui a transpiré à Paris au cours des deux derniers jours, a ajouté Lapierre en références aux rumeurs liant Borfiga au tennis français. Pour nous, il reste encore toute une année. Nous allons regarder ça avec Louis jusqu'à l'automne. (...) Je veux rassurer tout le monde: on a une équipe du tonnerre, que Louis a mise en place. »

Le département de la haute performance de Tennis Canada, a souffert au cours des derniers mois. L'annulation des deux volets de la Coupe Rogers et de tous les tournois de moindre envergure ont privé la fédération d'importantes sources de revenus, entraînant des coupes massives dans plusieurs programmes. Dans cette optique, le départ de Borfiga vient-il s'ajouter aux défis que doit relever Tennis Canada?

« La question est de savoir comment nos athlètes continueront de se développer, a expliqué Lapierre. L'équipe en place est forte et nous sommes confiants que nous allons sortir de bons athlètes du Centre national et de partout au Canada. »

Carrière bien remplie

Avant de se joindre à Tennis Canada, Borfiga, originaire de Monaco, a dirigé un programme similaire pour la Fédération française de tennis. Il a participé notamment au développement de joueurs comme Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Gilles Simon, Nicolas Mahut et Julien Benneteau.

Louis Borfiga explique son départ de Tennis Canada

Borfiga a également été un joueur du circuit professionnel. Il a atteint son meilleur classement en 1975 en se hissant au 308 rang mondial. Il a aussi représenté Monaco à la Coupe Davis et a été couronné champion junior de France à 14, 16 et 18 ans.

Il a mis un terme à sa carrière de joueur à l'âge de 22 ans pour devenir entraîneur au Monte-Carlo Country Club, où il a été le partenaire d'entraînement de nul autre que Björn Borg.