Roger Federer fêtera ses 40 ans dimanche, au moment où sa carrière, marquée par vingt titres en Grand chelem, une fortune approchant le milliard de dollars et une armée de supporters lui vouant un culte, arrive à un tournant.

Dix-huit ans après son premier sacre dans un Majeur, à Wimbledon, Federer passera le cap de la quarantaine au Masters de Toronto (9-15 août). A l'horizon, l'US Open (30 août-12 septembre), qui pourrait bien être l'ultime baroud d'honneur du Suisse avant qu'il ne prenne sa retraite, comme le craignent ses fans.

L'ancien No1 mondial n'a disputé que 13 matches en 2021, après une saison 2020 perturbée par la pandémie de coronavirus et marquée par deux opérations du genou, au cours de laquelle il n'a joué qu'à six reprises.

Après s'être retiré avant les huitièmes de finale à Roland-Garros afin de préparer Wimbledon, il s'est fait éliminer en quarts de son tournoi fétiche par le Polonais Hubert Hurkacz.

« Je ne sais pas. Il faut que je réfléchisse », a répondu Federer après cette cruelle défaite alors qu'on lui demandait s'il s'agissait de sa dernière apparition sur le gazon londonien.

Depuis, les signaux n'ont pas incité à l'optimisme: il a renoncé aux Jeux olympiques de Tokyo afin de se préparer pour l'US Open. Un tournoi qu'il connaît bien pour l'avoir remporté cinq fois, mais qu'il n'a plus gagné depuis 2008.

Dix ans plus tard, il a conquis son 20e tournoi du Grand chelem, à l'Open d'Australie en 2018, à 36 ans, devenant le deuxième tennisman le plus âgé à réussir un tel exploit.

Charme naturel

Depuis, Novak Djokovic a empoché huit Majeurs supplémentaires et son vieux rival Rafael Nadal en a ajouté quatre à son palmarès. Les trois hommes sont à égalité avec 20 titres chacun.

Si le natif de Bâle devait prendre sa retraite, il laisserait derrière lui une carrière longue de 23 ans, ponctuée par 103 titres -- seul Jimmy Connors a fait mieux (109)-, en ayant passé 310 semaines en tant que No 1 mondial et amassé plus de 310 millions de dollars en gains.

Son revers immaculé à une main, son charme naturel sur et hors des courts, son image lisse, loin des polémiques, ont su séduire les passionnés de tennis.

Mais sa progression n'a pas été un long fleuve tranquille: alors qu'il avait battu son idole Pete Sampras à Wimbledon, à 19 ans, en 2001, il a chuté au premier tour l'année suivante.

C'est finalement une tragédie personnelle qui lui a permis de rebondir et véritablement lancer sa carrière lorsque son entraîneur de jeunesse et ami proche, Peter Carter, a trouvé la mort dans un accident de voiture en Afrique du Sud. Dès lors, Federer s'est juré de s'imposer avec style, écartant définitivement ses vieux démons.

De grands rivaux

Celui qui est né le 8 août 1981 à Bâle d'un père suisse et d'une mère sud-africaine a commencé le tennis à huit ans.

Passé professionnel en 1998, il a remporté son premier tournoi ATP à Milan en 2001 et atteint la place de N.1 mondial après son premier succès à l'Open d'Australie en 2004.

Il compte désormais huit titres à Wimbledon, six à l'Open d'Australie, cinq à l'US Open et un à Roland-Garros, ainsi que 28 victoires en Masters 1000, une médaille d'or olympique en double en 2008 avec Stan Wawrinka et une victoire en Coupe Davis en 2014.

Un palmarès impressionnant qui pourrait être encore plus fourni s'il n'avait pas dû partager sa domination avec les deux monstres que sont Nadal et Djokovic.

Le Suisse et l'Espagnol sont amis de longue date, et ses relations avec Nole n'ont jamais été aussi bonnes. Les deux hommes ont marqué l'histoire en 2019, lorsque le Serbe a remporté la plus longue finale de Wimbledon, disputée en près de cinq heures, après deux balles de tournoi manquées par Federer.

A l'issue de ce match d'anthologie, Roger Federer avait affirmé n'avoir pas fixé de date pour sa retraite.

« C'est simplement une discussion que j'ai toujours avec ma femme à propos de notre famille, de mes enfants: est-ce que tout le monde est heureux lorsqu'on voyage ? Est-ce qu'on est heureux de faire nos valises et de partir pendant cinq, six, sept semaines ? Est-ce qu'on veut toujours faire ça ? », avait-il expliqué.

« A l'heure actuelle, on dirait que ça ne pose aucun problème, ce qui est fantastique », s'était-il réjoui il y a un peu plus de deux ans.