MONTRÉAL – La suspension de la canoéiste Laurence Vincent-Lapointe pour un contrôle antidopage positif ne pourrait survenir à un pire moment. À moins d'un an des Jeux olympiques de Tokyo, où le canoë féminin fera ses débuts, la Trifluvienne voulait se servir des Championnats du monde de canoë-sprint cette semaine à Szeged, en Hongrie, pour confirmer son rôle de grande favorite de la discipline.

Dans les circonstances, on comprend que l'athlète de 27 ans vit un cauchemar depuis qu'elle a appris, le 13 août, les résultats d'un contrôle antidopage inopiné effectué à la fin du mois de juillet.

Conformément aux règlements de la Fédération internationale de canoë, elle demeurera provisoirement suspendue jusqu'à la fin de la procédure officielle. Une audience complète aura lieu ultérieurement.

Ni la Fédération internationale ni Canoë Kayak Canada (CKC) n'a dévoilé la substance à l'origine du contrôle positif. Mais l'agence qui représente Vincent-Lapointe a confirmé en fin de matinée qu'il s'agit de traces de Ligandrol, un agent anabolisant selon l'Agence mondiale antidopage.

Cette substance ferait l'objet de récents cas de suppléments contaminés. Selon le communiqué de CKC, les informations préliminaires indiquent que ce résultat anormal « pourrait être causé par l'utilisation involontaire d'une substance interdite. »

« Je suis encore sous le choc et complètement dévastée par la situation, parce que je n'ai absolument rien fait de mal et parce que je n'ai rien à cacher. Je suis une personne intègre. La tricherie me répugne », a affirmé Vincent-Lapointe dans un communiqué.

« Je crois en un sport propre et c'est ce que j'applique comme principe dans ma vie d'athlète. Je n'aurais jamais risqué mon nom, ma réputation, ma carrière pour améliorer mes performances et creuser l'écart avec mes adversaires. »

Vincent-Lapointe, qui rencontrera les médias mardi matin pour s'expliquer davantage, a remporté six titres mondiaux C1-200 mètres et quatre médailles d'or C2-500 mètres. Elle a également remporté l'an dernier la finale en C1-5000 mètres.

« Canoë Kayak Canada soutient pleinement Laurence dans cette situation extrêmement difficile et malheureuse et nous ferons tout en notre pouvoir pour l'aider à prouver son innocence, a déclaré Casey Wade, chef de la direction de l'organisme. Nous avons de fortes raisons de croire que Laurence a pris toutes les précautions nécessaires à l'égard des règles et des procédures liées à l'antidopage et qu'elle n'a pas intentionnellement pris de substance interdite. »

Pour la Fédération internationale de canoë, il s'agit également d'un coup dur.

« Nous sommes très déçus que cela se produise à la veille de notre plus grand événement de l'année », a déclaré le secrétaire général de la Fédération internationale de canoë, Simon Toulson.

« Les droits de l'athlète doivent être respectés. Nous ne ferons donc aucun autre commentaire avant la fin de la procédure. »

Laisser sa marque

Les Championnats du monde représentaient une étape importante pour Vincent-Lapointe dans le processus de qualification olympique.

Ce printemps, à l'entraînement au bassin olympique de l'Île Notre-Dame, elle avait parlé de ses objectifs ambitieux, dont celui de se maintenir au sommet de son sport, avouant préférer le rôle de favorite à celui de négligée.

En vue des Jeux de Tokyo, les premiers pour les femmes en canoë, elle avait confié : « Je ne veux pas laisser quelqu'un d'autre gagner. Non. J'ai prévu que les premiers Jeux olympiques, je veux les gagner, je veux laisser ma marque. C'est mon objectif. Il va falloir que je sois prête à tous les niveaux. »

Ces récents événements viennent tout bouleverser pour elle. Reconnue pour sa résilience, elle mettra tous ses efforts au cours des prochaines semaines à prouver qu'elle est « innocente, honnête et une athlète propre ».