La Russie, plongée depuis l'automne dans les remous du dopage, a été confirmée par l'Agence mondiale antidopage (AMA) comme pays au coeur de la tricherie médicalisée dans le sport, avec le plus grand nombre de cas en 2014, devant l'Italie et l'Inde.

Dans le « rapport sur les violations des règles antidopage 2014 » publié par l'agence mercredi, la Russie - dont les athlètes sont toujours sous le coup d'une interdiction de JO à Rio en août -, arrive en tête avec 148 cas de dopage avérés sur les 1.693 recensés au total dans le monde. L'Italie (123) et l'Inde (96) viennent suite, avant la France et la Belgique, avec 91 cas, puis la Turquie, l'Australie, la Chine, le Brésil et la Corée du Sud.

Le fléau du dopage dans le sport est cependant largement répandu dans le monde selon l'AMA. Les tests positifs ont ainsi touché des sportifs de 109 nationalités différentes dans 83 disciplines - sachant que les contrôles sont plus ou moins rigoureux selon les sports.

Sur l'année 2014 l'AMA rapporte 2 287 tests positifs, lors de contrôles inopinés de sportifs ou d'analyses régulières réalisées en compétition.

Sur ce total, dans pratiquement deux cas sur trois (64% ou 1.462 tests), des sanctions ont été prononcées contre les sportifs, a indiqué l'AMA en soulignant que pour 2014, les sportifs étaient soumis au respect du code mondial antidopage en vigueur depuis 2009.

A ce total s'ajoutent 231 cas qui ont été mis à jour autrement que par des analyses d'urine ou un échantillon sanguin, « touchant des sportifs et des membres du personnel d’encadrement des sportifs », a déclaré David Howman, directeur général de l’AMA.

C'est selon lui la preuve de « l'importance grandissante des approches non-analytiques dans la lutte contre le dopage », une tendance renforcée par l'entrée en vigueur l'an dernier du nouveau code antidopage, qui devrait témoigner de l'efficacité des nouvelles règles.

« L'AMA attend avec intérêt le rapport (2015) qui, à notre avis, témoignera de l'efficacité du nouveau code et de l'application de pratiques améliorées par la communauté antidopage », a indiqué Craig Reedie, président de l'Agence mondiale basée à Montréal.

Le culturisme et l'athlétisme

Avec l'athlétisme et le culturisme, le cyclisme, l'haltérophilie, le football, le rugby, la lutte, la boxe ou encore la natation, sont les sports dans lesquels les analyses pratiquées par l'AMA ont révélé le plus de contrôles positifs.

Pour la Russie, plus d'un quart des cas de dopage ont été détectés en athlétisme (39 sur 148), alors que la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) doit statuer en juin sur la participation ou non des athlètes russes aux Jeux Olympiques brésiliens (5-21 août).

Une commission indépendante de l'AMA avait révélé en novembre un « système généralisé » de dopage en Russie - mêlé à un scandale de corruption -, qui avait poussé l'IAAF à priver temporairement ce géant de le l'athlétisme de toutes compétitions internationales.

Cette commission avait pointé les actions délibérées de l'Agence russe antidopage (Rusada) pour dissimuler des cas positifs impliquant des athlètes russes. Mi-avril, l'AMA avait révoqué l'accréditation du Centre antidopage de Moscou, dont les manipulations avec les analyses d'urine ou de sang avaient été suspendues à l'automne dernier.

Pour tenter de lui redonner de la crédibilité et de la confiance aux sportifs, l'AMA a décidé plus tôt cette semaine de dépêcher des experts pour superviser la refonte des programmes de la Rusada. Une étape essentielle pour éventuellement décrocher le feu vert de l'IAAF pour Rio.

Dans son rapport, l'AMA pointe un usage du dopage beaucoup plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, avec 79 % de contrôles positifs masculins.

Pour l'Italie et la France, c'est le cyclisme qui remporte la palme peu reluisante du plus grand nombre de contrôles positifs, alors qu'en Belgique il s'agit du culturisme.