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L'AMA assigne un procureur pour revoir la gestion du dossier des nageurs chinois

Witold Banka Witold Banka - Getty
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Mise à jour

L'Agence mondiale antidopage, qui a été vertement critiquée pour son manque de transparence dans la gestion des tests antidopage positifs des 23 nageurs chinois obtenus avant les Jeux olympiques de Tokyo en 2021, a annoncé jeudi qu'elle avait assigné un réputé procureur suisse pour revoir sa gestion de l'épineux dossier.

L'organisation, dont le siège social est installé à Montréal, a indiqué qu'Éric Cottier sera un procureur indépendant chargé « de procéder à une révision complète du dossier par l'AMA ».

Cottier a été le procureur général du canton de Vaud — le canton dans lequel se trouvent les sièges sociaux du Comité international olympique et de World Aquatics — pendant 17 ans, avant d'annoncer sa retraite en décembre 2022.

Le procureur devra livrer un rapport, a précisé l'AMA, « d'ici deux mois » — quelques semaines seulement avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, où certains des nageurs chinois évoqués dans ce dossier pourraient  de nouveau lutter pour une place sur le podium.

Trois des 23 nageurs chinois ont gagné l'or aux Jeux olympiques de Tokyo de 2021, où des nageurs américains et britanniques ont obtenu l'argent.

On ignore pour l'instant si Cottier se rendra en Chine pour rencontrer des témoins qui ont été impliqués dans l'enquête initiale de 2021.

Le rapport de Cottier sera transmis au comité exécutif de l'AMA. Sa vice-présidente, Yang Yang, est une double médaillée d'or en patinage de vitesse courte piste d'origine chinoise et une ex-membre du CIO.

Lundi, après après avoir analysé un documentaire et de nombreux articles de journaux, l'AMA a maintenu sa décision de blanchir 23 nageurs chinois qui ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, malgré le fait qu'ils aient testé positif à une médication cardiaque proscrite.

L'AMA avait publié un communiqué, à la suite de la diffusion par la chaîne allemande 'ARD' d'un documentaire portant sur cette histoire, dimanche.

Dans un autre communiqué transmis un peu plus tôt après la publication de nombreux articles sur le sujet, l'AMA avait mentionné qu'elle s'était entendue avec les autorités chinoises et déterminé que les échantillons fournis par les nageurs avaient été contaminés. Cette contamination se serait produite dans la cuisine d'un hôtel ayant accueilli des athlètes chinois à Tokyo.

Le quotidien 'The New York Times' a rapporté que les autorités antidopage chinoises ont déterminé que les résultats des tests étaient «des résultats d'analyse anormaux», mais ont blanchi les nageurs sans aucune sanction après que les échantillons aient été déclarés positifs en raison d'une contamination.

Les nageurs chinois ont ensuite remporté trois médailles d'or. Les États-Unis, deux fois, et la Grande-Bretagne ont terminé deuxièmes de ces épreuves.

« Après l'analyse du documentaire par l'AMA, l'agence maintient fermement les résultats de son enquête scientifique et sa décision juridique concernant l'affaire », avait déclaré l'AMA dans un communiqué transmis dimanche.

L'agence a précisé que la substance interdite qui avait été retrouvée dans les échantillons était le trimétazidine (TMZ), un médicament utilisé afin de prévenir les angines de poitrine, mais aussi pour les cas de vertiges ou de baisses de l'acuité visuelle. Elle a ajouté qu'elle n'avait aucune preuve lui permettant de contester les conclusions de l'agence antidopage chinoise, estimant qu'il s'agissait d'une contamination de l'environnement des athlètes.

La médication au centre de cette affaire avait aussi mené à la suspension de la patineuse artistique russe Kamila Valieva aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin, en 2022. L'AMA avait alors rapidement réagi pour suspendre Valieva quand son résultat positif a été obtenu.

Le nageur étoile chinois Yang Sun a subi un test positif au TMZ et a été suspendu trois mois en 2014. Ce cas avait aussi été passé sous silence par les autorités chinoises et internationales de natation, entraînant de vives critiques quand il a remporté des épreuves aux Mondiaux, l'année suivante. Sun a plus tard été suspendu pour avoir contrevenu aux règles antidopage, une affaire très médiatisée à laquelle l'agence a assuré un suivi.

L'AMA a mentionné que sa position dans le plus récent cas chinois avait également été adoptée par World Aquatics, qui chapeaute la discipline sur la planète.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Chine, Wenbin Wang, a indiqué lundi que les informations diffusées dans les médias étaient «de la désinformation et une déformation des faits», et a réaffirmé la décision de l'AMA.

Wang a indiqué que l'enquête chinoise avait démontré que les résultats positifs étaient une conséquence de contamination alimentaire que les nageurs impliqués n'avaient pas commis de faute ou fait preuve de négligence. Les règles antidopage des sports olympiques exigent toutefois une suspension provisoire, à laquelle ont échappé les nageurs chinois, en cas de tests positifs au TMZ.

« Je veux réitérer que le gouvernement chinois maintient une position stricte de tolérance zéro envers le dopage, suit rigoureusement le Code de l'AMA, s'assure de préserver la santé mentale et physique des athlètes et le franc jeu des compétitions sportives, en plus de contribuer positivement aux efforts mondiaux dans la lutte antidopage », avait déclaré Wang.

Les 30 nageurs de la délégation chinoise à Tokyo ont remporté six médailles aux JO en tout, dont les trois médailles d'or mentionnées plus haut.