Montréal, le 5 février 2009 - Être choisi pour arbitrer lors de la Classique mondiale de baseball, un tournoi qui regroupe les meilleurs joueurs de baseball de la planète, autant amateurs que professionnels, c'est évident qu'il s'agit pour moi d'un des grands moments de ma carrière d'arbitre de baseball. Alors, dans un premier temps, j'aimerais partager avec vous la séquence des événements qui m'ont amené à accepter une invitation… indéniablement impossible à refuser!

Tout a commencé au mois de septembre dernier. Ma saison d'officiel dans la Ligue de baseball élite du Québec (LBÉQ) et dans la Ligue de baseball senior élite du Québec (LBSÉQ) tirait à sa fin. La session d'automne à l'école venait de commencer, le petit train-train quotidien se réinstallait tranquillement. Puis, un matin, le téléphone sonne. L'appel est en provenance d'Ottawa, c'est André Lachance, le gérant des opérations à Baseball Canada. Sans préciser le pourquoi de son appel, il me demande d'entrée de jeu si je peux me libérer de mon travail d'enseignant pour une période de trois à cinq semaines au cours de l'année scolaire.

Je vous avoue bien candidement que sa question m'a troublé au plus haut point! Mon sang n'a fait qu'un tour et mon cœur s'est mis à battre la chamade. Il n'y avait rien d'autre que la Classique mondiale de baseball qui pouvait justifier pareille demande provenant de Baseball Canada.

Cachant du mieux possible la frénésie qui venait de s'emparer de tout mon être, j'ai répondu : « Tout est possible, mais rien n'est facile. Il faudrait une raison vraiment exceptionnelle pour justifier une absence du travail aussi prolongée ». Il réplique sur le champ : « La classique mondiale de baseball, est-elle une raison suffisante? »

Wow! Quel honneur! Je suis sur un nuage. De plus, André m'annonce que mon bon ami Corrie Davis de l'Alberta est également choisi pour œuvrer dans cette deuxième édition de la Classique mondiale. Et, comme si j'avais besoin d'être convaincu, il ajoute : « Il y a 16 nations qui participent à cette compétition, chacune d'elle a déjà annoncé que plusieurs joueurs des ligues majeures de baseball seront de la partie. Ils tenteront tous de gagner la plus prestigieuse des compétitions de baseball au monde. »

Impossible de refuser une telle offre. Mais, il me faut obligatoirement obtenir l'autorisation de mon employeur au préalable. Je transmets ma demande de congé à mon directeur d'école et à mes patrons de la Commission scolaire. La réponse ne tarde pas à venir : « Nous partageons avec vous ce grand honneur », m'écrive-t-il, « votre demande de congé est accordée! »

Impossible de vous décrire dans quel état d'esprit je me trouve. J'avise André Lachance que j'ai l'autorisation de mon employeur de m'absenter… et donc de participer à la Classique mondiale de baseball 2009!

Puis, je reçois un appel du superviseur en chef des arbitres de la Fédération internationale de baseball (IBAF), monsieur Richard Runchey! C'est vraiment suite à cet appel que j'ai compris toute l'importance de cette compétition. Imaginez : Derek Jeter, Big Papi Ortiz, Alex Rodriguez, Russell Martin et beaucoup d'autres joueurs, les meilleurs au monde qui fouleront les mêmes terrains que nous… neuf arbitres issus des rangs amateurs.

Monsieur Runchey m'explique qu'il a reçu le mandat de sélectionner les neuf meilleurs arbitres amateurs au monde! Des officiels qui seraient capables de travailler présentement dans les ligues majeures, tant au marbre que sur les buts. Re wow! Inutile de vous dire qu'à l'autre bout du fil, je « tripe »! C'est une des plus fortes émotions que le baseball m'ait donné de vivre.

Le superviseur en chef de l'IBAF estime à 60 000 le nombre d'arbitres amateurs qui oeuvrent actuellement au sein des 125 pays membres de la fédération. De ces officiels, dit-il, environ 250 ont atteint le niveau international.

Et Runchey est bien outillé pour choisir parmi ce lot. Il a eu personnellement l'occasion de voir à l'œuvre la grande majorité d'entre eux, et ce, lors de plusieurs compétitions internationales comme les Jeux olympiques, les tournois de la Coupe du Monde, etc.

Qui plus est, pour l'aider dans sa sélection, il peut compter sur une équipe de superviseurs internationaux… et sur leurs rapports de championnats. Il compte donc sur plusieurs fiches de supervision relatives à nous.

Et je suis chanceux! Runchey a été mon superviseur en chef lors du tournoi de la Coupe du Monde de baseball de 2005, une compétition disputée en Hollande. Il a largement eu l'occasion d'évaluer mon travail sous la pression.

Finalement, lors d'une autre conversation téléphonique que j'aurai avec lui, il m'explique que je dois participer à un camp de formation d'arbitres des ligues majeures (MLBUC) à Campton en Californie au mois de novembre 2008. Il précise qu'évidemment toutes mes dépenses seront payées par les ligues majeures de baseball (Major League Baseball)!

Des neuf officiels sélectionnés, seul Nelson Diaz de Cuba sera absent. Il n'obtiendra pas de visa de séjour. Ce camp de perfectionnement n'est pas uniquement pour nous. Il est offert à tous les arbitres qui désirent apprendre le métier, se perfectionner ou devenir un arbitre professionnel.

Les formateurs sont exceptionnels. Une majorité d'entre eux ont connu de belles carrières dans les ligues majeures. Ne mentionnons que Rich Rieker, Bruce Froemming, Larry Young, Steve Ripley et Jim McKean!

Et j'ai aussi eu l'occasion de rencontrer de gens extraordinaire, dont entre autres d'un dénommé Steve Rogers… une idole de jeunesse!

Dans un prochain texte, je partagerai avec vous, l'expérience exceptionnelle de ce camp de perfectionnement.

À la prochaine,

Stéphane Dupont.

Collaborateur au texte: Jacques Lanciault