Une manche a pris fin lors du camp d’entraînement, une manche d’exhibition comme des milliers d’autres qui ne comptent pas. Mais cette manche était un peu différente.

C’était la première manche lors de laquelle Mariano Rivera s’exécutait en 10 mois, quelques heures après une conférence de presse où il annonçait officiellement sa retraite à la fin de la saison 2013, entouré de sa famille et de ses coéquipiers. À un certain moment, alors qu’il jetait un coup d’œil à ces derniers, il a semblé au bord des larmes, mais il a repris le contrôle de ses émotions à travers toute la nervosité. Cette annonce n’était pas une surprise étant donné le fait que Rivera avait initialement prévu se retirer la saison précédente avant même sa blessure au genou.

Les éclaireurs rassemblés sur place pour observer la foulée quotidienne de lancers et d’élans samedi ne savaient pas s’ils allaient revoir le même Rivera d’antan, s’il allait démontrer des signes de vieillesse ou bien de la rouille.

« Vous n’êtes pas censé ressentir des frissons en regardant un entraînement printanier », s’est exclamé l’un d’entre eux.

Plus tôt ce jour-là, le receveur Chris Stewart a mis en veille la lecture de la biographie de Bobby Fischer pour considérer la possibilité qu’il soit l’élu qui attraperait cette année le dernier lancer de la carrière de Rivera et il a laissé entendre à quel point ce serait fantastique. Mais pour le moment, tout n'est que routine. Stewart a envoyé la balle dans le gant de Rivera pour marquer le début de la pratique. 

Dès le premier lancer, les éclaireurs ont sorti leur radar de vitesse, témoins de la même aisance dont Rivera a fait preuve toute sa carrière. Une balle rapide coupée, prévisible : 90 mp/h. Sans l’adrénaline d’un match de calendrier régulier ou d’une présence en 9e manche : 90 mp/h. Semblable à ce qu’il a présenté lors des cinq ou six dernières saisons.

La suivante : 91 mp/h. La balle, comme toujours, suivait une courbe du côté éloigné des frappeurs droitiers. Dans le coin de la plaque, là encore, comme d'habitude.

Puis il a atteint les 92 mp/h. Un indicateur de la manche au complet, avec des balles allant de 90 à 92 mp/h. Rivera a conclu avec une troisième prise sur une autre rapide coupée qui a frôlé le coin extérieur.

En général, c’est un camp d’entraînement désastreux pour les Yankees de New York jusqu’à maintenant. Ils n’ont plus la même marge d’erreur que par le passé. Ils ont déjà perdu Curtis Granderson (fracture à un bras) et Mark Teixeira (poignet droit). Derek Jeter, tout comme Rivera, a repris l’action pour la première fois samedi à titre de frappeur désigné. Malgré un premier élan qui s’est soldé par un simple au champ gauche, il a semblé peiner et boiter quelque peu en accourant au premier but. Il ne sera toutefois pas possible de vérifier s'il a régressé en défense avant qu’il ne tente d’attraper des balles frappées au centre ou à sa droite. Actuellement, les entraîneurs lui envoient des balles au sol tout droit en sa direction. Il faudra attendre afin de le savoir.

Quand Rivera a quitté le monticule à la fin de la manche, certains dirigeants des Yankees ont sûrement laissé échapper un soupir de soulagement; la position de releveur ne sera pas un problème. Il a eu l’air excellent, il a eu l’air du bon vieux Rivera.

Rivera a déclaré qu’il s’agirait de sa dernière campagne, et il n’y a aucune raison de ne pas le croire sur paroles, mais il donne l’impression qu’il serait capable de lancer pendant encore quelques années supplémentaires si jamais il devait changer d’idée.