Juste avant d’exécuter son premier lancer, Roy Halladay s’est placé derrière le monticule et s’est penché vers l’avant comme on verrait quelqu’un le faire un week-end le matin du jour de la Saint-Patrick.

J’ai tenté de me rappeler si le futur membre du Temple de la renommée avait une espèce de routine à la Turk Wendell, s’il avait l’habitude de botter un sac de résine ou de dessiner quelque chose dans la terre pour la chance. Mais ce n’est pas vraiment le style de Halladay, alors quand les Phillies ont annoncé qu’il avait dû quitter la manche en raison d’un virus à l’estomac, l’explication m’a semblé plausible.

De toute façon, les théories du complot qui stipulaient qu’on lui avait demandé de partir en raison de la vélocité de sa balle ne sont pas pertinentes. Avec le temps, ce sont les frappeurs qui nous diront si ses problèmes au camp printanier son temporaires ou permanents. Il remontera éventuellement sur le monticule lorsqu’il se sentira mieux et il devra essayer de retirer les frappeurs, peu importe sa façon de lancer. À ce moment, nous pourrons juger.

Les drapeaux rouges s’agitent toujours au-dessus de la tête de Halladay, qui a connu il y a six jours une mauvaise sortie lors de laquelle il ne pouvait ni bien contrôler sa balle, ni la lancer très fort. Sa brève apparition de dimanche – pour ce que ça vaut – n’a pas été très concluante non plus. Des éclaireurs assis derrière le marbre ont informé que leur radar de vitesse pointait entre 85 et 87 mp/h et qu’à mesure que la manche progressait, il avait de la difficulté à maîtriser sa balle rapide.

Si Halladay retrouve ses marques, la situation des Phillies sera bien différente parce qu’il y a beaucoup de positif de leur côté ce printemps. Ryan Howard défonce la balle, jusqu'à l'autre côté de la clôture. D'après lui, son congé en raison d'une blessure lui a permis de retrouver sa concentration et de visionner des vidéos de 2008 alors qu’il s'appliquait à viser la gauche et le centre-gauche du champ. Domonic Brown, en collaboration avec Wally Joyner, a appris à desserrer sa prise avant le début du camp et son élan est maintenant meilleur.

Comme c’est le cas presque chaque matin depuis l’ouverture du camp, Michael Young était sur le terrain à 8 h 50 dimanche afin d’attraper les balles roulantes de Ryne Sandberg. Son approche à l’arrêt-court n’est pas la même au troisième but. Lorsqu’il est arrivé au camp, Sandberg lui a conseillé de rester bas afin de pouvoir réagir plus rapidement. Tandis que Sandberg lui claquait des roulantes, Young avait l’air d’un homard, acroupi presque face contre terre au champ intérieur. Selon les Phillies, il se débrouille bien à cette position.

Chase Utley en a maintenant fini avec sa rééducation à un genou et il se concentre dorénavant sur les exercices, mais il affiche cependant une certaine prudence. Lorsque les Phillies se sont amenés au champ intérieur pour faire des exercices avant la pratique au bâton, Utley n’était pas sur le terrain. Ce n’est tout simplement pas nécessaire; il est préférable de demeurer conservateur afin de préserver Utley pour la saison régulière.

Le moindre petit changement sert à revigorer l’équipe et à amener de l’énergie. Certains joueurs disent voir la différence, de la vision des entraîneurs des frappeurs Steve Henderson et Joyney à la présence de l’instructeur des receveurs Mick Billmeyer dans l’abri. Ben Revere, le nouveau venu au champ centre, amène beaucoup d’énergie et Young est fortement apprécié  en raison de son éthique de travail au quotidien. Les Phillies ont un groupe similaire à celui des six dernières campagnes et le sentiment chez la direction était que du changement était nécessaire.

Toutefois, dans une division qui inclut possiblement l’équipe la plus dynamique, les Nationals, et une machine de puissance bien rodée comme les Braves, la transformation des Phillies ne vaudra pas grand-chose si Halladay ne se ressaisit pas. Les Phillies ont besoin de leur « Big Three » composé de Cliff Lee, Cole Hamels et Halladay s’ils souhaitent prétendre aux grands honneurs. Ça fait longtemps que Halladay ne s’est pas comporté comme un lanceur de premier plan.

La différence entre la saison 2011 et celle de 2012 est énorme. L’an dernier, Halladay a connu une seule sortie où il a présenté une moyenne de vitesse supérieure à 91,4 mp/h. C’était le 7 mai, contre les Mets, et ce jour-là, sans surprise, il a connu une performance typique d'un Halladay en concédant seulement deux points en sept manches. En 2011, il a surpassé cette moyenne lors de 26 de ses 32 départs.

L’an passé, il n’avait pas du tout les mêmes armes que lors des précédentes saisons et ses performances en ont souffert grandement alors que sa moyenne de points mérités a dépassé les 2,00.

Les signes avant-coureurs ne sont pas bons. C’est pourquoi sa prochaine sortie sera la plus épiée ce printemps, après son faux départ dimanche. Les radars ne sont vraiment pas nécessaires, les frappeurs adverses nous diront si Halladay est dans le pétrin et si les Phillies, eux aussi, le sont.