Le combat entre Jean Pascal et Bernard Hopkins approche à grands pas et j'étais content d'entendre que notre protégé a prouvé durant son camp d'entraînement qu'il est encore meilleur qu'au moment de son affrontement contre Chad Dawson.

Les derniers échos que j'obtiens de la préparation de Jean sont excellents! J'ai justement eu la chance de discuter avec son préparateur physique Pedro Diaz la semaine dernière lors de son passage à Montréal pour le combat de David Lemieux.

Je parle déjà régulièrement avec Jean, mais ce dernier est de nature positive et il me dit toujours de bons commentaires. C'était donc intéressant d'obtenir le point de vue de Pedro qui me disait que Jean a encore progressé et qu'il a encore une fois gagné en maturité.

De plus, il était extrêmement content de l'implication de Jean à l'entraînement en raison de sa discipline et de sa détermination. Il m'a assuré que son niveau de préparation sera impeccable.

Jean sera de retour à la maison le 10 décembre et je peux vous dire qu'il a très hâte au combat! En tant que vrai compétiteur, il ne boxe pas pour se débarrasser et profiter ensuite de la gloire. Il aime plutôt se retrouver sur le ring tout en appréciant ce qui se passe avant dont l'entraînement et les conférences de presse. D'ailleurs, c'est essentiel que ce soit ainsi pour connaître une longue carrière dans ce domaine.

À l'opposé, je connais quelques boxeurs pour lesquels ça s'avère un supplice de disputer un combat et ils ont hâte que ce soit terminé pour profiter de la renommée et de l'argent.

Cette passion pour son métier lui a même joué des tours dans le passé alors qu'il aimait mieux nous cacher qu'il était blessé pour ne pas reporter ses combats…

Comment contrer l'expérience de Bernard Hopkins?

Opposé à un boxeur aussi expérimenté que Hopkins, Jean doit être prêt à toutes les éventualités. Voilà pourquoi son équipe composée notamment de Marc Ramsay, Russ Anber, Rob Schinke et Pedro ont décortiqué toutes les séquences et les trucs de Hopkins. Ils ont ensuite mis cela en pratique à l'entraînement pour que ça devienne des automatismes dans la tête de Jean.

L'entraînement de Jean se fait avec une approche très scientifique. En fait, il s'agit de l'approche cubaine où rien n'est laissé à la légère. Par exemple, ils ont étudié le profil psychologique de son adversaire pour comprendre comment il réagit dans des circonstances particulières allant jusqu'à ses réactions sur le ring en fonction de diverses stratégies que Jean pourrait utiliser.

Ainsi, je suis convaincu que Jean sera prêt à s'adapter quand il aura à le faire et ce sera la clé car ça représente la plus grande capacité de Hopkins. Afin de connaître du succès, Jean devra comprendre rapidement les situations qui se présentent devant lui et il devra éviter d'être mécanique. Il faudra aussi qu'il se montre créatif en gardant toujours Hopkins sur le qui-vive.

Bien sûr, Jean devra très bien écouter ses hommes de coin et il a bien compris cela depuis son combat contre Carl Froch. C'est un élément crucial! Je tiens à ajouter que le coin de l'entraîneur Marc Ramsay est l'un des plus efficaces que j'ai pu voir dans ma carrière. Marc, Russ et Michel Moffa - avec Pedro qui n'est pas très pas loin - se complètent à merveille.

Jean aura aussi une stratégie oratoire!

Peut-être que vous ne le saviez pas, mais Jean adopte aussi une stratégie pour ses déclarations avant ses combats. Ses propos sont calculés afin d'influencer son adversaire et sa tactique.

Je ne peux pas dévoiler comment Jean abordera la « guerre » des mots avec Hopkins, mais je peux vous confirmer qu'un plan est élaboré pour cette étape qui précède le combat. Cette approche est choisie en fonction de ce qu'il aura appris sur le profil psychologique de Hopkins.

Antonin Décarie déclarait à ce sujet la semaine dernière que Pascal avait lancé à Dawson qu'il espérait qu'il ne se sauve pas comme un chicken dans le ring pour que ce dernier soit piqué au vif et qu'il fonce vers lui. Antonin a raison puisque toutes les déclarations de Jean sont calculées même s'il a parfois l'air de seulement réagir sur l'émotion du moment.

Par contre, je suis persuadé que Hopkins tentera aussi de trouver des déclarations et des façons pour s'imposer dans les étapes avant le combat. S'il ne le fait pas avec l'aide d'un psychologue sportif, son expérience lui permettra de comprendre ce qui se passe et je suis certain qu'il voudra influencer Jean au niveau de sa confiance et sa stratégie.

Si Jean aime participer aux événements tenus avant un combat, Hopkins se montre très collaborateur puisqu'il est un vrai pro. Il a appris à travers les années que ça fait partie des responsabilités d'un boxeur professionnel de se prêter à ce jeu.

Une soirée de grande envergure

Nous travaillons déjà depuis longtemps pour finaliser les détails de cet événement du 18 décembre. Évidemment, la logistique est beaucoup plus imposante avec un gala à Québec puisque tous les gens vont demeurer à l'hôtel.

Présentement, tout est organisé et il reste à s'assurer que tout est correct et que tout le monde soit à la bonne place pour les entrevues, l'entraînement public, le transport et le montage de la salle.

Plus de 250 personnes travailleront à l'événement qui sera diffusé en direct dans une vingtaine de pays dont les États-Unis. C'est réellement et sans conteste le plus gros événement auquel j'ai participé et que ce soit comme entraîneur ou administrateur.

Une victoire précieuse pour St-Juste

Je l'admets, j'ai été surpris que le combat entre Renan St-Juste et Sébastien Demers se termine aussi rapidement, mais la clé c'est que Sébastien n'a pas été capable de se faire respecter. Il se déplaçait beaucoup et il n'a pas touché Renan qui pouvait donc lancer impunément de grands coups d'assommoir.

C'est une belle victoire de Renan surtout dans cette division et il se retrouvera haut dans les classements. À la suite de sa contre-performance au mois de mai à Québec, il profitera d'une très bonne lancée.

Dans le cas de Sébastien, ce sera difficile et ça prouve de nouveau que la boxe est cruelle. Un jour, tu gagnes et le lendemain tu n'es plus rien en raison de deux défaites consécutives. C'est évident qu'il doit prendre un bon repos en plus de se poser des questions et nous aurons ensuite de bonnes discussions.

Pour Renan, il se retrouve en position pour accomplir de grands projets. Par contre, la différence entre quelque chose qui se réalise ou non, c'est seulement les occasions qui se présentent.

Je songe notamment à Robert Stieglitz qui est le champion de la WBO. Je sais que le clan de ce dernier a des négociations pour un affrontement contre Lucian Bute et peut-être que Renan serait une option si ça achoppait de ce côté.

La chose la plus importante, c'est que tu es éligible à te battre en championnat du monde quand tu appartiens au top 10 mondial alors qu'on ne parle même pas de ta candidature quand tu demeures à l'extérieur de ce groupe. Je souhaite seulement que Renan (38 ans) obtienne l'occasion recherchée.

Ce n'était pas un combat inutile pour Lemieux

Je termine cette chronique en revenant sur le dernier combat de David Lemieux contre Purnell Gates. Certains amateurs prétendent que ce combat était de trop dans le développement de David, mais je ne crois pas cela et j'en suis convaincu.

En fait, on ne peut pas prévoir qu'un adversaire tentera de se sauver. Auparavant, David a toujours affronté des adversaires qui venaient pour se battre contrairement à celui-ci.

C'est probablement étrange à dire, mais je considère que David a effectué sa meilleure performance en conférence de presse. On lui a demandé s'il était frustré que son combat se soit terminé ainsi et il a répondu pas du tout car c'était une autre victoire.

On voulait aussi savoir s'il était frustré d'avoir dû s'imposer un camp coûteux et exigeant en Floride pour se préparer. Il a dit non car tu apprends énormément en t'entraînant avec Jean et d'autres grands boxeurs et que ça fait partie de son apprentissage global comme boxeur. David a ajouté qu'il ne perdra jamais ce qu'il a appris et qu'il sera meilleur dans l'avenir.

Quand je l'ai entendu dire cela, je me suis dit qu'il avait vraiment tout compris.

*Propos recueillis par Éric Leblanc