LAVAL - Pierre Boivin en a marre qu'on blâme le Canadien de Montréal pour la faible représentativité québécoise au sein de l'équipe. Le président du CH a élevé la voix quand on a abordé le sujet, jeudi, saisissant l'occasion afin de remettre les pendules à l'heure.

"Ce n'est pas un problème du tout, a commencé par dire Boivin, dans le cadre du tournoi de golf du Tricolore au Club Laval-sur-le-Lac. C'est un sujet qui tient à coeur les Québécois et les partisans, c'est tout à fait normal. Mais dans le sport, comme partout ailleurs, on doit composer avec des cycles.

"Ce n'est pas par souhait que nous aurons seulement trois joueurs francophones cette saison, a-t-il poursuivi, qu'il y en a eu huit la saison dernière, et qu'il y a déjà eu des années au cours de la dernière décennie où nous en avons compté près d'une douzaine. Et espérons qu'il n'y en aura jamais moins de trois.

"Mais (engager des francophones) ce n'est pas comme faire l'épicerie. On ne descend pas une allée, puis on décide d'acheter tel ou tel produit et on le place dans notre panier. C'est plus compliqué que ça."

Le président avait bien fait ses devoirs. Il a par la suite déballé une série de faits afin d'appuyer son argumentation.

"Il y a 43 joueurs québécois qui ont joué plus de 40 matchs dans la LNH la saison dernière, et le Canadien en avait huit. C'est à dire 20 pour cent. Et il y a des gens qui disaient que huit joueurs, c'était insuffisant. Cette saison, nous n'en aurons trois parce que tous les efforts qu'on a faits n'ont pas rapporté de dividendes. Ça ne veut pas dire que nous n'avons pas essayé. Au repêchage, nous avons réclamé Louis Leblanc au premier tour."

Boivin a dit trouver injustifié qu'on avance que le Canadien est insensible au facteur de la représentativité francophone.

"C'est un mensonge. On lance des faussetés et j'en ai marre. Il est temps que quelqu'un corrige le tir, en disant la vérité", a-t-il affirmé.

"Le fait franco est au coeur de nos préoccupations, a-t-il repris du même souffle. Il n'y a pas une équipe qui se concentre plus que le Canadien de Montréal sur les joueurs du Québec. Il n'y a pas une équipe qui a repêché plus de joueurs québécois que le Canadien depuis que Bob Gainey et moi sommes en poste. Faites vos devoirs, vous verrez que j'ai raison. Il n'y a pas une équipe qui évalue le talent québécois plus que la nôtre. On tient une séance d'évaluation, qu'on appelle 'combine', avec des Québécois qu'aucune autre équipe ne rencontre. Peut-être qu'un jour, on va dénicher un diamant. C'est ce qu'on espère."

Boivin n'a pas manqué de souligner que l'équipe mise sur deux recruteurs affectés uniquement au Québec et qu'elle comptera cette saison sur cinq entraîneurs francophones sur les sept qu'il y aura chez les Bulldogs de Hamilton et à Montréal.

"Quelle équipe s'occupe du développement des entraîneurs francophones, si ce n'est pas le Canadien? Faites le décompte des entraîneurs francophones dans la LNH et vous verrez combien sont passés par Montréal.

"Il y a un directeur général dans la Ligue nationale qui peut s'exprimer en français et il est à Montréal (Gainey). Il y a une seule équipe dans la ligue qui est entièrement francophone, du propriétaire jusqu'au dernier des dirigeants. Alors, s'il vous plaît arrêtez de dire que nous sommes insensibles au fait français."

Une équipe améliorée

Cela dit, Boivin a assuré les partisans qu'ils verront à l'oeuvre cette saison une équipe compétitive, voire meilleure que celle de l'an dernier. Il y a un an, Boivin avait parlé de coupe Stanley.

"Il n'y a pas une équipe qui n'a pas comme objectif de remporter la coupe, a-t-il souligné. C'est légitime, en raison de la parité qui existe au sein de la ligue. Personnellement, j'estime que nous avons le potentiel pour se situer dans le premier groupe des meilleures équipes de la ligue.

"Nous demeurons une jeune équipe, a-t-il analysé, mais plus expérimentée si on regarde la feuille de route de nos nouveaux joueurs. Nous sommes plus talentueux, plus rapides et plus robustes, même si on a fait l'acquisition d'attaquants de petite taille. On a ajouté de l'expérience en défense et on a un nouveau personnel d'entraîneurs amélioré.

"Il faudra voir comment la 'chimie' va s'installer, mais on a tous les éléments pour connaître une très bonne saison et aspirer aux grands honneurs. Auparavant, on devra se tailler une place en séries éliminatoires. Comme on l'a constaté la saison dernière, il peut se produire plusieurs choses en cours de saison."

En terminant, Boivin a dit n'avoir jamais craint pour son poste au cours du processus de vente du Tricolore. Jeudi matin, la rumeur selon laquelle il quitterait la présidence allait bon train.

"Les médias anticipent des choses, à tort ou à raison, a-t-il commenté. Ce n'est pas un reproche que je fais, c'est une constatation. Je connais la famille Molson depuis plusieurs années. Rappelez-vous, ce sont les Molson qui m'ont recruté, avant de vendre l'équipe au début des années 2000. Les revoilà de retour, prêts à poursuivre dans la voie tracée par la famille Gillett. Ils se sont entourés de formidables partenaires, qui ont fait leurs preuves. Tous ensemble, nous allons travailler afin d'améliorer l'équipe et de connaître du succès. A compter d'aujourd'hui, tout sera centré sur l'aspect hockey", a-t-il conclu.