Le Canadien a-t-il envoyé Jaroslav Halak dans la mêlée dans le but de le montrer aux autres équipes? Je ne crois pas. Les directeurs généraux de la Ligue nationale connaissent déjà le grand potentiel du gardien slovaque en raison notamment de ses performances en fin de saison l'an dernier.

Sans l'ombre d'un doute, le Canadien ne se serait jamais qualifié pour les séries éliminatoires sans le brio de Halak, qui s'est à ce moment fait un nom.

En effectuant 45 arrêts sur 46 lancers face aux Sénateurs mardi, Halak a démontré une fois de plus qu'il appartenait au groupe des gardiens de but numéro un de la LNH. Et je pense que c'est le moment que le Canadien le laisse partir. Je m'explique.

Jaroslav Halak a longtemps été sous-estimé puisqu'il était méconnu dans cette ligue - il est vrai qu'il est passablement difficile de se faire un nom quand on joue dans l'ombre de Carey Price depuis des années. Toutefois, il a prouvé hors de tout doute qu'il était en mesure de voler un match, et ce, dans n'importe quelle circonstance. Et en plus, il s'avère un excellent joueur d'équipe, apprécié de ses coéquipiers et qui ne dit jamais un mot pour se plaindre.

Or, à l'heure actuelle, plusieurs équipes sont à la recherche de ce type de gardien. Je n'ai qu'à penser aux Flyers qui viennent de perdre les services de Ray Emery pour six semaines et qui traversent une crise d'identité assez importante. Croyez-vous que Brian Boucher saura redresser cette équipe? Personnellement, j'en doute et Halak pourrait s'avérer une excellente solution pour Paul Holmgren.

Si le Canadien représentait une puissance, je suis persuadé que Halak resterait au sein de l'organisation. Cependant, ce n'est pas le cas et le Canadien a un criant besoin de profondeur. Une autre chose : le Canadien ne peut se permettre d'être trop patient puisque Kari Lehtonen se retrouvera bientôt sur le marché des transactions, lui qui s'est fait ravir le poste de gardien numéro un par Ondrej Pavelec. Et vous pouvez être certains que Don Waddell ne voudra pas échanger Johan Hedberg qui demeure à mes yeux l'un des meilleurs joueurs d'équipe que j'aie dirigé; il est un vrai grand frère pour les jeunes gardiens de but. Le DG des Thrashers ne voudra pas briser la belle chimie que ses deux gardiens entretiennent présentement.

Depuis son purgatoire, Carey Price a démontré beaucoup d'assurance et le CH doit l'étiqueter comme LE gardien du présent et de l'avenir. À mon avis, il devrait garder les buts neuf matchs sur dix, comme le font les vrais gardiens de premier plan de la LNH. Selon moi, Price est prêt pour une plus grande part du gâteau.

La pierre angulaire de l'attaque massive

Je me réjouis énormément des succès récents de Marc-André Bergeron, mais à vrai dire, je ne suis pas surpris du tout de son rendement. Le Québécois sait pertinemment quel est son rôle dans une équipe; il sait qu'il a des carences en défensive, mais il compense par ses habiletés à l'offensive.

Selon moi, sa plus belle qualité demeure sa capacité à placer son plomb sur le filet. Il s'agit d'une qualité qui passe inaperçue dans le monde du hockey, mais qui est tellement primordiale. Je dis toujours qu'un lancer de 100 milles à l'heure qui aboutit dans la baie vitrée, ça ne donne absolument rien.

Bergeron décoche ses lancers avec assurance. De plus, vous remarquerez qu'il est toujours en mouvement latéral sur la ligne bleue. Cette méthode fait en sorte qu'il change l'angle de son lancer par rapport aux joueurs qui tentent de le bloquer. Peu de quarts-arrières sont en mesure d'atteindre le filet aussi souvent que lui. Quand Andrei Markov reviendra, je crois que l'avantage numérique du Canadien sera redoutable.

Nul doute, Marc-André représente pour le moment l'aubaine de l'année dans la Ligue nationale avec Maxim Afinogenov des Thrashers d'Atlanta.

Cammalleri comme capitaine

Il est clair que Michael Cammalleri attire les regards des dirigeants d'Équipe Canada présentement. Toutefois, je doute qu'il soit choisi par Steve Yzerman en vue des Jeux olympiques de Vancouver. Le Canada possède trop de bons marqueurs de sorte que les deux premiers trios sont pratiquement déjà composés. Reste à savoir si Cammalleri peut avoir sa place sur un trio plus défensif. Ça reste à voir.

Par ailleurs, Cammalleri démontre pleinement que Bob Gainey avait vu juste dans son cas. En plus d'être une machine à marquer des buts, j'aime la manière dont il se comporte : il est naturel, il est à l'aise. C'est un vrai gentleman, autant sur qu'à l'extérieur de la glace. Il affiche toujours un grand sourire devant les médias; je trouve qu'il est actuellement un excellent ambassadeur pour le Canadien et pour la ville de Montréal.

J'ai souvent dit que Brian Gionta pourrait devenir le prochain capitaine du Canadien, mais dorénavant, l'état-major de l'équipe devra songer à Cammalleri.

En cette journée de tempête…

Dans ma carrière d'entraîneur-chef, j'ai eu à faire face à quelques imprévus en raison de la météo. Alors que j'étais à la barre de l'Avalanche, nous avions été obligés de partir le matin d'un match à Dallas. Puis une autre fois, nous avions dû passer une nuit de plus à Edmonton après que l'avion eut été incapable de décoller.

Au plan logistique, ce n'est pas facile de gérer une telle situation puisqu'il faut changer l'heure des entraînements et des repas. Mais bon, le hockey est un sport d'hiver et il est normal de faire face à de tels imprévus.

En terminant, je me souviens avoir reçu deux ou trois bordées de neige à Atlanta. Il s'agit d'une situation très cocasse là-bas, puisqu'à Atlanta, un pouce de neige équivaut à 15 pieds de neige au Québec. La ville se retrouve en état d'alerte : les gens vident les tablettes des épiceries, les restaurants demeurent fermés… C'est réellement un autre monde.

* Propos recueillis par Nicolas Dupont