Ilya Kovalchuk voulait obtenir le plus d'argent possible pour son nouveau contrat et c'est avec les Devils du New Jersey qu'il en a trouvé le plus.

Note : ce commentaire a été formulé avant la décision de la LNH de refuser d'approuver le contrat

Kovalchuk avait refusé, à la date limite des transactions, un pacte de 101 millions pour dix ans avec les Thrashers d'Atlanta parce qu'il croyait en obtenir davantage sur le marché des joueurs autonomes et aussi se retrouver avec une meilleure équipe. C'est peut-être pourquoi les négociations ont été longues avant qu'une entente soit conclue.

Kovalchuk ne devait pas être satisfait de son agent et du déroulement des négociations parce qu'à un certain moment il se retrouvait avec un manque à gagner important par rapport à l'offre originale des Thrashers. Son agent Jay Grossman est reconnu comme un dur dans la LNH, qui ne fait pas de cadeau. Il devait croire que son client était le joueur le plus convoité cet été et il a tenté d'exploiter le marché au maximum.

Les Devils et les Kings de Los Angeles voulaient mettre la main sur un joueur capable de marquer des buts mais un joueur qui a aussi un impact au niveau marketing parce qu'aux États-Unis, au-delà des performances de l'équipe, la présence de joueurs de concession est importante pour attirer les foules. Dans un pays où le hockey n'est pas le premier sport en terme de popularité, ce type de joueur est nécessaire.

Si les Devils ne changent pas leur style de jeu avec la trappe, la présence de Kovalchuk n'est peut-être pas la situation idéale. Il est toutefois l'un des meilleurs en avantage numérique alors qu'il amasse toujours un maximum de points. D'ailleurs, je l'utilisais pendant les deux minutes d'une pénalité quand je le dirigeais. Jacques Lemaire faisait la même chose l'an dernier. Ça risque d'être la même chose la saison prochaine. En une présence sur la glace, Kovalchuk peut changer l'allure d'une partie à lui seul. Il est un game breaker, qui possède probablement le tir le plus précis, le plus rapide et le plus fort du circuit.

L'argent a été le facteur dans les négociations mais moi je crois que Kovalchuk aurait mieux figuré à Los Angeles avec Anze Kopitar où il aurait pu avoir des grosses saisons. Il reste que c'est un choix personnel. Je lui ai parlé dimanche et il m'avait confié que ça devrait se régler lundi probablement.

Les Devils forment une équipe vieillissante contrairement aux Kings, qui misent sur le défenseur Drew Doughty, qui sera le prochain quart arrière de la LNH. Sans oublier que les Kings misent aussi sur Jack Johnson à la ligne bleue. Il y a aussi d'excellents joueurs à l'attaque dans cette équipe. Je ne pense pas que les Kings étaient près des 100 millions tout comme les Islanders de New York, qui n'ont jamais été dans le coup. L'option de la Russie n'a pas été envisagée sérieusement non plus. Il y a bien eu des offres mais elles n'ont pas été considérées sérieusement.

Pour lui, les 101 millions offerts par les Thrashers durant la saison étaient le point de départ de ses négociations. À partir du moment où il a décidé de tester le marché, Grossman se devait d'aller chercher davantage pour son client. Ça aurait été un constat d'échec si Grossman n'avait pas obtenu autant d'argent.

Je ne pense pas que le contrat de Kovalchuk fasse des jaloux dans le vestiaire des Devils. Ce qui est sur papier est une chose, ce qui se passe sur la patinoire en est une autre. Dans le fond, un tel contrat est bon pour tous les joueurs. S'il avait signé pour moins d'argent, ça aurait eu un effet à la baisse sur les contrats des autres joueurs.

Certains diront que Martin Brodeur a déjà accepté moins d'argent pour jouer au New Jersey. Il faut savoir que le contexte est totalement différent parce que Brodeur se plaît au New Jersey et il n'a jamais vraiment voulu tester sa valeur sur le marché, un peu comme Raymond Bourque à Boston, qui lui a bien rendu à la fin de sa carrière en lui donnant la chance de gagner la coupe Stanley avec l'Avalanche. Brodeur a ses coupes Stanley et ses records et il aime le système qui se joue au New Jersey. Chaque athlète à ses priorités et dans le cas de Kovalchuk, c'était simplement au plus fort la poche.

Attention, le Lightning est sérieux

La carrière de Simon Gagné pourrait avoir un nouvel élan avec son passage chez le Lightning de Tampa Bay. C'est vrai qu'il a été ralenti par les blessures ces dernières années mais il a encore sa touche de marqueur. On l'a vu lors des dernières séries éliminatoires. C'est lui qui a marqué "Le" but qui a fait la différence dans la série contre Boston. Il avait marqué le but en prolongation lors du quatrième match. On avait vu avec quelle facilité il avait battu le gardien Tuukka Rask. C'est un marqueur naturel, qui n'a pas besoin de beaucoup de temps et d'espace pour faire allumer la lumière rouge.

Il faudra voir jusqu'à quel point les blessures l'ont affecté jusqu'à présent. Un renouveau a souvent un effet bénéfique sur un joueur et ça pourrait signifier une très bonne saison pour Gagné.

Je sais que les partisans du Canadien auraient aimé pour plusieurs voir Gagné jouer à Montréal. Mais comment être créatif quand il n'y a plus de place sur le plafond salarial. Le Canadien a jeté son dévolu sur des joueurs comme Scott Gomez, Mike Cammalleri, Tomas Plekanec et Brian Gionta. Il faut donc vivre avec ces joueurs car il est impossible de tous les avoir avec l'équipe. On peut critiquer Pierre Gauthier tant qu'on veut mais il n'a pas de marge de manoeuvre. Parfois quand il dit non à un joueur, ce n'est pas parce qu'il n'en veut pas, c'est plutôt parce qu'il ne peut pas se l'offrir. C'est décevant de laisser passer des joueurs francophones mais d'un autre côté, ce sont les règles du marché.

J'entrevois un vent de renouveau extraordinaire chez le Lightning. Cette concession a joué sous la barre de la médiocrité et dans la tourmente au cours des dernières campagnes. Mais avec tous les changements apportés, je ne vois pas comment cette équipe peut rater les séries éliminatoires.

Pour Vincent Lacavalier, Martin St-Louis et cie, c'est comme s'ils avaient été eux-mêmes échangés à une nouvelle équipe. Ça me fait penser à la fougue de Patrick Roy à son arrivée au Colorado. Des fois, ça redonne une énergie nouvelle à un joueur qui peut prolonger sa carrière de six ou sept années. Ce sera un vent de fraîcheur pour nos deux Québécois, qui ont vu leur équipe descendre dans les bas fonds après la conquête de la coupe Stanley il y a quelques années.

Bulldogs : dommage pour les gars de la LHJMQ

Je ne connais pas personnellement Randy Cunneyworth, qui a été nommé entraîneur des Bulldogs de Hamilton dans la Ligue américaine. Je n'ai pas travaillé avec lui même s'il a oeuvré dans l'organisation des Thrashers d'Atlanta. Quant à son adjoint, Randy Ladouceur, il a été longtemps avec l'organisation des Hurricanes de la Caroline.

Leur nomination peut se justifier mais c'est dommage pour les entraîneurs juniors au Québec. Des gars comme Pascal Vincent ou André Tourigny auraient certes aimé avoir la chance de faire leur preuve dans les rangs professionnels. C'est évident que si le Canadien ne donne pas la chance aux entraîneurs québécois de graduer, aucune autre équipe de la LNH ne le fera. Ce sera au directeur général de l'équipe de commenter. Qu'on aime ou non les choix de la direction du Canadien, il faut les respecter. Gauthier a sans doute évalué plusieurs entraîneurs avant d'arrêter son choix sur Cunneyworth, qui est expérimenté.

De plus, Cunneyworth a été capitaine des Sénateurs d'Ottawa sous l'ère Jacques Martin. C'est aussi une question de contacts. On peut spéculer mais il y avait sans doute des relations et une confiance déjà bien établies entre eux.


*propos recueillis par Robert Latendresse