On pourra dire que le Canadien est vraiment relancé quand il aura passé au travers d'un long processus de victoire. Actuellement, il n'y a rien qui fonctionne à Montréal. L'attaque est en panne malgré les quatre buts contre Toronto et la défensive connaît des ratés qui se poursuivent toujours.

Il y a des choses qui se passent dans cette équipe et qui sont difficiles à identifier. Parmi les incongruités, mentionnons Travis Moen qui est le franc-tireur de l'équipe avec quatre buts alors que Erik Cole n'a pas encore un seul but à sa fiche cette saison. À partir de là, il n'y a plus rien qui tient.

Si le toit coulait l'an dernier, je dirais que la maison est en feu cette année.

En défensive, les blessures font en sorte que les arrières occupent des positions qu'ils n'occuperaient pas normalement dans la hiérarchie habituelle de la brigade. Le numéro un devrait être le numéro trois, alors que le numéro deux devrait être le numéro quatre et ainsi de suite. Je n'ai aucun problème à retrouver Alexei Emelin et Raphael Diaz dans la formation, mais comme sixième ou septième défenseurs dans une brigade normale. Mais comme ils occupent un rôle qui n'est pas le leur, ils sont sans doute nerveux, ce qui fait en sorte qu'il est difficile de justifier leur apport à l'équipe.

De son côté, PK Subban est employé à toutes les sauces et il est la cible de toutes les équipes. Il est surveillé comme un chat guette une souris. C'est évident que son nom se retrouve dans le plan de match des adversaires. On le frappe et on attend qu'il fasse une erreur. Il est tellement souvent frappé que je vous annonce qu'il sera blessé à son tour.

Il n'y a pas que Subban qui est souvent frappé, c'est toute l'équipe qui y goûte. Je ne dis pas que le Canadien doit avoir un bagarreur dans sa formation, mais des joueurs pour se faire respecter. La direction n'y croit pas toutefois, ce n'est pas dans sa philosophie. De tous les clubs du circuit, le Canadien est la formation qui se fait le moins respecter autant sur la route qu'à la maison. Ce n'est pas normal.

Au fil des ans, le Canadien a laissé partir quelques joueurs comme Mark Streit, qui aurait sans doute accepté un contrat à rabais si Bob Gainey avait accepté de négocier durant la saison. Sheldon Souray est de retour dans la LNH avec Dallas, et ce, à bon marché. Pierre Gauthier a préféré embaucher Chris Campoli. En plus d'avoir un plomb comme tir en avantage numérique, Souray aurait prêté main-forte à ses coéquipiers. Marc-André Bergeron est le meilleur pointeur du Lightning de Tampa Bay et lui aussi aurait pu signer à Montréal à moindres coûts avant la dernière saison. Je vais reculer encore plus loin en vous parlant de Stéphane Robidas, qui est devenu l'un des meilleurs défenseurs de la ligue. Je sais que ça fait longtemps dans le cas de Robidas, mais il faut regarder ce qu'a fait l'organisation. Quand on laisse filer des joueurs de premier plan, c'est difficile les remplacer. Le Canadien en donne la preuve.

Le Canadien n'a pas fait ses devoirs. Gauthier a conclu une transaction mineure dimanche en obtenant les services de Petteri Nokelainen. Son effet sera l'équivalent d'un diachylon sur l'équipe. Nokelainen gagne 550 000 dollars, ce qui démontre l'entendu de son talent. Par le passé, le Canadien était allé chercher Jeff Halpern et Brian Smolinski. Il y a même déjà eu Radek Bonk, qui était lui aussi un gros diachylon. Ce sont des joueurs de rôle.

Ce n'est pas un cliché, les points perdus en octobre sont difficiles à rattraper en fin de campagne. Quand vous arrivez en décembre avec cinq équipes à rattraper au classement pour mériter une place en séries, c'est pénible. Les équipes qui occupent le 14e ou 15e rang en décembre ne font pas les séries à moins d'être une puissance du circuit, ce qui n'est pas le cas du Canadien. Les Bruins de Boston connaissent un mauvais début de saison, mais je ne suis pas inquiet pour eux.

Jacques Martin a déclaré après la dernière défaite qu'il faisait avec l'équipe qu'il a sous la main. Il avait dit quelque chose du genre "Il faut négocier avec ce que nous avons." Du même coup, il a lancé la balle dans le camp de son patron, Pierre Gauthier.

Dans toute cette histoire, le gars le plus confortable, c'est Jacques Martin lui-même parce qu'en plus de cette année, il lui reste une autre année à son contrat et comme le disait notre collègue François Gagnon, l'entraîneur du Canadien a aussi négocié une clause de départ d'un million s'il était congédié. C'est le gars le plus calme dans cette histoire. Jacques sait que s'il devait perdre son poste, sa carrière serait terminée. Il n'a donc pas à s'en faire avec son avenir.

Je ne sais pas si le Canadien va procéder à un changement d'entraîneur, mais cette équipe ne peut pas continuer à perdre. Sinon, il faudra une bombe pour relancer le club comme une transaction majeure, mais ce sera difficile parce que les vétérans n'intéressent pas les autres formations. Ça veut dire que pour que ce soit un échange d'impact, il faudrait échanger Subban, Price ou Pacioretty.

*propos recueillis par Robert Latendresse