Jacques Martin sent qu'on lui a enlevé les rênes de son équipe alors qu'il était encore en contrôle de la situation au moment où il a été congédié par le Canadien.

Martin s'est confié à l'équipe de L'antichambre lors de son passage sur le plateau de l'émission mardi soir.

"Comme entraîneur, tu veux gagner une coupe Stanley, tu veux réussir avec ton équipe. Et lorsque tu es congédié, tu n'as pas la chance de continuer ce que tu avais commencé. Ça a été l'aspect le plus difficile pour moi", a affirmé Martin sur un panel composé de quatre anciens entraîneurs du Canadien.

"On te donne un mandat de trois ans avec beaucoup de nouveaux joueurs et plusieurs jeunes... et tout d'un coup, la corde est coupée", a-t-il déploré.

Martin est convaincu qu'il était en plein contrôle de la situation et que le meilleur était à venir pour son équipe lorsque Pierre Gauthier l'a envoyé au cimetière des entraîneurs le 17 décembre.

"Comme entraîneur, tu connais ta chambre. Lorsque tu es dans une situation où tu as le contrôle de ton groupe, la possibilité d'un congédiement ne te vient pas à l'idée", a raconté Martin.

"Si tu te fais battre par des gros pointages pendant deux ou trois parties et que tu vois que les gars ont lâché, tu vois que l'entraîneur est dans la merde. Mais tant que tu compétitionnes, que tu es dans chaque partie... la ligne est mince entre une victoire et une défaite."

Martin a comparé l'acquisition de Tomas Kaberle à celles de Marc-André Bergeron et James Wisniewski lors des saisons précédentes. Selon lui, l'arrivée du quart-arrière aurait peut-être pu avoir de bons effets à long terme sous sa gouverne.

"On venait de faire son acquisition pour améliorer le jeu de puissance et on avait marqué un but dans trois matchs de suite dans ces circonstances. Il y avait donc des raisons d'être optimistes, puisque cette facette du jeu était l'un de nos points faibles avant son arrivée", a-t-il fait remarquer.

"On était plus dans le trouble en début de saison, mais je crois qu'on avait bien rebâti. Je pensais qu'on était dans une situation pour solidifier notre position."

Leadership, crédibilité et égoïsme

Martin a donné son opinion sur quelques joueurs qui ont évolué sous ses ordres.

Andrei Markov

"Je pense que l'organisation pensait sincèrement aux premiers échéanciers, puisqu'il patinait en solo et ensuite avec l'équipe. Mais il n'a jamais été capable de passer à l'autre étape. On pensait qu'il serait de retour à Los Angeles ou à Anaheim, mais il n'était pas capable et a dû avoir une autre chirurgie."

Un retour avant la pause du match des étoiles est-il possible?

"S'il ne pratique pas avec l'équipe, j'en doute."

Michael Cammalleri

"L'une des raisons pour lesquelles je l'utilisais en désavantage numérique, c'est qu'il est un joueur très intelligent et qui peut être une menace pour marquer des buts à court d'un homme. Je pense qu'il faisait quand même du bon travail, surtout avec les blessures, le manque de joueurs."

Scott Gomez

"Je lui ai donné le bénéfice du doute. Il nous a donné du bon hockey en séries éliminatoires à ma première année derrière le banc. Mais pour ce qui est de l'année passée, il n'y a aucun doute dans mon esprit que si c'était à refaire, je ferais les choses différemment."

"Dans des cas comme ceux de Gomez ou Cammalleri, ça ne devient pas une distraction, sauf qu'ils perdent leur crédibilité auprès de leurs coéquipiers. Dans leurs premières années ici, ils ont bâti une réputation de leader. Les joueurs reconnaissent les gars qui vont à la guerre et ceux qui n'y vont pas. Et lorsque le joueur commence à tricher et ne s'engage pas comme il devrait, il perd sa crédibilité."

P.K. Subban

"Il tombait probablement plus sur les nerfs des joueurs que sur les miens. Je pense qu'il faut reconnaître ce qu'il apporte à une équipe : énergie et enthousiasme. Tu veux qu'il garde ça, mais aussi qu'il apprenne. Ce qui est frustrant pour l'entraîneur, c'est son manque de compréhension sur la façon de jouer un match de hockey. Et il y a aussi la question : est-ce que P.K. joue pour P.K. ou pour ses coéquipiers?"

"Des joueurs comme ça, il y en a dans chaque équipe. Et ce n'est pas méchant de dire qu'ils sont égoïstes parce que parfois, les bons joueurs sont comme ça. Mais dans le cas de P.K., je suis convaincu qu'il peut apprendre, mais c'est un joueur de 21-22 ans qui a besoin de développer sa maturité."