La planification d'un combat de qualité est difficile. Confronter deux athlètes, s'assurer qu'ils éviteront les blessures est encore plus compliqué.

Imaginez à quel point cela représente un exercice périlleux lorsque vous tentez de mettre sur pieds un tournoi avec six boxeurs. À cela, il faut ajouter les égos des promoteurs, les réseaux de télévision, la vente de billets, etc. Ce sont les défis auxquels ont fait face les initiateurs du Super Six.

L'intention était très louable et la division des poids super-moyens a énormément gagné en popularité, mais tout cela relevait davantage de l'utopie. J'espère qu'on reverra ce genre de tournoi dans un avenir rapproché, mais il faudrait des conditions gagnantes pour éviter les difficultés rencontrées par les dirigeants du Super Six.

Le célèbre promoteur Don King avait réalisé l'exploit dans le passé avec quatre boxeurs - William Joppy, Keith Holmes, Bernard Hopkins et Felix Trinidad - qu'il représentait chez les moyens. Par contre, la formule du tournoi à la ronde serait peut-être à éviter. Y aller par élimination permettrait d'avoir juste des gagnants en conclusion.

Froch peut-il toucher Ward?

Carl Froch a un très grand désir de vaincre, mais parvenir à toucher Andre Ward est difficile. Si Froch ne peut résoudre l'énigme défensive que peut être Ward, ce dernier se dirigera vers une victoire par décision unanime des juges sans trop de problème.

Ward est impressionnant depuis qu'il a quitté les rangs amateurs, mais Froch est sans aucun doute le boxeur qui s'est le plus amélioré depuis le début du Super Six il y a plus de deux ans.

Froch partait de tellement loin, puisqu'il était nettement moins développé qu'un gars comme Ward ou même Mikkel Kessler. Des changements étaient perceptibles de combat en combat.

Lors de son duel contre Jean Pascal au mois de décembre 2008, Froch lançait des coups dans le vide avec très peu de précision. Il n'utilisait pratiquement pas son jab. Depuis ce temps, Froch se déplace beaucoup plus, bouge bien sa tête et explose au bon moment. Il est plus discipliné qu'à cette époque.

La reprise vidéo, mais pas à n'importe quel prix

Dans un ordre d'idées, la rumeur se veut de plus en plus persistante voulant que le WBC permette bientôt l'utilisation de la reprise vidéo.

Le cadre n'a pas encore été défini, mais j'espère de tout cœur que ce ne sera que pour contester des infractions pendant le combat ou encore une décision prise par l'arbitre. Bref, des éléments qui changent l'allure du combat.

Cela ne doit absolument pas servir pour remettre en question une décision des juges. Dans ce cas précis, il y aura toujours moyen de porter la cause en appel après le duel.

Il faut trouver une façon que l'affrontement puisse continuer. Comment? L'entraîneur pourrait lancer un mouchoir - comme cela se fait au football - et quelqu'un viendrait le voir pour connaître la raison de la contestation. Pendant ce temps, le combat se poursuivrait et si jamais la décision était renversée, l'arbitre et les coins des deux boxeurs seraient avisés.

Si l'entraîneur contestataire avait gain de cause, il aurait droit de contester une autre décision, un peu comme au tennis. Comme il y a déjà beaucoup de controverse dans le monde de la boxe, pourquoi ne pas tenter de rendre le sport le plus juste possible si les outils existent?

Pour ce qui est du dévoilement des cartes des juges après quatre et huit rounds, l'idée ne me plaît pas. Cela pourrait être utilisé à mauvais escient par un boxeur en avance et qui est ennuyé par une blessure. À la limite, l'entraîneur pourrait demander à son cutman de plus soigner une coupure.

Ultimement, cela enlèverait un petit quelque chose au combat. À mon avis, cela ne rend pas vraiment les combats plus excitants.

*Propos recueillis par Francis Paquin