C'est samedi que tout se jouera

Il y a bien longtemps que je n’ai pas vu un Lucian Bute aussi confiant. Ne vous méprenez pas, il l’a toujours été, mais à l’aube de son combat de samedi contre Jean Pascal, disons qu’elle n’a jamais été aussi évidente.

Lors de l’entraînement public de lundi au complexe Desjardins, Lucian ne jouait pas de game. L’assurance qu’il affichait devant fans et journalistes était des plus authentiques, croyez-moi.

Si Lucian a énormément appris de sa défaite contre Carl Froch, il a aussi tiré de précieuses leçons de son combat suivant contre Denis Grachev.

L’objectif était alors de remonter rapidement sur le ring afin qu’il chasse ses démons. Mais moins de six mois après s’être incliné devant Froch, il était peut-être trop tôt pour s’attaquer à pareil défi.

En adoptant cette stratégie, on cherchait à faire comme une victime d’accident de voiture qui se doit de reprendre le volant hâtivement. Mais malgré sa victoire par décision unanime sur Grachev, quelques doutes persistaient chez Lucian. Il y avait encore certains blocages dans sa tête. Force est de constater qu'il aurait eu besoin de davantage de repos.

Mais depuis cette soirée du 3 novembre 2012, quelque chose s’est passé dans la tête de Lucian. Quelque chose a guéri. Quotidiennement, j’ai l’impression de revoir le Lucian Bute qui était champion du monde et qui parvenait à le rester. Et aucun crédit ne me revient.

Lucian a puisé au plus profond de lui, s’est posé les bonnes questions et a rencontré plusieurs spécialistes. Georges St-Pierre, que nous avons côtoyé régulièrement, a notamment été très utile à notre parcours.

S’il y a un athlète qui s’est retrouvé sous pression récemment, que ce soit à la suite de sa défaite contre Matt Serra ou après sa grave blessure à un genou, c’est bien GSP.

On apprend donc tous les jours. Quand on cesse de le faire, le tombeau nous guette. Lucian est encore bien loin de là. Pour l’instant, on ne songe pas à la défaite et aux conséquences qu’elle occasionnerait. On se concentre simplement à vivre le moment présent et à cheminer vers le combat. C’est un Lucian Bute enthousiaste, heureux, dynamique, mobile, fort sur ses jambes, énergique et affamé comme un lion qui se présentera devant Pascal.

Il lui suffit maintenant d’être prêt à souffrir, de laisser aller ses mains, de ne pas rechercher le coup parfait et d’avoir un nombre de coups de poing lancés plus élevé pour sortir vainqueur du ring du Centre Bell.

*Propos recueillis par Mikaël Filion