MONTRÉAL - Il n’y a pas que Steven Butler qui a procédé à un examen de conscience après la défaite devant Brandon Cook. Son entraîneur Rénald Boisvert s’est également regardé dans le miroir pour essayer de comprendre les raisons fondamentales expliquant ce cuisant échec.

L’entraîneur du Club de Boxe Champions en est rapidement venu à la conclusion qu’il avait peut-être atteint une certaine limite dans le développement de Butler (18-1-1, 15 K.-O.) qui remontera dans le ring pour la première fois depuis qu’il a été arrêté par Cook, samedi soir à l’Olympia, en sous-carte du gala de la série « Fight Club » d’Eye of the Tiger Management.

Pour l’épauler dans la « reconstruction » de son protégé, Boisvert s’est tourné vers son ami de longue date Jean-François Bergeron. L’ex-olympien a ainsi accepté de sortir momentanément de sa retraite, après avoir récemment mis un terme à son association avec Schiller Hyppolite.

« Quand j’ai fait le bilan du dernier combat de Steven, je me suis placé un peu dans la balance. Je me suis demandé s’il y avait des choses que j’avais mal faites et s’il y avait des choses que je pouvais améliorer, a expliqué Boisvert en marge de la pesée tenue vendredi midi à l’Olympia.

« Jean-François et moi avons des conceptions très différentes de la boxe. Je suis plus orienté sur la puissance, la vitesse et l’énergie, alors que Jean-François est plus posé, davantage axé sur les opportunités. Steven avait besoin de quelqu’un qui ne l’encourage pas toujours à être puissant, dynamique et actif. Il avait besoin de quelqu’un qui viendrait contrebalancer un peu tout cela. »

« C’est un autre œil, a confirmé Butler après avoir affiché un poids de 156,9 livres. Il m’aide sur mon jab et mes déplacements. C’est aussi un ancien boxeur professionnel, alors il comprend exactement comment je me sens. Je suis convaincu qu’il va faire de moi un meilleur boxeur. »

Au-delà des pépins « techniques » qui avaient été ciblés par le promoteur Camille Estephan - notamment au chapitre de la perte de poids et du manque d’énergie qui en a résulté -, il ne faut pas oublier que le Montréalais est un jeune homme de 21 ans qui a encore tout à apprendre.

Les tristes incidents qui ont suivi son revers devant Cook l’ont également obligé à recentrer ses priorités. Comme il l’avait déjà indiqué, Butler ne s’occupe plus de la vente de billets et s’est engagé à ne pas en donner à des amis et des proches qu’il sait membre du crime organisé.

« J’ai gagné en maturité, a assuré Butler. C’est certain que je me sentais invincible avant de subir ma première défaite. Je suis un gars discipliné et je ne triche jamais à l’entraînement. J’ai commis un geste qui n’était pas acceptable en poussant Cook et c’était une erreur de ma part. »

« Steven était encore un enfant lorsqu’il est débarqué dans mon gymnase. Il n’avait que 12 ans, a précisé Boisvert. En tant qu’entraîneur, j’essaie de l’influencer et de le diriger, mais il y a des limites. Je suis un peu comme un père, mais un père ne peut pas tout faire pour son enfant. »

« Mon dernier combat était une gaffe de parcours »

Pour son retour, Butler sera donc confronté à Damian Mielewczyk (10-3, 7 K.-O.), un Polonais qui n’a encore jamais été stoppé depuis le début de sa carrière. Bien connu des amateurs d’ici, il s’est déjà notamment battu contre Sébastien Bouchard et Francis Lafrenière l’année dernière.

« Nous lui faisons faire un combat de 8 rounds plutôt qu’un 10 ou un 12 et nous avons choisi un boxeur qui devrait normalement lui faire faire la limite, parce que s’il le knockoutait trop rapidement, nous n’apprendrons rien, a justifié. Boisvert. Il faut voir comment il réagira au fur et à mesure que les rounds vont passer. Tout cela nous permettra ensuite de voir où il est rendu. »

« Le message que je veux lancer, c’est que mon dernier combat était une erreur de parcours, a conclu Butler. C’est aussi une occasion de faire une comparaison avec Bouchard et Lafrenière qui l’ont affronté auparavant. Je veux aussi démontrer que je suis capable de faire mieux. »

Butler n’a évidemment rien perdu de sa fougue, mais promet de mieux canaliser ses énergies. S’il a appris une chose, qu’il vaut mieux s’amuser avec ses adversaires qu’avec ses partisans.