ATLANTIC CITY, N.J. – Jean Pascal et ses plus fidèles partisans auraient assurément souhaité un tout autre dénouement. Mais le constat a été implacable : le champion des poids mi-lourds de la WBA Dmitry Bivol était simplement trop rapide et trop puissant. Il était dans une ligue à part.

 

Le Russe né au Kirghizistan a servi une véritable leçon de boxe à l’aspirant québécois en s’imposant par décision unanime, samedi soir au Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City au New Jersey.

 

Les trois juges ont remis des cartes de 119-109, 119-109 et 117-111 en faveur de Bivol (15-0), qui défendait son titre pour la quatrième fois. L’auteur de ces lignes avait une carte de 119-109.

 

Malgré le résultat sans équivoque, Pascal (33-6-1) a catégoriquement rejeté la possibilité de prendre sa retraite, lui qui a subi une quatrième défaite en combat de championnat du monde et dont la dernière remonte à celle sur Chad Dawson par décision technique en août 2010.

 

« [Ma performance de ce soir] me dit que je peux continuer, a lancé Pascal à sa sortie du ring. Ma condition physique était exemplaire. J’ai fini en force, et dans la vie, il faut persévérer... »

 

« Jean vient de se battre contre l’un des plus beaux espoirs à 175 livres. Nous allons prendre le temps d’analyser et de regarder tout cela, a ajouté son entraîneur Stéphan Larouche. Ce n’est pas parce que tu perds un combat contre l’un des meilleurs au monde que tu es nécessaire fini.

 

« Jean a démontré ce qui le caractérise : du courage, de la résilience et un menton d’acier. Évidemment, nous avons peut-être senti que l’âge commençait à faire son effet. Nous aurions voulu qu’il mette de la pression un peu plus longtemps, mais il n’a cependant pas été capable.

 

« Mais je peux juste être fier de lui. Se tenir debout devant un gars qui lance des coups de poing comme Bivol, ce n’est pas évident. Jean est allé jusqu’au bout... il ne voulait pas de regrets. »

 

En ajoutant la défaite par décision majoritaire qu’il a subie devant Eleider Alvarez en juin 2017, Pascal a résolument prouvé qu’il n’est plus en mesure de rivaliser avec l’élite de la division des mi-lourds. Cela dit, les membres de son équipe semblaient encouragés par sa performance...

 

Quelques flashes ici et là

 

Après avoir effectué sa marche vers le ring sous les notes « In The Air Tonight » de Phil Collins, Pascal a été le plus actif des deux boxeurs pendant la première minute, mais Bivol s’est très vite ressaisi et s’est surtout avéré nettement plus efficace en touchant régulièrement la cible. Son jab a percé la défense de l’aspirant et donné le ton à tout ce qui allait suivre durant la soirée.

 

Le champion a ensuite commencé à appuyer sa main avant avec son direct de la droite dès le deuxième round et n’a ainsi eu aucune difficulté à empêcher l’ancien détenteur du titre du WBC d’essayer quelconque riposte. À un certain moment, Bivol semblait totalement seul dans le ring.

 

Le Québécois a tenté son premier geste désespéré au cinquième assaut en tentant le fameux coup de la « pince à cils (sic) » qu’il avait effectué pendant son dernier duel contre Steve Bossé, mais Bivol n’a pas bronché d’un iota et semblait même se demander si c’était vraiment arrivé.

 

Pascal a commencé à montrer de premiers vrais signes de faiblesse en paraissant incapable de maintenir la cadence imposée par le Russe au sixième round et Larouche lui a demandé après le septième assaut de tenter quelque chose, sans quoi il demanderait qu’on arrête les hostilités.

 

« Je lui ai demandé deux fois dans le coin s’il voulait arrêter parce qu’il ne gagnait pas de round, mais il me répondait que Bivol ne lui faisait pas mal, a avoué Larouche. Je n’avais pas l’intention de le laisser se faire frapper. Les gens aiment Jean comme un champion, pas un punching bag. »

 

Le Lavallois a ensuite répondu à l’appel en donnant tout ce qu’il avait dans la première minute du huitième, mais il a dû passer les deux suivantes à survivre aux attaques répétées de son rival. Avant le début du neuvième, Larouche a par la suite passé énormément de temps à essayer de réparer un bandage récalcitrant, mais l’entraîneur d’expérience a étiré la sauce au maximum.

 

Pascal a éventuellement connu ses meilleurs moments au onzième round en échangeant coup pour coup avec Bivol, son uppercut de la droite parvenant à se frayer un chemin jusqu’au menton du Russe. Mais c’était trop peu, trop tard et le champion a terminé le combat en force.

 

« J’ai connu Jean comme partenaire d’entraînement il y a deux ans et j’avais senti sa puissance à ce moment-là, a conclu Bivol. Avec les petits gants, c’est évident que j’ai senti sa puissance ce soir. Je l’ai peut-être sentie une ou deux fois quand il m’a atteint solidement pendant le duel. »
 

Voici une description round par round du combat par le RDS.ca :

 

Round no 1 : Les deux pugilistes privilégient le centre du ring dans la première minute de l'affrontement. Jouant de prudence, Pascal se contente de parer les jabs que lance le champion en sa direction. L'inactivité du Québécois et le manque d'efficacité de ses quelques combinaisons donnent le round à Bivol, qui place quelques coups précis dans les derniers instants.

 

Pointage du RDS.ca : 10-9 Bivol

 

Round no 2 : Pascal tente de se montrer plus entreprenant, mais il est accueilli par deux solides crochets de la droite du Russe. C'est le champion qui dicte le rythme de l'action, mais Pascal donne l'impression de garder son calme et sa prestance. Tant par la qualité de ses frappes que par la précision de ceux-ci, le détenteur du titre est nettement supérieur au 2e assaut.

 

Pointage du RDS.ca : 20-18 Bivol

 

Round no 3 : À la fin de la première minute, Pascal offre l'occasion à Bivol de placer quelques combinaisons qui causent un certain dommage alors qu'il l'a dans les câbles. Se refusant à reculer, le Québécois s'expose à une rafale de coups, et ses tentatives de contre-attaques manquent de conviction. À ce moment, Bivol domine 54 à 7 au chapitre des coups portés.

Pointage du RDS.ca : 30-27 Bivol

Round no 4 : L'aspirant semble encore en jambes même s'il a encaissé la majorité des coups portés jusqu'à présent. Il tente de démontrer à Bivol par son langage corporel qu'il n'est pas décontenancé par ses offensives. À la demande de son entraîneur, Pascal tente d'ajouter de la variété à sa boxe, mais la défense de Bivol est à point.

Pointage du RDS.ca : 40-36 Bivol

Round no 5 : Après une première moitié de round empreinte de prudence de la part de Pascal, celui-ci tente de provoquer une étincelle en fonçant sur Bivol, qui calme toutefois le jeu sans le moindre ennui. Les coups les plus dommageables sont portés par le Russe en toute fin de round.

Pointage du RDS.ca : 50-45 Bivol

Round no 6 : Le jab continue d'être le pain et le beurre de Bivol, qui ne ménage pas un Pascal visiblement plus fatigué. Chaque fois que le Québécois tente de percer l'énigme que représente son adversaire en se montrant plus agressif, la défense de ce dernier se referme. Il faudra un petit miracle pour que la tendance se renverse.

Pointage du RDS.ca : 60-54 Bivol

Round no 7 : Les combinaisons de Bivol sont de plus en plus virulentes au fur et à mesure que Pascal s'épuise. L'aspirant n'ose à peu près rien durant l'entièreté de ce round, et il est permis de se demander si le supplice se poursuivra encore longtemps. Les chances mathématiques du Québécois de l'emporter par décision sont maintenant nulles.

Pointage du RDS.ca : 70-63 Bivol

Round no 8 : Pascal porte ses premiers véritables coups de puissance du combat dans les premières secondes de ce 8e engagement. Il essaie de capitaliser en se jetant sur son adversaire, mais son offensive s'arrête plutôt rapidement. La dernière minute du round permet de constater que Pascal cherche beaucoup plus son souffle que Bivol.

Pointage du RDS.ca : 79-73 Bivol

Round no 9 : Une réparation effectuée sur le gant de Pascal avant d'entamer le round lui permet de reprendre son souffle. Sachant qu'il est confortablement en avance, Bivol se contente de tenir Pascal à distance avec son jab. Le Québécois tente quelques attaques despérées, dont sa fameuse « passe de la pince à cils ».

Pointage du RDS.ca : 89-82 Bivol

Round no 10 : Un geste de Pascal incite le Russe à déclencher une avalanche de coups dans les premiers instants. Le champion continue de boxer intelligemment en maintenant une distance sécuritaire pour éviter un coup fatal, la seule manière dont il pourrait être vaincu à ce point-ci. En fin renard, Pascal essaie de s'adjuger le round en accélérant la cadence dans les dernières secondes, mais sans succès.

Pointage du RDS.ca : 99-91 Bivol

Round no 11 : Bivol s'applique à appliquer des coups au corps  de Pascal, dont les réserves d'énergie sont à sec. Le Russe connaît une de ses fins de rounds les plus électrisantes en multipliant les combinaisons, se dirigeant vers une victoire facile.

Pointage du RDS.ca : 109-100 Bivol

Round no 12 : Pascal aura eu le mérite d'être un guerrier ne reculant pas devant l'ampleur du défi dans ce combat. Il doit tenter le K.-O. mais le corps ne suit plus. À 36 ans, il se disposait simplement plus des ressources nécessaires pour vaincre un boxeur aussi explosif que Bivol. Le 12e et dernier round est une formalité pour le plus jeune des deux pugilistes. 

Pointage du RDS.ca : 119-109 Bivol

 

Jean Pascal garde la tête haute