Alors que la mode est à l’instantanéité, d’autres préfèrent plutôt s’inspirer de méthodes éprouvées afin d’atteindre leurs objectifs qui ne sont pas pour autant moins ambitieux.

C’est résolument le cas de Schiller Hyppolite et de son entraîneur Jean-François Bergeron, qui ne craignent pas de franchir les étapes une à une pour se hisser dans les hautes sphères de la boxe.

À l’instar d’Éric Lucas, Lucian Bute, Jean Pascal et Adonis Stevenson avant lui, Hyppolite souhaite faire sa marque chez les poids super-moyens, alors qu’il affrontera le Mexicain Alan Campa en finale d’un gala qui aura lieu le 14 novembre au Complexe Sportscene de Mont-Saint-Hilaire.

Avec deux ceintures mineures - continentale des Amériques du WBC et nord-américaine de la IBF - à l’enjeu, le Montréalais espère consolider sa position aux classements des deux organisations, mais surtout acquérir de l’expérience en vue de devenir champion du monde.

« Tous les adversaires que j’ai affrontés, je les ai toujours pris au sérieux. Sauf une fois, et j’en ai payé le prix, indique Hyppolite en faisant référence à son revers subi devant Francy Ntetu en novembre 2012. La défaite m’a sonné une cloche. Avant, j’étais au-dessus de mes affaires. »

« Les titres, c’est prestigieux, mais au-delà de tout ça, nous regardons ce que l’adversaire peut nous apporter, précise Bergeron. Schiller a passé à peu près tous les journeymen : c’est-à-dire les gars qui essayent pendant un bout de temps et qui lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ne gagneront pas, perdent par knock-out.

« Cette fois, il aura devant lui un gars qui va vouloir gagner du premier au dernier round. C’est un gros changement, parce que ça teste le mental de ton boxeur. Quand il va commencer à être fatigué et subir une petite baisse de régime, comment va-t-il réagir? Déjà à son dernier combat, il nous a prouvé qu’il est capable d’être concentré et de s’en tenir à son plan de match. »

Malgré les succès précoces de boxeurs tels Artur Beterbiev, Hyppolite et Bergeron n’ont pas l’intention de changer d’un iota leur approche. La victoire de Beterbiev sur Tavoris Cloud à son sixième combat seulement a fait sensation dans le monde de la boxe. Il est vrai que le jeu des comparaisons existera toujours, mais les deux hommes refusent de s’y prêter.

« La vie ne t’amène rien que tu n’es pas prêt à faire, illustre Hyppolite. Je n’envie pas un gars comme Beterbiev, je suis juste content pour lui. Si ça m’arrive, c’est que je serai vraiment rendu là. Les décisions, les choix et les actions des autres ne m’influencent absolument pas. »

« Quelqu’un m’a déjà dit qu’il ne faut pas juger la carrière d’un boxeur dans le moment présent, mais dans sa globalité, renchérit Bergeron. Ce n’est pas parce que les autres vont vite que nous sommes obligés de le faire. Chaque personne possède son rythme et ses façons de faire. Nous voulons que Schiller ait une belle et longue carrière, pas qu’il ne soit qu’une étoile filante. »

Le frère de l’autre pour Maduma

En plus de Hyppolite, Ghislain Maduma, Yves Ulysse fils, Steven Butler, Ayaz Hussain et Will Madera seront également de la carte du 14 novembre.

De retour dans le ring pour la première fois depuis qu’il s’est incliné devant Kevin Mitchell dans un combat éliminatoire des légers de la IBF en mai dernier, Maduma tenait à affronter un adversaire crédible.

Il se mesurera ainsi à Pedro Campa - le frère d’Alan qui se battra contre Hyppolite en finale - un boxeur qui a remporté 10 de ses 12 duels à la limite. L’équipe de Maduma juge aussi qu’il s’agira d’une bonne occasion de tester son épaule meurtrie pendant le choc contre Mitchell.

« Je ne voulais rien savoir d’un jambon, je voulais un gars de l’élite mondiale, lance Maduma. Je veux montrer que je fais partie de l’élite. À vrai dire, je suis encore plus motivé que par le passé. Je vois mon prochain combat comme un nouveau chapitre dans ma carrière. »