Un peu plus de 10 ans après avoir fait l’acquisition d’InterBox de son fondateur Hans-Karl Mühlegg, Sportscene a annoncé mercredi matin sa vente à Eye of the Tiger Management.

La transaction a causé une certaine surprise sur la scène sportive québécoise, mais était cependant prévisible pour ceux et celles qui suivent le dossier de près depuis quelques années.

Réponses à sept questions à la suite de la vente de l’entreprise qui a changé à jamais le portrait de la boxe dans la Belle Province en la rendant très populaire auprès d’un large public.

Pourquoi Sportscene a-t-elle vendu InterBox?

Avec le repositionnement des restaurants La Cage aux Sports (devenus La Cage - Brasserie sportive), le conseil d’administration de Sportscene a jugé que le moment était venu de se départir de cet actif, étant donné qu’il ne cadre plus avec les objectifs de l’entreprise.

L’arrivée de l’influent gérant Al Haymon a également bouleversé le portrait de l’industrie de la boxe aux États-Unis et par ricochet au Québec, si bien que Sportscene avait l’impression de ne plus avoir le contrôle de A à Z (date, boxeurs faisant partie de la sous-carte) dans l’organisation de ses événements, a expliqué le président et chef de la direction de Sportscene Jean Bédard.

Finalement, en l’absence de boxeurs prêts à prendre la relève de l’ancien champion des poids super-moyens de l’IBF et de l’ex-détenteur de la ceinture des mi-lourds du WBC Jean Pascal, Bédard n’avait plus l’énergie pour se lancer dans un nouveau cycle de développement.

Pourquoi l’annonce de la vente d’InterBox n’est-elle pas une surprise?

Il y a déjà quelques années, InterBox avait annoncé qu’elle délaissait l’organisation de petits galas afin de se concentrer sur les événements d’envergure alors que Bute était au sommet de sa gloire. Sans vedette pour attirer les foules, ce modèle d’affaires ne tient évidemment plus.

Dans la foulée du repositionnement de La Cage - Brasserie sportive, Bédard avait également cédé sa place à Pierre Duc dans la gestion des opérations quotidiennes d’InterBox. Bédard a d’ailleurs souvent dit à la blague que son travail de promoteur demandait énormément d’effort pour peu de résultats. InterBox dégageait peu ou pas de profits à la fin de chaque année.

InterBox n’a officiellement pas organisé de gala depuis le 30 janvier dernier quand Pascal s’était incliné devant Sergey Kovalev au Centre Bell. InterBox et Pascal étaient censés en venir à une nouvelle entente après ce duel, mais il n’y a pas eu de développement dans ce dossier depuis.

Qu’est-ce qu’Eye of the Tiger Management a acheté?

En plus des contrats de David Théroux et d’Yves Ulysse fils, le promoteur Camille Estephan a mis la main sur les droits du nom InterBox et d’ « autres considérations ». Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais il serait d’environ 150 000 $ selon La Presse+.

Le directeur des opérations d’InterBox Ian Edery relèvera désormais officiellement d’Estephan, même si les deux hommes travaillaient déjà en étroite collaboration depuis quelques années. Ancien entraîneur-chef d’InterBox, Stéphan Larouche sera également appelé à jouer un rôle prépondérant dans la nouvelle entité, lui qui était déjà près d’Estephan depuis quelques mois.

Comme mentionné précédemment, Jean Pascal ne serait pas inclus dans la transaction, étant donné qu’il n’aurait plus de contrat avec InterBox. Estephan a toutefois indiqué être déjà en négociations avec lui et espère être en mesure d’annoncer son retour dans le ring bientôt. Il le considère déjà comme une tête d’affiche au même titre que David Lemieux et Steven Butler.

Tard mercredi soir, une source a laissé entendre à RDS.ca que Pascal était bel et bien sous contrat avec InterBox, mais cette information n’a pas pu être vérifiée auprès des intéressés.

Pourquoi Eye of the Tiger Management achète InterBox?

Fondé en 2008 pour s’occuper de la gestion de la carrière du poids lourd Bermane Stiverne, Eye of the Tiger Management a organisé son premier gala en novembre 2010 à Montréal afin de donner du travail aux boxeurs de plus en plus nombreux que l’entreprise représentait.

En mettant la main sur InterBox, Estephan s’approprie une marque de commerce connue du grand public québécois depuis 1997 et pourra ainsi mettre en marché ses événements comme le font depuis toujours certaines compagnies automobiles pour rejoindre des gens différents.

Estephan a précisé que le nom Eye of the Tiger Management séduit quant à lui un auditoire plus jeune et pourrait être utilisé pour promouvoir les boxeurs de la relève. Le nom InterBox résonne encore beaucoup sur la scène internationale et l’aidera à prendre de l’expansion.

Est-ce que la transaction a un impact sur Groupe Yvon Michel?

Puisque Groupe Yvon Michel a décidé de sauter à pieds joints dans le projet d’Al Haymon à la suite de la décision de l’actuel champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson de faire appel à ses services, il semble que les deux entreprises continueront d’opérer parallèlement.

Michel a récemment signé une entente de trois ans avec Gestev afin de présenter ses événements d’envergure au Centre Vidéotron de Québec et tout indique que la série de petits galas tenus au Casino de Montréal sera reconduite pour plusieurs années prochainement.

La voie semble donc libre pour Estephan à Montréal, d’autant plus qu’evenko - Centre Bell, Place Bell et Métropolis notamment - n’a pas l’intention de larguer la boxe. Chose certaine, Estephan a l’intention d’annoncer la présentation de plusieurs galas ces prochains mois.

Qu’arrive-t-il de la compagnie conjointe formée par InterBox et Groupe Yvon Michel?

Les deux boxeurs faisant partie de la transaction annoncée aujourd’hui était sous contrat avec la compagnie formée par InterBox et Groupe Yvon Michel lorsque les deux promoteurs collaboraient, comme lors du combat entre Pascal et Bute présenté en janvier 2014.

Estephan n’a pas été en mesure de fournir une réponse claire et précise à ce sujet, mais une source bien informée a expliqué à RDS.ca que cette situation ne posera pas problème, étant donné que Théroux et Ulysse ne rapportent pas d’argent à ce stade-ci de leur carrière.

Le scénario le plus probable est que les deux pugilistes boxeront jusqu’à ce que leur contrat soit échu et ils auront ensuite le loisir de s’entendre avec le promoteur de leur choix.

Est-ce qu’Eye of the Tiger a le moyen de ses ambitions?

Avec cette transaction, Estephan ne fait que confirmer son désir déjà bien visible de relancer une industrie en perte de vitesse depuis que Bute et Pascal ont perdu leur ceinture respective. Le promoteur a réitéré son intention de mettre l’accent sur les duels entre boxeurs locaux.

En conférence de presse, Bédard a précisé qu’il était important que le nom d’InterBox perdure et qu’Estephan avait la solidité financière pour y parvenir. Larouche a quant à lui ajouté qu’Estephan avait la passion pour continuer le travail entrepris par Mühlegg et Bédard.

À terme, Estephan devra s’assurer de compter sur des boxeurs de la trempe de Lemieux, qui suscite énormément d’intérêt auprès des dirigeants des réseaux de télévision américains. Plusieurs intervenants interrogés par RDS.ca ont suggéré qu’il sera extrêmement difficile d’assurer la survie de l’entreprise sans athlète qui transcende les foules comme Bute le faisait.