Quand Saul « Canelo » Alvarez et Miguel Cotto ont convenu de s’affronter, les amateurs de boxe salivaient à l’idée de cette confrontation mexicano-portoricaine qui promettait des flammèches.

Si le duel en a finalement laissé plusieurs sur leur appétit, c’est tout le contraire de celui qui a été présenté en demi-finale entre Francisco Vargas et Takashi Miura. Le spectacle a été enlevant et s’est terminé de manière inattendue : c’est donc le combat de l’année en 2015 selon RDS.ca.

Le réseau américain HBO a l’habitude de télédiffuser les finales des événements présentés à la télévision à la carte la semaine suivant leur tenue, mais Vargas et Miura ne leur ont pas laissé le choix d’inclure leur prestation pour qu’elle soit vue par le plus grand nombre de gens possible.

Dans le passé, Vargas avait déjà démontré sa propension au spectacle pendant sa victoire sur Juan Manuel Lopez, tandis que Miura - qui effectuait la cinquième défense de son titre des poids super-plumes du WBC - était davantage un inconnu puisqu’il disputait un premier combat aux États-Unis depuis le début de sa carrière. Visiblement, le Japonais gagnait à être connu.

Les deux boxeurs se sont étudiés en début de duel, mais Vargas est parvenu à ébranler Miura dès la deuxième minute du premier round avec une droite. Le champion s’est ensuite réfugié dans un coin, permettant à l’aspirant de continuer à le frapper comme un déchaîné. Dès lors, il était très possible de s’imaginer que la ceinture changerait de mains plutôt rapidement.

Même si Vargas avait l’avantage au corps à corps, Miura s’est obstiné à vouloir rivaliser à ce jeu et il en a chèrement payé le prix en encaissant continuellement des droites au corps et au visage. Malgré tout, il a néanmoins connu une bonne fin de round et a su construire là-dessus.

C’est ainsi que la main arrière de Miura a fini par se frayer un chemin au visage de Vargas, qui a ensuite commencé à rater de plus en plus la cible en contre-attaque. Sauf qu’il a repris le dessus et les deux pugilistes ont démontré toute l’étendue de leur grand talent en variant les coups.

Miura et Vargas ont continué de se coller l’un à l’autre par la suite, et les efforts du premier ont rapporté gros après qu’il eut envoyé son adversaire au plancher avec une solide gauche au quatrième round. Le Mexicain s’est relevé, mais il est coupé sous l’œil droit et son visage témoigne parfaitement du sort qu’il est en train de subir. Le vent vient de tourner.

Cette chute a visiblement donné des ailes à Miura, qui semble de plus en plus incisif dans ses frappes. Le champion est clairement en contrôle de la situation à la mi-combat, tandis que l’aspirant a l’air désespérément à la recherche de solutions qui ne viennent pas.

C’est alors que Vargas décide de recommencer à se coller à Miura et ce dernier donne l’impression d’avoir frappé un mûr. C’est à son tour de ne plus être capable de répliquer, mais voilà qu’il surprend son rival avec environ une vingtaine de secondes à faire au huitième round.

Sauf que cela n’empêche pas Vargas de sauter sur Miura à la reprise des hostilités au neuvième et de l’expédier sur le canevas avec une série de coups - dont plusieurs gauches - au visage. Le Japonais se relève rapidement, mais passera la minute suivante à accrocher pour tenter de survivre. L’arbitre en aura éventuellement assez et un nouveau champion est ainsi couronné.

Au moment de l’arrêt, Vargas tirait de l’arrière sur deux des trois cartes des juges (74-77, 75-76 et 75-75), ce qui ajoute au caractère unique de ce combat dont on se souviendra longtemps.

Autres combats dignes de mention

Lucas Matthysse contre Ruslan Provodnikov : Dès que le combat entre Matthysse et Provodnikov a été officialisé, tout le monde savait que ce serait épique et cela l’a été.

Matthysse a connu un départ canon et Provodnikov s’est rapidement retrouvé avec une coupure au-dessus de l’œil à la suite d’un coup de tête accidentel. Mais cela en prenait plus pour le déranger et il a continué d’échanger avec l’Argentin pendant les rounds suivants.

Plus le temps passait, plus le travail acharné de Provodnikov paraissait et Matthysse a ainsi difficilement survécu aux rounds de championnat pour finalement arracher une très courte victoire par décision majoritaire (115-113, 115-113 et 114-114). Il était temps que cela arrête!

Mais c’est véritablement à son combat suivant pour le titre vacant des super-légers du WBC que Matthysse a ressenti toute la douleur d’avoir affronté Provodnikov, puisqu’il n’a pas fait le poids devant Viktor Postol en se faisant passer le knock-out au 10e round , une première en carrière.

Marco Huck contre Krzysztof Glowacki : Pour la 13e défense de sa ceinture des lourds-légers de la WBO, Huck profite de la nouvelle tribune que propose Premier Boxing Champions pour disputer un premier combat en carrière aux États-Unis. Un voyage qui tournera au cauchemar.

Pourtant, les choses se déroulent extrêmement bien en début de duel pour Huck et il parvient même à envoyer Glowacki au plancher au sixième round. Malgré la domination de l’Allemand, cela n’a pas empêché le Polonais d’attaquer méthodiquement le corps de son adversaire.

Et comme si le champion avait perdu ses jambes et qu’il ne parvenait plus à se déplacer, l’aspirant l’atteint au visage et l’expédie au tapis au 11e pour la première fois de sa carrière. Il se relève, mais l’aspirant recommence avant de réussir un knock-out quelques instants plus tard.

Huck se battra pour le titre des lourds-légers de l’IBO en février prochain, tandis que Glowacki ne semble malheureusement pas avoir encore de projet sur la table pour monnayer sa ceinture.

Leo Santa Cruz contre Abner Mares : Une autre affiche intéressante avec à l’enjeu le titre vacant des plumes de la WBA. Santa Cruz tente de devenir champion dans une troisième catégorie, alors que Mares essaie de redevenir champion et d’effacer sa défaite contre Jhonny Gonzalez.

« La pédale au plancher », c’est probablement l’expression qui résume le mieux le niveau d’engagement des deux boxeurs pendant le combat. Le peu de jabs lancés (530) par rapport aux coups en puissance (1507) témoigne à lui seul du genre d’action qui prédominait.

Au final, Santa Cruz l’a emporté par décision majoritaire (117-111, 117-111 et 114-114) et tous ceux qui ont vu le duel espèrent une revanche. Les deux boxeurs le souhaitent également.

Andrzej Fonfara contre Nathan Cleverly : Sur papier, le combat entre Fonfara et Cleverly revêtait un intérêt particulier, étant donné que les deux boxeurs évoluent chez les mi-lourds. Mais les amateurs étaient loin de se douter que le spectacle serait explosif à ce point.

Fonfara revenait d’une victoire décisive sur Julio Cesar Chavez fils et il avait encore tout à prouver qu’il faisait partie des aspirants légitimes de la division. Ancien champion de la WBO, Cleverly était de retour après un passage très peu concluant chez les lourds-légers.

Fonfara et Cleverly se sont rapidement portés à l’attaque en début de combat, Cleverly ayant la plupart du temps l’avantage. Fonfara est cependant revenu de l’arrière à compter du cinquième round avant de s’offrir une victoire par décision unanime (116-112, 116-112 et 115-113).

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que les deux boxeurs ont lancé 2524 coups et que 936 ont touché la cible, deux records chez les mi-lourds. Fonfara est aussi entré dans les annales avec 1413 coups lancés et 474 sur la cible. À noter qu’il veut prendre sa revanche sur Adonis Stevenson.

Nonito Donaire contre Cesar Juarez : Donaire était considéré comme l’un des meilleurs « livre pour livre » de la planète avant sa défaite devant Guillermo Rigondeaux. Et celle qui a suivi face à Nicholas Walter l’a ensuite malencontreusement écarté des événements d’envergure.

Donaire se retrouvait devant Juarez dans un combat pour le titre vacant des super-coqs de la WBO que le Philippin détenait avant son duel d’unification avec Rigondeaux. Il l’a repris après une victoire par décision unanime (117-109, 116-110 et 116-110), mais cela a été douloureux.

Donaire a complètement dominé la première moitié du combat et a même envoyé Juarez deux fois au plancher au quatrième round. Sauf que le Mexicain n’a jamais lâché prise. C’est ainsi que Donaire s’est retrouvé avec les deux yeux amochés et une cheville endolorie après une glissade.