BOUCHERVILLE - Depuis la défaite de Lucian Bute aux dépens de Carl Froch, InterBox a été déclaré mort et enterré plus d’une fois. Certains ont même osé demander si c’était la fin de la boxe au Québec.

Mais la victoire d’Adonis Stevenson pour devenir champion des poids mi-lourds du WBC a redonné un second souffle à l’industrie, si bien qu’InterBox est maintenant prêt à regarder l’avenir avec optimisme. Après une période de latence d’un peu plus d’un an, l’organisation a annoncé lundi matin la signature de l’ancien champion amateur canadien Yves Ulysse fils.

« Quand tu signes un jeune boxeur, tu dois lui donner des combats. Avec la situation de Lucian, nous n’étions pas capables de faire boxer des jeunes de cinq à six fois par année », a indiqué le président d’InterBox Jean Bédard. « Avec Yvon (Michel), nous avons maintenant un intérêt mutuel à développer de jeunes boxeurs. Même s’il y a beaucoup de boxeurs étrangers sur nos cartes, nous voulons envoyer le message à nos locaux que nous pouvons les encadrer. »

Ulysse aurait très bien pu poursuivre sa carrière dans les rangs amateurs pour espérer participer aux Jeux olympiques de Rio en 2016, mais l’effervescence que connaît la boxe québécoise l’a incité à effectuer ses débuts professionnels le 18 janvier en sous-carte de Pascal-Bute.

« Adonis, Jean, Lucian, Eleider Alvarez... je n’avais pas le choix d’embarquer dans ce train-là », a expliqué Ulysse. « C’est vraiment une journée spéciale pour moi. Je n’ai pas de mot. »

Le Montréalais d’origine haïtienne était évidemment courtisé par plusieurs promoteurs, mais c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers InterBox. « Depuis mon neuvième combat amateur, on m’appelait pour faire du sparring et m’évaluer. Mon cœur est avec eux depuis le début. Je dois aujourd’hui une fière chandelle à InterBox », reconnaît-il.

Yves UlysseVitesse, subtilité, déplacement et fluidité. Les qualificatifs ne manquent pas à Stéphan Larouche, qui ne sera pas son entraîneur, mais plutôt son gérant et mentor. Selon lui, Ulysse sera en mesure de faire sa place sans nécessairement prendre celle d’un autre dans le cœur des partisans.

« Nous n’avons pas vu beaucoup de boxeurs dans ce style-là jusqu’à présent au Québec », a analysé Larouche. « Son jeu de pieds est excellent. C’est un boxeur qui sort de l’ordinaire. »

« Si vous aimez Sugar Ray Leonard, vous allez m’adorer », a renchéri Ulysse, qui a pris goût à la boxe grâce à Floyd Mayweather fils. « Mon style, c’est la vitesse à l’état pur. »

Par la force des choses, les comparaisons avec Bute seront inévitables. Il sera le dauphin du Québécois d’origine roumaine comme ce dernier a été celui d’Éric Lucas il y a quelques années.

« C’est un gars sympathique qui aime en donner au public », a promis Bédard. « Lucian était comme ça à ses débuts. Il a toujours eu l’intérêt de donner un bon spectacle à cœur. »

« Mais il faut quand même faire attention. C’est comme lorsque tu repêches un gars au hockey, tu n’es certain de rien. Mais chose certaine, c’est un gars qui a tout pour plaire. »

« Nous n’avons pas besoin de lui mettre autant de pression. Il va faire son propre chemin », a atténué Larouche. « La pression fait partie du métier qu’il a choisi, mais dire que c’est le remplaçant de Lucian, c’est vraiment trop. Mais chose certaine, il a beaucoup d’habiletés. »

Du quartier Villeray où il est né jusqu’à St-Michel où il vit présentement, Ulysse est passé par le taekwondo, le basketball et même le baseball avant d’arriver à la boxe. Il voulait un défi et il l’a trouvé. Et le travail ne fait que commencer.