MONTRÉAL - Malgré un parcours amateur et professionnel qui ferait l’envie de plusieurs, Hassan N’Dam n’a jamais véritablement réussi à s’imposer parmi l’élite depuis le début de sa carrière.

Ancien champion intérimaire des poids moyens de la WBA et de la WBO, le Français d’origine camerounaise a raté sa seule chance de se faire un nom lorsqu’il s’est incliné devant Peter Quillin par décision unanime des juges en octobre 2012 au Barclays Center de Brooklyn.

« Je vais me servir de mon expérience »

Envoyé au plancher à six reprises pendant le combat, N’Dam s’était néanmoins attiré la sympathie de milliers d’amateurs en se relevant chaque fois. Il était même parvenu à demeurer extrêmement compétitif en arrachant cinq rounds au favori de la foule.

Un peu moins de trois ans plus tard, N’Dam aura l’occasion de redevenir champion, alors qu’il affrontera David Lemieux pour le titre vacant des moyens de l’IBF, samedi soir au Centre Bell. Et il entend redonner à la France le champion du monde qu’elle attend depuis longtemps afin de faire mentir tous ceux qui n’ont jamais cru au potentiel de l’athlète maintenant âgé de 31 ans.

« Je suis quelqu’un d’objectifs. Je ne suis pas Français de naissance - ma mentalité est complètement différente -, mais je me suis intégré. J’ai pris exemple sur des gens comme (l’ancien champion unifié des lourds-légers) Jean-Marc Mormeck, a expliqué N’Dam après un entraînement public tenu mardi après-midi dans un gymnase de l’arrondissement Ville-Marie.

« Je me suis dit que tout est possible. Je me fixe des objectifs et j’essaie de les atteindre. Je me fixe des objectifs personnels pour me faire plaisir et je pense que cela fait plaisir aux autres. »

Comme cela a été le cas au Québec lorsqu’Éric Lucas est devenu champion, N’Dam espère qu’un triomphe samedi résonnera dans l’Hexagone et inspirera toute une génération de boxeurs.

« Je me sens comme le fer de lance de la boxe française et je souhaite que cette dernière reprenne de ses couleurs, a avoué N’Dam. Nous avons les Michel Soro, Cédric Vitu, Hadillah Mohoumadi, Nadjib Mohammedi et Romain Jacob, mais pour les combats de championnat du monde, il faut compter sur moi. Il ne faut pas que je rate mon coup samedi soir.

« Si nous avions eu des professionnels de l’organisation et de la promotion, la France aurait connu beaucoup plus de champions, parce qu’il y a beaucoup de talent. Malheureusement, nous ne parvenons pas à montrer le talent, car le sport n’est pas suffisamment médiatisé. »

Pour l’honneur

Si les preneurs aux livres semblent favoriser légèrement Lemieux pour l’emporter, N’Dam croit qu’un facteur majeur est oublié lorsque vient le temps d’analyser ses capacités : son expérience.

Après avoir présenté un dossier de 77-4-3 dans les rangs amateurs où il s’est notamment offert une victoire aux dépens d’Andy Lee aux Jeux olympiques d’Athènes, N’Dam a jusqu’à maintenant disputé 32 combats chez les professionnels et passé 219 rounds dans l’arène.

En comparaison, Lemieux n’a pas connu de carrière amateur digne de mention et malgré 35 duels professionnels, il ne compte que 108 rounds d’expérience et n’a atteint la limite de 12 qu’une seule fois. Aux yeux du Français, tout le fardeau de la preuve repose sur son adversaire.

« (Lemieux) a toute cette pression derrière lui et doit donner raison à tous ceux qui croient en lui, a lancé N’Dam. De mon côté, je n’ai rien à perdre, étant donné que j’ai tout à gagner. Il s’agira de mon cinquième combat de championnat du monde, alors je n’ai plus rien à prouver.

« J’ai déjà accompli beaucoup depuis le début de ma carrière. J’ai accompli des choses inattendues. Quand j’ai expliqué que je voulais être champion du monde, personne ne me croyait. Et j’ai réussi à me faire un nom en France en seulement quatre ou cinq ans.

« Je considère le combat de samedi comme une nouvelle aventure. Gagner cette ceinture serait l’apogée de ma relation avec mes managers. J’ai grandi dans une famille de guerriers et cela fait partie de mes gênes. Je pense que Lemieux est mentalement faible, c’est dans son caractère. »

Ayant dû se contenter de miettes pour se mesurer à Lemieux, N’Dam croit fermement au retour du balancier. Après tout, il ne se bat pas pour l’argent ou la célébrité, mais bien pour l’honneur.