Le roi est mort, vive le roi!

Muhammad Ali, de son vrai nom Cassius Clay n’est plus. Le plus grand est allé rejoindre ses prédécesseurs champions tels Jack Johnson, Joe Louis, Jack Dempsey et Rocky Marciano, pour ne nommer que ceux-là.

Le plus grand a rendu l’âme dans la soirée de vendredi à samedi  dans un hôpital de Phoenix, en Arizona.

Qui ne se souvient pas de ses deux fameux combats contre l’Ours, Sonny Liston. Avant de sauter sur le ring contre celui qui faisait peur à ses adversaires juste à les regarder dans les yeux, Ali avait lancé publiquement : « Regardez, il est laid... Moi, je suis beau. »

C’était en 1965, la même année où Ali a battu Floyd Patterson par K.-O. technique au 10e round.

Malheureusement, Ali souffrait de la maladie de Parkinson depuis plus de trente ans, mais ceci ne l’empêchait pas de se déplacer où il le voulait.

Plusieurs ont prétendu que c’est la boxe qui l’avait rendu malade, mais on n’a jamais pu déterminer si c’était le cas. Encore pire : certains journaux à potins des États-Unis écrivaient qu’Ali avait été empoisonné avec un insecticide.

Médaillé d'or

C’est en 1960, aux Jeux olympiques de Rome, que Cassius Clay a fait une entrée triomphale dans le monde de la boxe en arrachant la médaille d’or chez les mi-lourds après des victoires sur un Belge, un Russe, un Australien et un Polonais.

Quelques mois plus tard, il entreprenait sa carrière professionnelle et gagnait ses 31 premiers combats en voguant allègrement vers un match de championnat.

Sa première défaite est survenue à son 32^e combat contre Joe Frazier. Les deux hommes devaient se livrer par la suite une trilogie qui fait encore aujourd’hui des éloges de la part des connaisseurs.

D’ailleurs, comme promotion de ce premier affrontement, on avait souligné qu’il s’agissait du match du siècle. Jamais avait-on dit si vrai!

Deux autres fois, les deux hommes se sont mesurés à nouveau. Ali sortant victorieux à chaque fois.

Thrilla in Manilla

Qui ne se souvient pas de ce fameux « Thrilla in Manilla », dont le promoteur était nul autre que l’ineffable Don King. C’était en 1975, au Colisée de Manille, aux Philippines.

Ce combat a été jugé le meilleur et le plus grand combat de tous les temps dans le monde de la boxe.

À l’issue de cette trilogie, les deux hommes se détestaient réellement et ce n’est que depuis quelques années à peine qu’ils ont fait la paix et ont été vus ensemble à la télévision bien assis dans un fauteuil l’un près de l’autre.

De nos jours, George Foreman demeure une figure légendaire en dépit de cette défaite par K.-O. au 8^e round contre Ali. Pourtant, Foreman était le grand favori pour remporter la victoire dans cet affrontement disputé au Zaïre. Le médaillé d’or de 1968 à Mexico se mesurait au médaillé d’or de Rome en 1960.

Big George était grand favori pour remporter cette victoire. C’est lors de ce combat qu’Ali a montré son fameux  « Rope a dope ».  Pendant sept assauts, il a laissé Foreman se fatiguer à le frapper le long des câbles.  Au 8^e engagement, Big George n’en pouvait plus tellement il était fatigué et c’est au tapis que l’arbitre l’a déclaré vaincu. C’était sa première défaite après 40 victoires.

Fiche de 58-5-0 (37 K.-O.)

La fiche finale de Muhammad Ali est de 56 victoires contre cinq revers. Trois fois, il a été champion incontesté des poids lourds. Le premier monarque à revenir à la compétition après sa retraite et à remporter à nouveau la couronne mondiale.

Ali a défendu cette couronne avec succès à 19 reprises. En tout, il a gagné pas moins de 22 matchs de championnat.

C’est en 1981 que Ali a mis un terme à sa carrière en perdant deux combat de suites aux mains de Larry Holmes et Trevor Berbick. Seul Larry Holmes, lui-même un ex-champion, est parvenu à battre le plus grand par K.-O. en carrière.

Si Ali a été porté aux nues pendant sa carrière, il a continué à être une figure dominante sur la scène mondiale.

Tout cela après avoir été condamné par la justice américaine  pour avoir refusé de faire son service militaire et de se rendre au Vietnam. La sentence : cinq ans de prison, 10 000 $ d’amende et banni de la boxe pour trois ans.

Ali a donc été tenu à l’écart de la compétition en 1968 et 1969. Il a été réintégré dans les rangs  en 1970 après avoir été totalement blanchi par la cours américaine.

Imaginez  un instant si Ali n’avait pas été blanchi de ce dossier criminel. Par la suite, Ali a été reçu par  le président des États-Unis qui lui a donné l’accolade. On lui a conféré la médaille du président ainsi que la médaille pour la liberté, remise par le président. Son nom est même sur l’allée des vedettes à Hollywood.

Pas mal pour un délinquant condamné à la prison.

Du jour au lendemain, Ali est passé de renégat à idole d’un peuple.

En 1972, il est venu se battre au Canada au Pacific Coliseum de Vancouver contre George Chuvalo. Il avait alors prédit que le Torontois chuterait au tapis pour la première fois de sa carrière.

Déjoué par Chuvalo

Ali n’a pu tenir parole. Il a facilement gagné le combat inégal, mais en aucun temps, Chuvalo  a été en danger de se retrouver sur le dos au tapis. Pour Chuvalo, c’était tout un exploit. Joe Frazier avait été terrassé par Ali auparavant, mais pas George. Pour Chuvalo, il s’agissait d’un 93^e combat sans chute au sol.

Quand on dit que Muhammad Ali a été le plus Grand des Grands, il faut se demander pourquoi? Lorsqu’il a fait son entrée sur la scène professionnel, personne pouvait s’imaginer qu’un jeune  poids lourd pourrait imiter et même dépasser les prouesses d’un mi-moyen du nom de Sugar Ray Robinson, alors la coqueluche du temps.

Non seulement Ali a-t-il éclipsé le style de Robinson, mais il a fait encore mieux. « I float like a butterfly and I sting like a bee! » se plaisait-il à crier. Il avait totalement raison. D’ailleurs, c’est lui qui a inventé le « Ali shuffle » et le « Rope-a-dope »

Le hockey a eu ses grands comme Maurice Richard, Gordie Howe, Wayne Gretzky, et Jean Béliveau. Le baseball a aussi connu ses plus Grands en Babe Ruth, Joe DiMaggio, Ted Williams et Mickey Mantle.

Cassius Clay est parmi ces grands. Et il avait entièrement raison quand il a refusé de s’enrôler à cause de sa religion. D’ailleurs, Clay s’est converti à l’islam et a toujours prêché la ligne droite. Il est devenu un ministre du culte qui n’a jamais dérogé à sa règle.

Ali a eu huit enfants qui sont aujourd’hui dans le deuil. Qui ne se souvient pas de sa fille Laila, qui a été la meilleure boxeuse de son temps et qui est aujourd’hui une femme d’affaires avertie.

Aujourd’hui, le monde pleure le plus grand. Ali a non seulement ébahi le monde de la boxe par ses prouesses, mais aussi le monde ordinaire.  Même ceux qui ne connaissent rien de la boxe savent qui est Muhammad Ali. Quand il se présentait à quelque part, les gens voulaient lui toucher.  Tout le monde le reconnaissait sur la rue.

Né à Louisville dans le Kentucky d’une famille pauvre, c’est là qu’il sera inhumé.

Aujourd’hui, non seulement le monde de la boxe est en deuil, mais tout le monde entier pleure la mort du plus grand.

Adieu Muhammad. Va t’asseoir à la droite du plus Grand des Grands. Tu l’as bien mérité.