Lucian est fin prêt pour Carl Froch
Boxe jeudi, 24 mai 2012. 16:11 jeudi, 12 déc. 2024. 10:28
Nous sommes à 48 heures du plus gros défi de la carrière de Lucian Bute et tout se passe très bien.
En fait, on se croirait presque à Montréal! Depuis que nous sommes arrivés en Angleterre, il y a deux semaines, nous avons toute notre équipe ici pour encadrer Lucian et nous avons droit aux mêmes installations que chez nous (jacuzzi, sauna, massages, etc.). On travaille pour reproduire exactement ce qu'on fait à Montréal habituellement.
Lors d'un combat à Montréal, on part en camp d'entraînement pour une durée de huit semaines, puis on revient dans la Métropole pour la dernière semaine avant le combat. Cette fois-ci, on a fait un camp de sept semaines en Floride avant de se déplacer, ici, à Sheffield en Angleterre, pour terminer la huitième semaine de préparation. Nous sommes installés à Nottingham depuis dimanche pour la dernière semaine d'avant-combat. On fait sensiblement la même chose que pour les combats chez nous. La grande différence, vous le savez, ce sera le soir du combat.
Nous sommes bien conscients que Lucian fera face au plus gros défi de sa carrière, samedi. Il va y avoir une lourdeur sur ses épaules lorsqu'il va bouger dans le ring. Il va sentir toute l'énergie de la foule pour Carl Froch, c'est certain, mais on est prêts mentalement pour ça. Dans le camp d'entraînement, rien n'a été laissé au hasard et on s'est assuré qu'il soit prêt à faire face à cette pression. On a voulu que le camp soit le plus différent possible pour empêcher Lucian d'entrer dans sa zone de confort, mais ce n'est rien si on compare avec ce qui l'attend dans l'arène de Nottingham. Les Anglais ont prévu un gros party, on n'est pas invité, mais on se présente quand même. C'est un peu ça qu'on a à vivre.
Un camp d'entraînement très complet
Pour l'acclimater à cette foule hostile qui l'attend de pied ferme, nous avons utilisé une nouvelle technique lors du camp d'entraînement. J'ai fait faire un montage audio des combats de Froch et on a diffusé ça dans le gymnase lors des séances de sparring. On n'entendait plus rien, il y avait de la bass et des vibrations, c'était vraiment particulier. Lucian a ressenti son pouls monter dans le coin avant même que ça commence (moi aussi!) et on a vraiment créé une excitation pendant les sparring. Par contre, on sait très bien que ce sera encore plus intense que ça le soir du combat. Ce qui est bon là-dedans, c'est que Lucian sait à quoi s'attendre.
En sparring, on voulait présenter des boxeurs différents à Lucian. Des adversaires tous assez agressifs, qui sont capables d'amener des variantes. On pouvait aller jusqu'à quatre partenaires par entraînement pour éviter de tomber dans la routine. Lucian a fait un peu moins de 120 rounds avec sept boxeurs différents.
Je vous les présente rapidement :
Steven Harvey : Un poids lourd de Montréal avec qui on aime travailler lors des combats physiques. Par exemple, il était avec nous pour les combats contre Librado Andrade. C'est un boxeur très physique, qui envoie Lucian dans les câbles et l'épuise. C'est un gros bonhomme qui a un menton d'acier et qui peut donc encaisser tous les coups. On l'utilisait souvent pour commencer les séances (entre trois et cinq rounds), puis en embarquait les autres partenaires lorsque Lucian était « semi-fatigué ».
Dafhir Smith : Dahfir a servi de partenaire d'entraînement à Andre Ward pour son combat contre Froch en finale du Super Six. Il connaissait déjà son rôle en arrivant avec nous et savait très bien ce qu'il avait à faire pour bien préparer Lucian.
Randy Griffin : Notre habitué des camps d'entraînement avec Lucian. Il a travaillé avec nous à plusieurs reprises lors des dernières années. Le fait marquant de sa carrière est sans doute ses deux combats des championnats du monde WBA face à Felix Sturm (poids moyens).
Jonathan Cepeda : Un boxeur de la République-Dominicaine, Cepada est invaincu en 11 combats chez les professionnels. Un seul de ses combats a été jusqu'à la limite et il a réussi 8 de ses 10 K.-O. avant le début du quatrième round.
Glen Johnson : Glen connait bien Froch, lui qui a perdu par décision majoritaire aux mains du Cobra en demi-finale du Super Six. Il possède un style similaire à celui de Froch : il est un boxeur très agressif qui applique beaucoup de pression.
Christian Cruz : Nous l'avons déjà affronté à Montréal en mars 2005. Lucian avait remporté le combat par K.-O. technique au 12e round. Il s'agissait du onzième combat professionnel de Lucian (11 victoires avant la limite).
Kirt Sinette : Le dernier, mais non le moindre, Kirt est grand, mince et il tombe sur ses coups de poing, un peu comme le fait Froch. Kirt Sinette est le seul partenaire d'entraînement de Lucian qui a fait le voyage en Angleterre pour la dernière semaine de préparation.
Le dernier décompte
C'est maintenant une question d'heures, le combat approche à grands pas. Lucian ira s'entraîner légèrement vendredi matin pour s'assurer de faire le poids. Au moment d'écrire ces lignes, Lucian était à 170 livres, soit seulement deux au-dessus de la limite permise. Après la pesée, Lucian va se réhydrater, puis se reposer jusqu'au combat.
Place au combat!
Je crois vraiment que Lucian a tous les outils pour l'emporter contre Carl Froch. Les habiletés sont de notre côté, mais je pense qu'on devra être présent à chaque seconde du combat. C'est quelque chose que Lucian fait très bien, mais la grande force de Froch, c'est qu'il ne se décourage jamais. À tout moment, il peut retourner le combat de son côté. On ne peut rien prendre pour acquis avec lui. Il faut gagner une combinaison à la fois, un round à la fois, il faudra être patient. S'il y a des ouvertures qui se créent, tant mieux, mais il faut se concentrer sur ce que Lucian fait le mieux : laisser aller ses mains. Il devient très dangereux lorsqu'il est dans sa zone de confort et la plupart de ses K.-O. sont arrivés à des moments où il ne les cherchait pas.
On est prêt pour Froch. On s'attend à ce qu'il puisse sauter sur Lucian dès le son de la cloche, qu'il y ait un orage dès le début du combat. Lucian en est conscient, il sait exactement quoi faire dans cette situation. Froch, c'est un gars extrêmement agressif, qui va tenter de l'affaiblir en le frappant au corps. Il va laisser aller les combinaisons et tenter de surprendre. Il a des mains très pesantes et il pousse ses coups de poing. C'est un boxeur qui est très confortable au bout de ses poings. Comme lors de ses combats contre Jean Pascal et Mikkel Kessler, ce sont des combats très spectaculaires et équilibrés. Andre Ward, lui, a réalisé que Froch n'est pas capable de se battre lorsqu'il est collé. Il a donc fermé la distance et l'a facilement battu.
On connait ses forces, mais aussi ses faiblesses. C'est à nous de bien les exploiter et de faire attention à ses forces.
Propos recueillis par Roch Carignan
En fait, on se croirait presque à Montréal! Depuis que nous sommes arrivés en Angleterre, il y a deux semaines, nous avons toute notre équipe ici pour encadrer Lucian et nous avons droit aux mêmes installations que chez nous (jacuzzi, sauna, massages, etc.). On travaille pour reproduire exactement ce qu'on fait à Montréal habituellement.
Lors d'un combat à Montréal, on part en camp d'entraînement pour une durée de huit semaines, puis on revient dans la Métropole pour la dernière semaine avant le combat. Cette fois-ci, on a fait un camp de sept semaines en Floride avant de se déplacer, ici, à Sheffield en Angleterre, pour terminer la huitième semaine de préparation. Nous sommes installés à Nottingham depuis dimanche pour la dernière semaine d'avant-combat. On fait sensiblement la même chose que pour les combats chez nous. La grande différence, vous le savez, ce sera le soir du combat.
Nous sommes bien conscients que Lucian fera face au plus gros défi de sa carrière, samedi. Il va y avoir une lourdeur sur ses épaules lorsqu'il va bouger dans le ring. Il va sentir toute l'énergie de la foule pour Carl Froch, c'est certain, mais on est prêts mentalement pour ça. Dans le camp d'entraînement, rien n'a été laissé au hasard et on s'est assuré qu'il soit prêt à faire face à cette pression. On a voulu que le camp soit le plus différent possible pour empêcher Lucian d'entrer dans sa zone de confort, mais ce n'est rien si on compare avec ce qui l'attend dans l'arène de Nottingham. Les Anglais ont prévu un gros party, on n'est pas invité, mais on se présente quand même. C'est un peu ça qu'on a à vivre.
Un camp d'entraînement très complet
Pour l'acclimater à cette foule hostile qui l'attend de pied ferme, nous avons utilisé une nouvelle technique lors du camp d'entraînement. J'ai fait faire un montage audio des combats de Froch et on a diffusé ça dans le gymnase lors des séances de sparring. On n'entendait plus rien, il y avait de la bass et des vibrations, c'était vraiment particulier. Lucian a ressenti son pouls monter dans le coin avant même que ça commence (moi aussi!) et on a vraiment créé une excitation pendant les sparring. Par contre, on sait très bien que ce sera encore plus intense que ça le soir du combat. Ce qui est bon là-dedans, c'est que Lucian sait à quoi s'attendre.
En sparring, on voulait présenter des boxeurs différents à Lucian. Des adversaires tous assez agressifs, qui sont capables d'amener des variantes. On pouvait aller jusqu'à quatre partenaires par entraînement pour éviter de tomber dans la routine. Lucian a fait un peu moins de 120 rounds avec sept boxeurs différents.
Je vous les présente rapidement :
Steven Harvey : Un poids lourd de Montréal avec qui on aime travailler lors des combats physiques. Par exemple, il était avec nous pour les combats contre Librado Andrade. C'est un boxeur très physique, qui envoie Lucian dans les câbles et l'épuise. C'est un gros bonhomme qui a un menton d'acier et qui peut donc encaisser tous les coups. On l'utilisait souvent pour commencer les séances (entre trois et cinq rounds), puis en embarquait les autres partenaires lorsque Lucian était « semi-fatigué ».
Dafhir Smith : Dahfir a servi de partenaire d'entraînement à Andre Ward pour son combat contre Froch en finale du Super Six. Il connaissait déjà son rôle en arrivant avec nous et savait très bien ce qu'il avait à faire pour bien préparer Lucian.
Randy Griffin : Notre habitué des camps d'entraînement avec Lucian. Il a travaillé avec nous à plusieurs reprises lors des dernières années. Le fait marquant de sa carrière est sans doute ses deux combats des championnats du monde WBA face à Felix Sturm (poids moyens).
Jonathan Cepeda : Un boxeur de la République-Dominicaine, Cepada est invaincu en 11 combats chez les professionnels. Un seul de ses combats a été jusqu'à la limite et il a réussi 8 de ses 10 K.-O. avant le début du quatrième round.
Glen Johnson : Glen connait bien Froch, lui qui a perdu par décision majoritaire aux mains du Cobra en demi-finale du Super Six. Il possède un style similaire à celui de Froch : il est un boxeur très agressif qui applique beaucoup de pression.
Christian Cruz : Nous l'avons déjà affronté à Montréal en mars 2005. Lucian avait remporté le combat par K.-O. technique au 12e round. Il s'agissait du onzième combat professionnel de Lucian (11 victoires avant la limite).
Kirt Sinette : Le dernier, mais non le moindre, Kirt est grand, mince et il tombe sur ses coups de poing, un peu comme le fait Froch. Kirt Sinette est le seul partenaire d'entraînement de Lucian qui a fait le voyage en Angleterre pour la dernière semaine de préparation.
Le dernier décompte
C'est maintenant une question d'heures, le combat approche à grands pas. Lucian ira s'entraîner légèrement vendredi matin pour s'assurer de faire le poids. Au moment d'écrire ces lignes, Lucian était à 170 livres, soit seulement deux au-dessus de la limite permise. Après la pesée, Lucian va se réhydrater, puis se reposer jusqu'au combat.
Place au combat!
Je crois vraiment que Lucian a tous les outils pour l'emporter contre Carl Froch. Les habiletés sont de notre côté, mais je pense qu'on devra être présent à chaque seconde du combat. C'est quelque chose que Lucian fait très bien, mais la grande force de Froch, c'est qu'il ne se décourage jamais. À tout moment, il peut retourner le combat de son côté. On ne peut rien prendre pour acquis avec lui. Il faut gagner une combinaison à la fois, un round à la fois, il faudra être patient. S'il y a des ouvertures qui se créent, tant mieux, mais il faut se concentrer sur ce que Lucian fait le mieux : laisser aller ses mains. Il devient très dangereux lorsqu'il est dans sa zone de confort et la plupart de ses K.-O. sont arrivés à des moments où il ne les cherchait pas.
On est prêt pour Froch. On s'attend à ce qu'il puisse sauter sur Lucian dès le son de la cloche, qu'il y ait un orage dès le début du combat. Lucian en est conscient, il sait exactement quoi faire dans cette situation. Froch, c'est un gars extrêmement agressif, qui va tenter de l'affaiblir en le frappant au corps. Il va laisser aller les combinaisons et tenter de surprendre. Il a des mains très pesantes et il pousse ses coups de poing. C'est un boxeur qui est très confortable au bout de ses poings. Comme lors de ses combats contre Jean Pascal et Mikkel Kessler, ce sont des combats très spectaculaires et équilibrés. Andre Ward, lui, a réalisé que Froch n'est pas capable de se battre lorsqu'il est collé. Il a donc fermé la distance et l'a facilement battu.
On connait ses forces, mais aussi ses faiblesses. C'est à nous de bien les exploiter et de faire attention à ses forces.
Propos recueillis par Roch Carignan