Jean Pascal n’aurait jamais dû toucher la casquette de Sergey Kovalev lors de la conférence de presse de la semaine dernière. Cet acte d’agression a semblé enrager le Russe et il s’est vengé à sa façon lors de l’affrontement de samedi soir.

Le Russe n’a montré aucune pitié à l’égard de son rival, qu’il a matraqué constamment avec un jab puissant, précis et continuel. Et en battant Jean Pascal, il a pratiquement éliminé toute compétition dangereuse pour son règne.

Quant à l’arbitre Luis Pabon (prière de ne pas prononcer à la française), il a bien fait de mettre un terme à l’affrontement au huitième engagement. Même s’il le nie catégoriquement, Pascal était bel et bien sonné après la sortie de Kovalev dans le coin du ring. Si le champion ne s’était pas mêlé dans ses jambes et n'avait pas chuté au tapis alors qu’il était à l’attaque, il aurait gagné le combat par K.-O., ce qu’il voulait avant tout.

D’ailleurs, Pabon a pris entre 15 ou 20 secondes avant de laisser Kovalev terminer son travail sur Pascal, qui n’avait tout simplement pas retrouvé ses esprits quand les hostilités ont repris. Pascal n’a que lui a blâmer pour cet arrêt de l’arbitre. C’était à lui de lancer quelques coups pour montrer qu’il était toujours lucide. Personnellement, je crois que l’arbitre a bien fait de mettre un terme à la bataille. C’est bien beau d’endurer des coups aussi puissants que ceux de Kovalev, mais il faut avant tout protéger le boxeur, parfois contre lui-même. Et c’est exactement ce que Pabon a fait.

En jetant un coup d’œil à la liste des aspirants aux trois couronnes du champion, je me demande bien qui pourrait le vaincre. Certainement pas Nadjib Mahammedi, que l’on a vu à l’œuvre contre Lee Campbell.

Il y a eu deux gagnants à l’issue de ce furieux combat, certes le meilleur de l’année au Québec. Sergey Kovalev est sorti victorieux et le réseau de télévision HBO peut se targuer d’avoir présenté un autre de ses programmes mettant en vedette des puissants cogneurs.

Car il faut bien l’admettre, Jean Pascal a bien fait au cours de cette bataille. Mieux qu’anticipé.

Krusher lui-même a admis que son opposant possédait une bonne force de frappe, mais c'est là que s’arrête l’admiration pour Pascal. Kovalev a même admis après la rencontre que Pascal était surtout une « grande gueule, sans trop de cœur ». Cela prouve la haine que le champion projette à l’égard de sa victime. Et sur ce point, il n’a pas raison. C’est vrai que Kovalev est un meilleur boxeur que Pascal, mais ce dernier a montré un talent, une énergie et un sens du spectacle de première qualité. Et il n’a pas à quitter l’arène la tête basse.

Pour revenir aux opposants éventuels de Krusher, il y a justement Mohammedi, dans l’IBF, qui devrait être son prochain adversaire dans un combat obligatoire qui devrait avoir lieu vers la fin de l’été.

Mais jetons un coup d’œil aux autres mi-lourds qui pourraient faire la vie dure à Kovalev. Maintenant que Pascal a été éliminé de la liste, il y a Eleider Alvarez à la WBC, et Mohammedi à l’IBF. Ensuite, faites votre choix.

1) Isaac Chilemba, qui a pris 10 rounds pour battre le peu expérimenté Vasily Lepikhin
2) Eleider Alvarez, le premier aspirant à la WBC avec une fiche de 16-0-0 (9 K.-O.)
3) Andrezj Fonfara, une victime par décision en 12 rounds contre Adonis Stevenson
4) Gabriel Campillo, défait par K.-O. technique au 3e round par Krusher
5) Ryno Liebenberg, victime d’Eleider Alvarez par K.-O. technique au 7e round

Il ne reste qu’Adonis Stevenson comme danger potentiel pour Kovalev. Personnellement, je crois que Stevenson serait un plus sérieux rival pour Kovalev que l’a été Jean Pascal. Superman possède une meilleure force de frappe que Pascal. Durant l’affrontement, Pascal n’est jamais parvenu à ébranler Kovalev, ce qui n’aurait pas été le cas si l’adversaire avait été Adonis.

Par contre, il faut se poser la question : Adonis est-il un meilleur boxeur que Jean Pascal? Je n’en suis pas certain, et je verrais d’un bon œil un affrontement entre les deux Québécois au lieu de tenter d’organiser un combat revanche contre Kovalev.

Il faut toutefois retenir que la gérante de Kovalev, Kathy Duva n’est pas tellement en amour avec Superman ni avec son clan, GYM pour ne pas le nommer.

Krusher a déjà dit d’Adonis qu’il était  a piece of s... et il n’a pas changé d’idée. Avant tout, Kovalev veut s’accaparer les quatre titres chez les mi-lourds et Superman détient le chaînon manquant à sa collection. Il y aura certes des pourparlers entre Kathy Duva et GYM pour organiser un combat, que ce soit au Québec ou aux États-Unis. D’ailleurs, Kovalev lui-même a déclaré après sa victoire qu’il avait bien aimé Montréal et qu’il serait prêt à y revenir si jamais il reçoit une offre.

Parmi ceux qui pourraient être des rivaux possibles aux différentes couronnes de Krusher, il y a le Sud-Africain Tommy Oosthuizen. Son plus grand fait d’armes a été de battre Denis Grachev, une victime de Lucian Bute.

L'Américain Sean Monaghan est une autre possibilité. Il présente une fiche vierge de 23-0-0 (15 K.-O.) et est surtout connu dans la région de New York.

Il ne faudrait pas oublier que chez nous, il y a un boxeur du nom d’Artur Beterbiev, qui a déja vaincu Kovalev à deux occasions dans les rangs amateurs, mais avec seulement sept combats professionnels derrière lui, il serait dangereux de bousiller une carrière qui s’annonce très intéressante.

Enfin, Pascal a fait exactement ce que prévoyaient les experts. Même qu’il a mieux fait par moment. Mais c’était évident que Kovalev était un meilleur boxeur que lui, surtout au niveau de la puissance des coups. D’ailleurs, si vous aviez gagé que Kovalev gagnerait le combat, vous n’avez pas fait fortune. Disons que vous avez été prudent dans votre placement.

Il ne faudrait pas pleurer sur le sort de Jean Pascal. Dans la défaite, il a prouvé qu’il faisait partie de la classe d’élite. Certes, il a reçu la pire correction de sa vie, mais il a livré un spectacle enlevant, non seulement pour ses fans, mais pour tous ceux qui étaient dans l’enceinte du Centre Bell et pour les milliers de téléspectateurs qui avaient payé le gros prix pour le voir à l’œuvre.

Je me dois de le féliciter pour son courage et sa détermination et lui dire merci pour nous avoir tenu en haleine pendant près de huit rounds. En tout cas, s’il n’est pas le champion du monde, il est le champion du Québec... et pourquoi pas du Canada. Personne d’autre que lui aurait pu faire mieux, à l'exception possiblement d'Adonis, et peut-être Artur Beterbiev, un jour.

Bonne boxe!