À moins de 3 mois de souffler ses 50 bougies, Bernard Hopkins n’a pas du tout l’intention de se la couler douce dans sa quête d’écrire l’histoire.

En affrontant Sergey Kovalev le 8 novembre au Boardwalk Hall d’Atlantic City, Hopkins aura tout un défi à relever, alors qu’il tentera d’ajouter la ceinture des poids mi-lourds de la WBO à celles de la WBA et de la IBF qu’il détient déjà.

À la différence de Tavoris Cloud, Karo Murat et Beibut Shumenov que Hopkins a successivement battus pour devenir le plus vieux champion de l’histoire de la boxe, Kovalev représente un danger de tous les instants, lui qui a enregistré ses 13 dernières victoires avant la limite.

Sans le dire ouvertement, Hopkins espère enfin faire taire certains observateurs qui hésitent encore à le reconnaître comme l’une des légendes du sport, même s’il a déjà régné sans partage sur la division des moyens du début au milieu des années 2000. Plutôt que de souligner à grands traits qu’il sera bientôt quinquagénaire, il aimerait que ses exploits sportifs soient soulignés.

« Le meilleur boxeur de tous les temps est Sugar Ray Robinson suivi de Muhammad Ali, affirme Hopkins en conférence téléphonique. Ensuite? Les discussions sont vraiment ouvertes… »

« C’est pourquoi les membres des médias me motivent énormément, ils ne regardent que mon âge. À un moment ou un autre, ils devront reconnaître ce que j’ai accompli au fil des années. »

Après ses deux défaites consécutives devant Jermain Taylor en 2005, Hopkins s’est parfois fait un malin plaisir de se moquer d’adversaires de plusieurs années ses cadets. Et même s’il a subi deux fois la défaite depuis ce temps-là, l’Américain est toujours actif, et pas en tant que figurant.

« Je n’ai pas accepté le combat contre Kovalev uniquement pour faire un coup de publicité. Ma performance contre Kovalev sera bien meilleure que celles contre Felix Trinidad et Kelly Pavlik. »

Sachant que Trinidad et Pavlik étaient invaincus - tout comme Kovalev - avant de croiser le fer avec Hopkins, le cogneur russe a-t-il commis une erreur en acceptant de l’affronter?

« Je n’ai pas de stratégie »

Depuis qu’il a battu Nathan Cleverly pour s’emparer du titre de la WBO, « Krusher » a dû se contenter de défenses face à Ismayl Sillakh, Cedric Agnew et Blake Caparello. Des noms malheureusement trop peu connus des amateurs pour obtenir une véritable reconnaissance.

C’est pourquoi une victoire décisive aux dépens de Hopkins lui permettrait d’acquérir la notoriété qui lui manque, mais Kovalev refuse de considérer ce duel comme déterminant.

« Il s’agit d’un autre combat que je vais gagner, lance Kovalev. Je veux me battre contre n’importe qui qui le désire. Et je ne veux pas m’arrêter en si bon chemin. Je veux gagner de l’expérience en vue de mes prochains combats qui seront encore plus intéressants. »

C’est pourquoi il entend donc sauter à pieds joints sur la chance que lui offre Hopkins. Une victoire décisive lui permettra sans doute d’acquérir la notoriété qui lui manque et les généreuses bourses qui viennent avec.

Citant les exemples de Trinidad, Pavlik et tous les autres qui se sont cassé les dents devant Hopkins, plusieurs se demandent si le jeu en vaut réellement la chandelle pour Kovalev, d’autant plus que le principal intéressé n’a convaincu personne lorsqu’il a révélé son plan de match.

« Je n’ai pas de stratégie, mentionne Kovalev. Je vais me battre comme si c’était une bagarre de ruelle. Je vais y aller avec ce qui va fonctionner, je crois! »

« C’est impossible de ne pas avoir de stratégie avant un combat, nuance son gérant Egis Klimas. Sergey voulait dire que c’est impossible d’avoir une stratégie qui va tenir pendant tout le duel. »

« Il s’agira d’un grand combat entre deux grands boxeurs, tranche la promotrice Kathy Duva. Ai-je besoin de rappeler que Hopkins n’a jamais été arrêté depuis le début de sa carrière? »

Mais comme l’a si souvent prouvé Hopkins au cours des dernières décennies, il y a toujours de la place pour des premières.