Les embûches rencontrées par les boxeurs pendant leur préparation en ces temps covidiens sont largement documentées et Christian MBilli ainsi que David Lemieux ne font pas exception à la règle.

Mais en plus de devoir se réinventer, MBilli (17-0, 16 K.-O.) et Lemieux (42-4, 35 K.-O.) sont contraints de le faire sans Marc Ramsay à leurs côtés. Le prolifique entraîneur est en effet retenu en Russie pour épauler le champion unifié des poids mi-lourds Artur Beterbiev en vue de son duel contre son aspirant obligatoire Adam Deines qui sera tenu le 20 mars prochain à Moscou.

L’envergure des combats que disputeront MBilli – le 18 mars à Porto Rico – et Lemieux – le 17 avril à Québec – n’est évidemment en rien comparable à celle de Beterbiev, mais il s’agira néanmoins d’affrontements significatifs pour la suite des carrières du Français et du Québécois.

MBilli se mesurera à Ievgen Khytrov dans un choc présenté sur les ondes de NBC Sport Network aux États-Unis, tandis que Lemieux croisera le fer avec Robert Talarek pour sa troisième sortie depuis son passage officiel chez les super-moyens il y a un peu plus d’un an en décembre 2019.

« C’est un combat très décisif pour ma carrière, a lancé MBilli en visioconférence mardi midi. Luc-Vincent Ouellet m’a entraîné pour un moment. Il y a ensuite eu Vincent Auclair et Samuel Décarie-Drolet vient tout juste d’arriver. Marc donne ses consignes depuis la Russie, mais c’est vraiment un travail d’équipe actuellement. C’est Samuel qui sera dans le coin pour le combat. »

« Je suis très content d’avoir cette opportunité-là pour Christian, a ajouté Ramsay. C’est un bon défi pour Christian, car Khytrov a été champion du monde dans les rangs amateurs. J’ai même déjà pensé le mettre sous contrat et l’amener au Québec dans le passé. J’ai vraiment hâte! »

Originaire d’Ukraine, Khytrov possède effectivement un palmarès très impressionnant chez les amateurs. Il a remporté l’or aux Championnats du monde chez les moins de 75 kilos en 2011, après avoir battu le Japonais et actuel champion des moyens de la WBA Ryota Murata en finale.

Khytrov (20-2, 17 K.-O.) n’a cependant pas connu autant de succès chez les professionnels, subissant ses deux défaites face à Immanuwel Aleem et Brandon Adams. Cette dernière a été encaissée dans le cadre de la série « The Contender » télédiffusée sur la chaîne Epix en 2018.

Malgré tout, il demeure un adversaire dangereux, étant donné qu’il a enregistré 17 de ses 20 victoires avant la limite depuis le début de sa carrière. C’est pourquoi MBilli jouera de prudence.

« Je devrai aborder le combat le plus intelligemment possible en ayant un bon jab et en restant concentré du début à la fin, a expliqué le Français. L’objectif, c’est de lui faire payer chacune de ses erreurs. Mais il n’y aura aucune raison de se précipiter, car c’est un athlète d’expérience. »

Le promoteur Camille Estephan espère que la prestation de son protégé – mis sous contrat en septembre – lui permettra ensuite de mettre de la pression sur les organismes de sanctions et les réseaux de télévision afin que son nom soit évoqué pour un duel de championnat du monde. « Christian est prêt pour les Ligues majeures et les titres [mondiaux] », a d’ailleurs lancé Estephan.

David Lemieux prépare un retour sur le ring

Lemieux rêve toujours à « Canelo »

Après des débuts modestes chez les super-moyens pendant lesquels il avait visité deux fois le plancher avant de l’emporter par décision partagée, Lemieux n’a fait qu’une bouchée de Francy Ntetu en octobre dernier à Shawinigan. En affrontant Talarek, qui mesure six pieds et un pouce, il veut démontrer une fois pour toutes qu’il est de calibre pour rivaliser avec l’élite de la division.

« Quand j’arrive et que j’interpelle [Saul] "Canelo" [Alvarez], je dois absolument mettre une marque sur un gars comme Talarek, a reconnu Lemieux. Il possède de grands bras et est capable de me donner certaines difficultés, mais je m’attends à livrer une belle performance le 17 avril.

« Comme Christian l’a dit, nous avons une belle équipe autour de nous. Oui, nous vivons une situation qui n’est pas normale, mais nous devons nous adapter. Je veux "Canelo" et ça prend des combats comme celui contre Talarek pour y arriver. Il faut également que je reste actif. »

Talarek a peut-être subi 13 défaites depuis le début de sa carrière, mais n’a été arrêté qu’une fois – par l’ancien champion des super-mi-moyens Liam Smith en mars 2015. Il s’est aussi déjà incliné face à l’ex-champion intérimaire des super-moyens de la WBA John Ryder dans le passé.

« Depuis mon combat contre Ntetu, je n’ai pas lâché l’entraînement, a continué Lemieux. Je m’attends à une grosse année et c’est pourquoi je veux épater la galerie. Mon premier combat à 168 livres contre [Maksym Bursak] a été difficile, mais c’est le genre de combat dont j’avais besoin. Il m’a surtout permis d’enlever la rouille et toute mon équipe a été compréhensive. »

À la différence de MBilli, Lemieux pourra compter sur la présence de Ramsay dans son coin le soir du combat, mais il aura certainement fort à faire pour attirer l’attention de « Canelo », qui affrontera Avni Yildirim le 27 février et fort possiblement par la suite Billy Joe Saunders en mai.

Un report pour Makhmudov?

Le prochain combat d’Arslanbek Makhmudov pourrait finalement ne pas être présenté le 20 mars à Forth Worth, au Texas, comme cela avait été pourtant annoncé. Makhmudov est en effet toujours à la recherche d’un adversaire à la suite du désistement de l’Américain Alonzo Butler.

Cela pourrait cependant s’avérer un mal pour un bien, étant donné qu’il pourrait compter sur la présence de Ramsay dans son coin si son duel est retardé d’une semaine ou deux comme l’a suggéré Estephan. Rappelons que Makhmudov devait se battre la même journée que Beterbiev.

Estephan n’a pas précisé si Makhmudov se battra toujours sur DAZN comme cela était prévu.