MONTRÉAL - La dernière fois que Schiller Hyppolite s’est battu au Centre Bell en novembre 2012, il était loin de se douter qu’il n’y remettrait les pieds que deux ans plus tard.

Battu par Francy Ntetu en sous-carte du combat entre Lucian Bute et Denis Grachev, le Montréalais a dû refaire ses classes dans des amphithéâtres beaucoup plus modestes.
 

Mais huit combats qu’il a tous remportés, dont sept avant la limite, plus tard, Hyppolite rentrera par la grande porte avec la possibilité d’un combat de championnat qui pointe à l’horizon.

« Sa défaite a remis beaucoup de choses en question. Son attitude a beaucoup changé, reconnaissait son entraîneur Jean-François Bergeron en entrevue plus tôt cette semaine. Ç’a toujours été un gars qui travaillait très fort, mais il est maintenant capable de se concentrer. »

Aujourd’hui, Hyppolite pointe dans le top-15 du classement de la IBF chez les poids super-moyens et il aura l’occasion d’ajouter la ceinture internationale d’argent des mi-lourds du WBC, alors qu’il affrontera le Hongrois Norbert Nemesapati en demi-finale de Pascal-Bolonti.

« C’est un gars qui possède une bonne claque, mais qui ne tombe pas, explique Hyppolite. Mais je possède l’intelligence du ring et la vitesse. Et ça, ça va toujours l’emporter sur les muscles. »

« Nous l’avons vu à la télévision contre un Américain et nous pensions qu’il allait l’emporter par knock-out au premier round, continue Bergeron. Il a disputé son dernier combat en octobre, c’est donc dire qu’il est en forme, et il ne peut que s’être amélioré avec le temps. »

L’influence de Cloud et Golovkin

Même s’il profitait d’un encadrement idéal au Complexe sportif Claude-Robillard, où il avait notamment la chance de côtoyer Bute quotidiennement, c’est en allant mettre les gants avec d’autres champions du monde que le déclic s’est réellement produit dans la tête de Hyppolite.

Peu de temps après sa défaite devant Ntetu, Hyppolite s’est ainsi retrouvé dans le même ring que l’ancien détenteur du titre des mi-lourds de la IBF Tavoris Cloud et surtout celui de l’actuel super champion des moyens de la WBA Gennady Golovkin. L’effet a été immédiat.

« J’ai appris que j’étais doué. À ce moment-là, je n’étais pas vraiment certain si je ne devais pas juste retourner aux études, confie Hyppolite. Ç’a confirmé que j’avais ma place dans la boxe. »

« Avec Cloud et Golovkin, il a réalisé qu’il pouvait rivaliser avec l’un et se débrouiller avec l’autre, renchérit Bergeron. Il a été tellement bon que l’équipe de Golovkin lui a demandé de rester une semaine de plus avec eux. Ç’a envoyé le signal à Schiller qu’il était talentueux. »

Sans trop s’emballer, Bergeron et Hyppolite espèrent qu’un combat de championnat du monde - chez les super-moyens ou les mi-lourds - se concrétisera d’ici deux ans. Il reste encore évidemment énormément de travail à faire, mais pas tant selon les principaux intéressés.

« Le potentiel est là et lorsque l’opportunité se présentera, Schiller aura une vraie chance de gagner, pense Bergeron. Il y a plein de petits facteurs qui déterminent si un gars devient champion ou pas. Mais Schiller ne lésine pas sur l’entraînement et il aime la boxe. »

« J’ai toujours voulu être champion chez les super-moyens, conclut Hyppolite. Même quand j’étais un jeune boxeur maigrichon dans les rangs amateurs, je regardais Roy Jones fils et c’est exactement dans la même catégorie que je voulais être champion. »