MONTRÉAL - Aussi incroyable que ça puisse paraître, Artur Beterbiev pourrait dépasser le total de 11 rounds qu’affiche son compteur professionnel lors de son prochain et audacieux combat contre Tavoris Cloud le 27 septembre.

Le puissant cogneur russe était débarqué en sol canadien en insistant sur le fait que sa progression devait s’effectuer rapidement. Malgré cet avertissement, son entraîneur Marc Ramsay a admis, jeudi en conférence de presse, que cette évolution s’était déroulée encore plus vite qu’il n’aurait pu l’imaginer.

Tout de même, tous les intervenants impliqués dans la carrière du boxeur de 29 ans admettent qu’il s’agit d’un affrontement fort audacieux puisque Cloud demeurait invaincu avant de subir deux revers d’affilée face à Adonis Stevenson et Bernard Hopkins. 

« Quand on parle d’un boxeur qui possède une expérience de cinq combats professionnels qui se battra contre Cloud, la planète boxe entière a envie de voir cela ! Je félicite Yvon ainsi que son équipe pour leur audace et je suis certain que leur coup est bien calculé », a souligné Stéphan Larouche avec son chapeau d’amateur de boxe.

Le portrait de ce qui attend le bachelier en droit n’est pas complet, il faut mentionner que Cloud cumule 130 rounds professionnels et qu’il ne se retrouve pratiquement jamais au tapis. Ainsi, tout semble assurer que Beterbiev devra franchir le quatrième round pour la première fois et qu’il risque d’en découdre pendant 12 assauts.

Ce contexte pourrait en effrayer plusieurs, mais Beterbiev s’est gonflé une montgolfière de confiance avec son illustre carrière chez les amateurs durant laquelle il a vaincu plusieurs coriaces opposants.

« Je suis prêt pour le combat et je vais travailler fort pour remporter la victoire », a pris la peine de mentionner Beterbiev en français avant de procéder aux entrevues grâce aux traductions de sa gérante.

Les amateurs n’auront pas oublié que Cloud devait, à l’origine, croiser le fer contre Jean Pascal – qui ne cesse de lancer des flèches vers Adonis Stevenson sur les réseaux sociaux – si bien que l’Américain arrivera avec la conviction de renouer avec la victoire.

« Cloud pense qu’on lui fait un cadeau avec ce combat pour qu’il retrouve le chemin victorieux, c’est pour cela qu’il a accepté », a noté Bernard Barré, le vice-président opérations et recrutement du Groupe Yvon Michel.

Outre Beterbiev lui-même, Ramsay s’avère le mieux placé pour juger de la capacité de son poulain à relever un tel défi. En plus d’être épaté par son développement, l’entraîneur peut le comparer à ses deux autres boxeurs de renom de la catégorie des mi-lourds : Pascal et Eleider Alvarez.

« Vous pouvez compter sur moi, il a tout ce qu’il faut pour rivaliser avec les meilleurs », a assuré Ramsay. « Je peux voir ce qu’Artur accomplit contre ces boxeurs de ce niveau au gymnase et nous n’avons plus de doutes qu’il peut battre les meilleurs de la division dès maintenant. » 

Tout de même, malgré sa feuille de route garnie comme entraîneur, Ramsay avoue que ce combat constitue un contexte hors du commun considérant le niveau d’expérience diamétralement opposé des athlètes.

« C’est vrai, c’est très particulier. C’est la première fois que je vais vivre un affrontement comme celui-ci », a reconnu celui qui préparera Beterbiev avec trois partenaires d’entraînement dont Pascal.

Une explosion à prévoir dans l’arène

En tant que promoteur, Yvon Michel voulait également être rassuré avant d’opposer Beterbiev à un tel cogneur.

Marc Ramsay, Anna Reva et Artur Beterbiev« Je dois me fier à Marc qui a fait les tests requis à l’entraînement. J’ai posé cette question et ils m’ont répondu qu’il possède ce qu’il faut », a indiqué Michel en avouant que le passé démontre que les boxeurs moins expérimentés frappent souvent un mur quand ils visent haut sans tarder.

« Ce n’est pas arrivé souvent et on dénote plus d’échecs que de réussites, mais nous sommes confiants qu’Artur est aussi prêt qu’on le croit », a lancé Michel en rappelant l’exemple de Leon Spinks qui avait battu Muhammad Ali à son huitième combat.

De plus, Beterbiev agira comme la vedette de ce gala ce qui implique de gérer la pression d’une foule affamée de spectacle pour la finale.

« La beauté de la chose, c’est qu’il a déjà connu des environnements intimidants comme c’était le cas avec Jean. Dans sa carrière, Artur a déjà battu un Italien aux Championnats du monde qui étaient présentés à Milan devant 20 000 personnes. Bien sûr, le côté médiatique sera plus présent cette fois, mais je ne suis pas inquiet avec son profil psychologique », a répliqué Ramsay à propos de celui dont la conjointe vient d’accoucher du troisième enfant du couple.

Dans l’univers de la boxe, on entend fréquemment que ce sont les styles des boxeurs qui produisent des combats mémorables. À ce propos, les dirigeants de GYM sont persuadés que le duel ravira le public.

« Artur gère bien la pression grâce à sa carrière au niveau amateur et il n’est pas impressionné par Cloud même que son style assez statique lui convient. En se fiant sur leur façon de boxer, on peut prévoir des flammèches dès le départ », a avancé Barré en admettant que Cloud voudra pousser Beterbiev dans les terres inconnues des derniers rounds éprouvants.

« J’ai su ce que je devais faire contre Cloud dès que j’ai regardé des images de ses combats. Je ne suis pas nerveux à l’approche de cet affrontement en raison de mon bagage de plus de 300 duels amateurs », a déclaré Beterbiev qui habite Laval depuis plus d’un an.

Des boxeurs prometteurs en sous-carte 

Pour orchestrer ce gala qui sera présenté dans une configuration maximale de 4000 spectateurs au Centre Bell, les promoteurs québécois ont poursuivi sur leur lancée en unissant leurs forces compensant pour le retrait du réseau de télévision Showtime. Ainsi, GYM organisera cette soirée en collaboration avec InterBox et Eye of the Tiger Management sans oublier la présence d’un boxeur représenté par l’ancien champion Otis Grant.

Dans ce sens, la sous-carte impliquera des boxeurs de ces différentes écuries. La demi-finale mettra en valeur Dierry Jean (dans la catégorie des 135 livres), Antonin Décarie, Kevin Bizier, Yves Ulysse fils, Eric Bazinian et Steven Butler.

Les amateurs pourront donc observer plusieurs belligérants prometteurs alors que Jean veut prouver qu’il mérite une autre chance en championnat du monde tandis qu’Ulysse, Bazinian et Butler s’attirent une multitude d’éloges. Cependant, à un mois de la soirée, les organisateurs doivent encore dénicher quatre adversaires pour Bizier, Ulysse, Bazinian et Butler.

Notons que cet événement sera précédé par celui du 23 septembre au Casino de Montréal.