MONTRÉAL – La stupéfaction et le mécontentement se lisaient sur tous les visages de ceux et celles qui ont été témoins de la défaite surprise d’Yves Ulysse fils devant Steve Claggett en finale du gala d’Eye of the Tiger Management et InterBox qui a été présenté vendredi soir au MTelus.

Largement favori pour l’emporter, le Montréalais s’est incliné par décision partagée (97-93, 97-93 et 94-96), alors que la plupart des observateurs le donnaient gagnant. RDS.ca avait une carte de 97-93 en sa faveur, lui qui semblait avoir placé les coups les plus précis pendant tout le combat.

« Honnêtement, j’ai vu une victoire pour Ulysse, a lâché un Camille Estephan dubitatif aux journalistes dans les instants qui ont suivi l’annonce du verdict controversé. Nous devons l’accepter, nous allons regarder la vidéo, mais dans ma tête, c’était clair qu’Ulysse avait gagné.

« Une défaite sur sa fiche, c’est une défaite sur sa fiche et nous ne pouvons pas changer cela. Il a tout ce qu’il faut pour être champion et nous n’allons pas abandonner, parce que nous n’avons jamais abandonné personne. C’est malheureux que les juges aient vu le combat comme cela. »

La carte du combat Ulysse-ClaggettEn regardant les trois cartes remises par Sylvain Leblanc, Tony Lundy et Kevin Morgan de plus près, il est possible de constater qu’ils n’ont vu que trois rounds – les quatrième, sixième et huitième – de la même façon et en extrapolant un peu, il est également possible d’affirmer qu’Ulysse a obtenu la faveur d’au moins un juge lors de huit des dix rounds de l’affrontement.

« C’était un combat très serré, tout est une question de perspective, a expliqué Glaggett après sa victoire. Il y a des juges qui aiment mieux l’agresseur et c’est ce que j’ai été pendant tout le combat. Les gens réagissaient beaucoup aux coups d’Ulysse, mais il ne m’a jamais ébranlé.

« C’est le genre de combat qui peut aller d’un côté comme de l’autre et je suis prêt à lui accorder une revanche, car j’ai déjà été du mauvais côté. Mais pour être honnête, je crois que je l’emporterais plutôt facilement. Ulysse n’est pas du tout à l’aise quand il se bat à l’intérieur. »

« Je me suis battu dans une cabine téléphonique et ce n’est pas mon style, s’est défendu Ulysse. Mais je n’ai pas l’intention de trouver d’excuses. J’ai perdu et je l’accepte. C’est un petit pas de recul, mais je vais revenir encore plus fort. C’est en faisant des erreurs que nous apprenons. »

Ce revers mettra évidemment un frein aux ambitions du boxeur et de son promoteur à très court terme en plus, étant donné qu’un contrat à venir avec le réseau américain HBO lui a filé entre les doigts, comme cela avait été exactement le cas pour David Lemieux à la suite de sa défaite devant Marco Antonio Rubio en combat éliminatoire des poids moyens du WBC en 2011.

Ensuite, en ne mettant pas la main sur le titre nord-américain des poids super-légers de l’IBF, Ulysse n’aura pas la chance de percer le top-15 du classement de l’organisme de sanction basé au New Jersey. Plus tôt cette semaine, Estephan avait dit qu’il avait déjà ciblé des adversaires en vue d’éventuels combats qui permettraient à son protégé de gravir tranquillement les échelons.

Pour le moment, il est pratiquement acquis qu’Ulysse ne sera pas de la sous-carte du gala du 16 décembre à la Place Bell, puisqu’il vient de disputer un éreintant combat que 10 rounds et que son équipe souhaitera assurément lui donner du temps afin qu’il se remette de ses émotions.

Quant à Clagget, il espère avoir l’occasion de poursuivre sur sa lancée, même s’il reconnaît que son combat contre Ulysse a loin d’avoir été parfait. Il a aussi demandé aux journalistes d’écrire qu’il n’avait jamais insulté la mère de son rival comme ce dernier le prétendait en conférence de presse mercredi. « Il y a des choses qui se disent dans le feu de l’action, mais pas ça », a-t-il juré.

Butler veut faire tomber Cook plus vite qu’Ortiz

Si Estephan acceptait difficilement le verdict rendu par les juges à la suite du choc entente Ulysse et Claggett, il se réjouissait par contre du travail effectué par Steven Butler contre Silverio Ortiz. Le Montréalais disputait un deuxième combat depuis sa défaite face à Brandon Cook en janvier plus tôt cette année, une situation qui n’est pas sans rappeler celle vécue par Ulysse hier soir.

Butler a battu Ortiz par knock-out technique au 8e round, le vétéran boxeur mexicain n’ayant alors été arrêté avant la limite qu’à 5 reprises en 56 sorties depuis le début de sa carrière. Plus intéressant encore, Butler était en avance 70-61, 70-61 et 69-62 au moment de l’interruption.

« Steven a démontré qu’il peut boxer contre n’importe qui et surtout qu’il peut knockouter n’importe qui, a analysé le promoteur. Ortiz a affronté tout le monde ces dernières années. »

Cela dit, Butler a néanmoins paru éteint pendant une bonne partie du combat, ses coups ne semblant pas avoir la moindre intensité. Son adversaire l’a atteint à de nombreuses reprises pendant le duel et c’est qu’au huitième et dernier round que Butler a été réellement dominant.

« J’ai été en contrôle à 100 pour cent pendant le combat. Je n’ai pas ressenti la moindre fatigue, a répondu Butler après son gain. Mais il faut reconnaître qu’il était tough et de toute façon, il faut s’attendre à ça plus nous nous approchons du top. C’est le combat que nous envisagions.

Butler aimerait maintenant obtenir la chance de venger sa défaite contre Cook, mais a reconnu qu’il sera difficile de la faire à court terme, car l’Ontarien a déjà une sortie prévue en décembre. Février serait visé et Butler a assuré que ce dernier allait « tomber encore plus vite qu’Ortiz ».